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Menorah

chandelier-a-7-branche.JPGPrédication du dimanche 05 décembre 2010

Exode XXV, 31 à 40

I Corinthiens III 16-17

Matthieu V 1 à 16

 

Avec la description du mobilier du sanctuaire, notre parcours du livre de l’Exode nous plonge à présent dans ce lieu « mis à part » (c’est la signification de sanctifié) ; le lieu qui, dans la Tente de la rencontre, puis dans le Temple, est coupé du reste, plongé dans une obscurité totale. Et c’est dans cette obscurité que brille, en permanence, le candélabre, en hébreux : la ménorah : « là d’où provient la lumière ».

Et ce symbole du candélabre va nous permettre de comprendre toute la portée de l’affirmation de Paul : vous êtes le temple de Dieu. En effet, en gardant cette phrase en tête, nous comprendrons tout ce que nous dit la Menorah.

 

Vous êtes le temple de Dieu. Paul affirme ainsi que c’est à présent dans l’Eglise que Dieu rencontre le monde. Bien sûr, il ne s’agit pas d’une Eglise en particulier, ce n’est pas l’Eglise catholique romaine, ce n’est pas non plus notre Eglise réformée de France, ni le protestantisme, ni même le rassemblement de toutes ces Eglises, ni aucune institution humaine. Mais ce n’est pas non plus une Eglise idéalisée et, en fait, inexistante. C’est le rassemblement de tous les hommes et les femmes que Dieu appelle à lui, des hommes et des femmes au nombre duquel nous sommes, imparfaits, pleins de révolte, pleins de doutes, mais pourtant sanctifiés, mis à part, choisis pour être le lieu où Dieu rencontre le monde. Vous êtes le temple de Dieu. Déclaration incroyable pour nous tous et réfléchir sur la Menorah va nous la rendre encore plus folle encore.

 

Une lumière brille en permanence au cœur des ténèbres, c’est un symbole évident. Peut-être trop évident même, un peu galvaudé. « Oui, tout va mal, mais il y a encore un espoir, il y a toujours une lumière qui brille dans les ténèbres. » C’est beau, c’est sans doute souvent vrai, mais c’est tellement facile à dire.

Mais ici, il ne s’agit pas de cela, il ne s’agit pas d’une petite flamme qui brille dans les ténèbres. Le chandelier a 7 branches, sept, c'est-à-dire un cycle complet, sept, c'est-à-dire tout. C’est TOUTE la lumière qui brille au cœur du sanctuaire. C’est à la fois merveilleux, incroyable et  vertigineux.

C’est merveilleux, parce qu’alors même que nous nous sentons perdus, alors même qu’une toute petite lueur nous paraîtrait déjà immense, c’est TOUTE la lumière qui vient à nous.

Mais c’est incroyable parce que, si nous sommes près à admettre que malgré les ténèbres, brille encore une faible lueur d’espoir, qu’il y a des traces de l’action de Dieu dans notre monde, dans notre temps, comment, en revanche, pourrions-nous avaler que c’est TOUTE la lumière qui est présente dans nos ténèbres ? Dans cette Eglise qu’il met à part, qu’il suscite, Dieu se rend tout entier présent au monde et c’est dans notre obscurité, dans notre faiblesse, dans notre révolte même qu’il est présent.

C’est vertigineux car cela signifie que nous n’avons pas d’autres lumières à aller chercher, à espérer que cette bonne nouvelle de Jésus Christ, cette affirmation de la présence de Dieu. C’est d’abord notre fausse modestie qui s’insurge : « comment pourrions nous prétendre que Dieu tout entier réside en nous ? Quelle horreur ! » C’est oublier que cette présence de Dieu en nous ne dépend absolument pas de nous, qu’elle n’est certainement pas due à nos mérites et qu’elle ne nous confère aucune supériorité. 

Et puis, agir vraiment en conséquence, signifierait, pour nos Eglises, arrêter de chercher d’autres lumières, ne pas céder à la tentation constante de nous appuyer sur notre raison, sur notre communication, sur la mode ou sur le refus de notre raison, de la communication et de la mode (car nos refus sont souvent aussi une manière de nous appuyer sur nous-mêmes…). En effet, cela nous paraît tellement impossible d’annoncer que le Dieu Tout Autre prend partie pour nous, tellement impossible d’annoncer face à toute la souffrance, que la vie a déjà triomphé, tellement impossible d’espérer être crus en proclamant un tombeau vide. Et pourtant, c’est la seule arme que Dieu nous donne. Comment n’aurions nous pas le vertige ? Dieu nous invite à ne compter que sur sa présence (juste la présence de Dieu, rien que ça), que nous avons tant de mal à discerner, pour la tâche immense à laquelle il nous convie.

Car cette présence de Dieu dans nos ténèbres est un appel et même plus qu’un appel.

 

         Nous avons évoqué la lumière, parlons maintenant de l’objet en lui-même. La menorah est dessinée comme un arbre et pas n’importe quel arbre : par ses fleurs et ses fruits, c’est un amandiers. Or dans la Bible, l’amandier, à cause de sa précocité, est le symbole du guetteur, du veilleur.

C’est à la veille que la présence de Dieu nous invite. Non pas contre quelque menace externe ou interne. Il ne s’agit pas de nous prendre pour des sentinelles morales, dont le rôle serait de prévenir nos contemporains contre les dangers qui les menacent s’ils ne suivent pas nos lumières. Que ce soit de manière conservatrice (attention à la dissolution des mœurs !) ou révolutionnaire (n’oublions pas d’accueillir le pauvre et l’étranger !), les Eglises ont trop souvent joué ce rôle, oubliant leurs propres ténèbres, et oubliant que le message dont nous sommes porteurs, s’il révèle nos ténèbres est avant tout une bonne nouvelle, un message de salut. 

Nous sommes le veilleur qui annonce à la nuit que le jour vient. Il n’est pas question de nier les ténèbres, ni de les passer sous silence, mais tout en affirmant leur réalité, contre toute apparence, contre toute raison, nous annonçons leur défaite et le triomphe de la lumière.

Mais c’est difficile et l’amandier n’est pas un arbre très malin. En effet, sans doute serait-il plus avisé de sa part d’attendre que le printemps soit bien installé pour ne pas exposer ses tendres pousses aux dernières rigueurs de l’hiver. Mais l’amandier n’est qu’un arbre, il n’a pas le choix. Et il en va de même pour nous, la présence de Dieu en nous nous pousse à annoncer et partager sa lumière, et ce, sans attendre des jours meilleurs, des conjonctures plus favorables, sans études de marché.

Et, tout comme l’amandier, ce témoignage auquel nous sommes appelé n’a rien d’une contrainte, c’est seulement l’expression de notre vie. Dieu est présent en nous. Comment cacherions nous une telle joie ?

 

Frères et sœurs, Jésus nous l’a dit « vous êtes la lumière du monde ». Si la Menorah brille toujours dans les ténèbres, Dieu la veut désormais visible et accessible à tous. Que nos actes, nos paroles disent à la face du monde l’amour de notre Dieu. C’est notre devoir, c’est notre joie, c’est notre vie. C’est le don qui nous est accordé.

 

Amen

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À propos
Eric George

Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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Commenter cet article
C
<br /> <br /> Une belle incitation à témoigner de la lumière, merci.<br /> <br /> <br /> Sinon, pour faire mauvais esprit, ci-joint un lien vers un cartoon d'un de mes auteurs préférés mettant en scène la Menorah, Captain Hannoucah et le Père Noël.  http://cereales.lapin.org/index.php?number=1948. Je vous conseille cette petite BD loufoque, vous qui semblez aussi apprécier les super héros<br /> au 2nd degré (voir votre note sur Kick Ass). <br /> <br /> <br /> Et joyeux Noël.<br /> <br /> <br /> CC<br /> <br /> <br /> <br />
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