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Faut-il accepter le salut ?

A la suite de Dangereuse miséricorde, note dans laquelle j'affirmais (une fois de plus) ma foi en l'absolu gratuité de l'amour et du salut de Dieu, Frédérique me faisait la remarque qu'il fallait tout de même accepter cet amour et ce salut. C'est une compréhension que l'on trouve aussi bien dans le protestantisme que dans le catholicisme (preuve que nos divergences sont ecclésiologiques plutôt que théologiques).
  
Le salut peut se comprendre de 2 manières : eschatologique (l'homme est sauvé à la fin des temps) et existentiel (le salut se reçoit et se vit au coeur d'une vie). À noter que ces deux lectures ne sont pas forcément contradictoires, au contraire elles correspondent très bien à la tension du Royaume de Dieu entre "déjà là" et "pas encore".
Pour le salut eschatologique, je ne crois pas du tout que la volonté de l'humain, son acceptation entre en ligne de compte. Tout simplement parce que ce serait soumettre la volonté de Dieu à la volonté humaine. Même Augustin qui est en quelque sorte l'inventeur du libre arbitre limite fortement le rôle de celui-ci dans le salut.
Pour le salut existentiel, je reconnais que les choses sont plus floues. Il est évident que je puis résister et lutter de toute mes forces contre ce Dieu qui veut me saisir, soit parce que je veux rester dans mon mal-être, soit parce que je refuse ce dépouillement de moi-même qu'est la grâce (par excès d'abaissement ou par excès d'orgueil, donc). Et il m'arrive souvent de triompher dans cette lutte, de me complaire dans la captivité de moi-même et de rejeter cette libération que Dieu m'offre. Cela signifie-t-il qu'à d'autres moments, je l'accepte de mon plein gré ? Ou bien Dieu me donne-t-il même d'accepter sa grâce. Ici, chaque réponse est problèmatique. Si je dis que Dieu me donne d'accepter, alors cela signifie-t-il qu'il refuse ce don à d'autres ? Et si au contraire, j'affirme que mon "oui" à Dieu vient de moi, Dieu n'est-il pas assujetti à l'homme et par voie de conséquence les non croyants ne sont-ils pas inexcusables ? Il ne peut pas y avoir de réponse définitive à ce débat de la grâce, seulement une mise en interrogation constante. Mais c'est comme ça que je comprend la théologie, un questionnement perpétuel de nos réponses.

P.S. Frédérique a depuis précisé sa pensée de manière très belle et très riche, je vous encourage vivement à aller lire ses derniers commentaires sur Dangereuse miséricorde.

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À propos
Eric George

Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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F
Quel beau témoignage !! Bonne journée à tous !
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E
Le commentaire de Davy ne voulant décidément pas passer, il me l'a envoyé par e-mail : <br /> bonjour,votre question est intéressante. Le salut, à mon sens, est à la fois existentiel et eschatoligique. Il est existentiel pour ceux qui ont reçu la grâce, mais voir une injustice dans le fait que certains ne l'ont pas est, je crois, faux. Jesus s'est bien sacrifié pour tous les humains, quels qu'ils soient. Pour ma part, je ne méritais absolument pas la foi, et je ne la recherchais pas du tout. Je me sens un peu comme le pauvre paul, l'ennemi des chrétiens, qui tout d'un coup tombe de cheval. La foi, ca m'est véritablement tombé dessus. Le fait que certains la cherchent sans la trouver ou que tout bêtement ils passent leurs vies sans se poser de questions et ne reçoivent pas la grâce n'est pas une injustice. Dur a comprendre avec nos regards humains, mais Dieu l'a prouvé, je crois, il n'est pas injuste. Ces hommes ne sont pas pour autant perdus, loin de là. Il y a encore le salut eschatologique, promis, qui finira donc par arriver ( oui oui, je crois que Dieu tient ses promesse! s ), et avant cela, qui nous dit que ces gens, même quelques fractions de secondes avant leur déces, ne l'ont pas reçu, eux aussi ?Je reviens sur mon propre cas, seul dont je puisse parler. Je n'ai donc pas voulu devenir chrétien. Cela s'est imposé à moi. Au quotidien, cela m'a posé plus de problèmes que de solutions ! J'en remercie Dieu aujourd'hui, mais cela n'a pas toujours été le cas. Parfois, j'oublie, mais il se rappelle toujours à moi, par ma conscience, ou d'autres manières, il est vraiment imprévisible, et je ne comprend ce qu'il veut qu'une fois que c'est fait... décidément, on a du mal à se comprendre, mais je le suis, et j'essaie de lui faire confiance. Je souhaite à tous de recevoir cette grâce, mais je ne crois pas que le royaume de Dieu soit arrivé, ni même que nous puissions le faire arriver, comme le croient certains. Dieu est Dieu, et il est juste, alors laissons le faire, nous verrons bien. Je suis également réformé, et je tenais à signaler au pasteur que vous êtes mon regret, parfois, de trop de théologie qui se perd dans un savant savoir, alors que Dieu ne s'est fait connaître qu'à des fermiers et des paysannes, ou à des mécréants... il est dommage de parfois l'oublier et d'ériger finalement des dogmes non officiels que nous nous empressons de critiquer chez les autres des qu'ils sont officiels... voilà, désolé pour la longueur du commentaire !
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E
Davy, il me semble que nos compréhensions du salut sont très proches, de même que l'idée de cette foi que nous n'avons pas choisie d'avoir...Pour la théologie, vous dénoncez des attitudes qu'on trouve effectivement chez les pasteurs (et je fais assurément partie du lot). Cependant, si Jésus s'est effectivement adressé à des gens simples, il ne s'est jamais privé de les forcer à réflechir, ni de bousculer leurs certitudes, c'est d'ailleurs tout l'intérêt des paraboles : exprimer avec un langage simple et imagé des modification profonde de la pensée, obliger l'auditoire à se déplacer. Bref, il me parait justifié de critiquer notre patois de Canaan ou notre académisme, mais la démarche théologique a sa place dans une vie de foi et elle n'est certainement pas réservée à une élite intellectuelle et savante...
K
Que veut dire ecclésiologique ?
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E
Ecclesiologique : qui concerne l'Eglise. Ce que je voulais dire c'est que catholiques et protestants diffèrent bien plus par leur compréhension de l'Eglise que par leur discours sur Dieu.Décidément, je n'arrive plus à me défaire du patois de Canaan