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Le droit de la guerre

Un petit extrait de la réflexion de notre dernier café biblique sur la guerre juste...

Quand tu te présenteras devant une ville pour l’attaquer, tu lui proposeras la paix. Si elle accepte ta paix et t’ouvre ses portes, tout le peuple qui s’y trouve sera astreint pour toi à la corvée ; ils seront tes esclaves. Si elle ne fait pas la paix avec toi, si elle te fait la guerre, alors tu l’assiégeras ; le SEIGNEUR, ton Dieu, te la livrera ; tu passeras toute sa population mâle au fil de l’épée. Les femmes, les familles, les bêtes, tout ce qui sera dans la ville, tout son butin, tu le pilleras et tu mangeras le butin pris sur tes ennemis, celui que le SEIGNEUR, ton Dieu, t’aura donné. C’est ainsi que tu agiras à l’égard de toutes les villes qui sont très éloignées de toi et qui ne font pas partie des villes de ces nations–ci. Mais dans les villes de ces peuples que le SEIGNEUR, ton Dieu, te donne comme patrimoine, tu ne laisseras la vie à rien de ce qui respire. Tu frapperas d’anathème les Hittites, les Amorites, les Cananéens, les Perizzites, les Hivvites et les Jébusites, comme le SEIGNEUR, ton Dieu, te l’a ordonné, afin qu’ils ne vous apprennent pas à imiter toutes les abominations qu’ils font pour leurs dieux et à pécher contre le SEIGNEUR, votre Dieu. Si tu assièges longtemps une ville pour l’attaquer et la prendre, tu ne détruiras pas les arbres en y brandissant la hache ; tu t’en nourriras et tu ne les couperas pas : l’arbre des champs est–il un homme pour que tu l’assièges ? Mais tu pourras détruire, couper les arbres dont tu sauras qu’ils ne servent pas à la nourriture, et bâtir avec eux des ouvrages de siège contre la ville qui te fait la guerre, jusqu’à ce qu’elle tombe.
(Deutéronome XX, 10 à 20)
Lorsque tu pars en guerre contre tes ennemis, que le SEIGNEUR te les livre et que tu fais des captifs, si tu vois parmi les captives une belle femme, que tu t’éprennes d’elle et que tu la prennes pour femme, alors tu l’amèneras dans ta maison. Elle se rasera la tête et se coupera les ongles, elle quittera son manteau de captive, elle habitera chez toi et pleurera son père et sa mère pendant un mois. Après cela, tu iras avec elle, tu l’épouseras et elle sera ta femme. Si elle cesse de te plaire, tu la laisseras aller où elle voudra ; tu ne pourras pas la vendre pour de l’argent ni la réduire en esclavage, parce que tu auras abusé d’elle.
(Deutéronome XXI, 10 à 14)

On peut s’étonner ou s’indigner du peu de place que la Bible laisse au droit de la guerre et plus encore de certains récits guerriers qui n’ont rien à voir avec des gestes chevaleresques, n’accordent pas beaucoup d’importance à l’honneur et n’invitent pas vraiment les vainqueurs à se montrer magnanimes ou miséricordieux avec les vaincus : Moïse vouant les madianites à l’interdit (Nombres XXXI), le meurtre de Sisera par Yaël en sont des exemples célèbres. Il est donc aisé de pointer la violence de cette époque barbare ou de fulminer contre la Bible qui, comme toutes les religions, conduit l’homme à la violence…
Mais, je vois malgré tout un aspect positif à la description de ces crimes de guerre et au refus de légiférer sur la guerre. Au moins, la Bible peint la guerre telle qu’elle est. Elle ne se cantonne pas à parler de hauts fait guerrier, accomplis avec héroïsme sur le champs de bataille. Elle n’essaye pas de nous faire croire que la guerre est une affaire d’honneur entre des ennemis valeureux qui se haïssent mais s’estiment. Elle nous dépeint la guerre telle qu’elle est, en nous racontant le champ de bataille, lieu de courage et d’effroi mais en nous parlant aussi de la mise à mort du vaincu, du sort des civils, du massacre des innocents. La Bible ne légifère pas sur la guerre parce qu’une telle législation n’est jamais qu’une fumisterie, certainement honorable et conduite par les meilleures intentions, mais une fumisterie malgré tout qui a pour but de donner à la guerre un vernis de civilisation, de faire croire à une guerre propre. Or, il n’y a pas de guerre propre, il n’y a pas de guerre mesurée. La guerre est toujours un temps de non droit, un temps de meurtre de masse, et aucune convention, fût-elle genevoise, n’empêchera cela. Aucun arbitrage humain n’empêchera jamais que les populations civiles soient victimes des guerres. On peut certes reprocher à al Bible la violence de son récit, mais au moins, on ne peut pas l’accuser, dans sa description de la guerre, d’édulcorer la réalité. La Bible se refuse d’idéaliser la guerre en aucune façon parce que l’idéal serait qu’il n’y ait pas de guerre. Parce que placer l’homme face à la guerre dans toute son abjection c’est peut-être le meilleur moyen de lui rappeler l’urgence de mettre fin à toute les guerres… Peindre la violence telle qu’elle est, c’est refuser de la célébrer…

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À propos
Eric George

Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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D
Le commentaire précédent est pour votre dernier article.<br /> Certes vous dites vrai, mais la guerre que les juifs font dans le texte est une guerre qui est expliquée pour être l'exemple de celle que doivent faire les juifs. C'est la guerre sainte, et tout ce qui est saint est armé d'épée généralement et lié a l'aspect guerrier plutôt que militaire, dont les humains et les dieux. Les saints qui sont humains et n'auraient jamais été armé, sont des saints parce qu'ils auraient de toutes évidences défendus l'idée et les actes de la guerre sainte s'il fallait la mener.
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