Catholiques, protestants, on ne parle pas le même langage. En règle générale, ces différences d’expression sont pour moi une richesse, parler différentes langues, s’adresser à différentes sensibilités, c’est toucher un maximum de gens.Mais des fois, ça embrouille un peu les choses.
Il y a 15 jours, j’ai reçu un appel de l’abbé de la communauté du Bec Hellouin. « Bonjour Mr le pasteur, nous aimerions savoir s’il vous serait possible de participer à une réunion œcuménique le mercredi 16 novembre - Le 16 novembre, cela va être difficile : j’ai une réunion en soirée à Evreux –Vous savez, notre réunion est de 18h à 19h. Au fait, est ce que vous accepteriez de nous commenter la bible ?je vous faxe les textes – Bon, ça marche mais je repartirais très vite… »
Mercredi 16 novembre, 17h50, j’arrive au Bec Hellouin. Pour moi, une réunion, c’est juste quelques moines et moi autour d’une table en train de préparer la semaine de l’unité., donc je suis en civil, jean, chemise, pull, veste en cuir.
Premier constat, l’abbaye Notre Dame du Bec Hellouin, c’est vaste, pas très bien éclairé et pas vraiment fléché… Bref je tourne un bon quart d’heure dans son enceinte, en commençant à désespérer de trouver le lieu de la réunion. Enfin, je vois se garer une voiture.
Sauvé ! D’autres retardataires… (eh oui, maintenant, je suis en retard).
Je les suis et débarque après eux dans la chapelle. Tu parles d’une « petite réunion » ! C’est l’office des vêpres avec des représentants de congrégations religieuses de toute la France (la Confédération Française Cistercienne), des orthodoxes et des anglicans… Eh bien sûr, ils sont tous en grand uniforme. Et moi, j’arrive la dedans, au beau milieu d’un chant, en jeans et veste en cuir élimée, encore essoufflé par mon errance dans l’abbaye… Et comme il se doit, l’abbé me repère et m’invite avec un bon sourire à rejoindre les officiants sur le devant de la scène… Je crois que ma robe pastorale ne m’a jamais autant manqué (et pourtant, Dieu sait si je peux m’en passer)
A part ça, malgré tout mon mauvais esprit parpaillot, je dois reconnaître que la célébration était belle et l’accueil chaleureux. J’ai regretté de devoir me sauver presque comme un voleur à l’issue des vêpres…
Plus tard, je donnerais un avis un peu plus profond sur l’œcuménisme et peut-être aussi le monachisme…