13 Novembre 2010
L'attentat contre une église d'Irak est un choc, mais pas vraiment une surprise. Depuis un certain temps déjà, les annonces se succèdent sur les réseaux
chrétiens, nous informant de situations dramatiques. Dans plusieurs pays musulmans, les chrétiens sont persécutés, à force de vexations ou de brimades voire d’arrestation et d’exécution, par les
autorités ou par des groupuscules. Il ne s'agit pas de situations nouvelles mais plutôt d'une prise de conscience (Authueil
parle de buzz, c’est sans doute vrai mais cela n’empêche pas la réalité des faits)
Je me fais le relais de ces informations et cela me fait mal. D'abord parce que ces situations ne devraient pas exister, parce que nul ne devrait, au XXI° siècle,
être inquiété voire tué à cause de sa foi. Ensuite parce que je sais bien que ces informations sont très largement reprises par les fauteurs de haine, nostalgiques des croisades, ou rêveurs d'un
choc de civilisations.
Pourtant, si je me refuse à une généralisation excessive, si je sais bien que là encore, la religion est instrumentalisée à des fins politiques, que les facteurs
historiques et géopolitiques sont nombreux, je ne suis plus non plus assez naïf pour ne voir dans ses tragédies que les agissements d'une minorité de fanatiques.
Le problème me semble plus profondément lié à une forte revendication hégémonique, à la négation de la liberté de conscience. Il ne s'agit pas de diaboliser l'Islam, ni d'oublier que ces tentations n'épargnent pas le christianisme (notre histoire le prouve et ces tentations n'appartiennent pas seulement au passé). Il ne s'agit pas de refuser tout dialogue et de ne voir la rencontre possible que dans le fracas des armes.
Mais aucune discussion honnête ne sera jamais possible si nous ne pouvons poser aux musulmans que nous rencontrons dans nos échanges interreligieux, la question de la situation des non-musulmans en terre d'Islam, la question de la liberté de quitter l'Islam et la question de l'adéquation entre les réponses et les faits.
Je ne crois pas que l'Islam soit, plus que le christianisme, condamné à la violence, mais je crois que, comme le christianisme, il ne pourra se guérir de cette
maladie que par l'autocritique.
Je ne me sens pas le droit de décréter que la violence est constitutive de l'Islam mais je crois et je veux avoir le droit de poser la question.
PS : après un échange avec mon ami et collègue Gilles Boucomont, une précision me semble s'imposer, ce billet est rédigé sur un point de vue raisonnable et humaniste, comme une base sur le dialogue entre deux religions, le christianisme et l'Islam.
Au regard de ma foi, je ne peux que pleurer pour mes frères et soeurs victimes, prier pour la fin de cette haine et ces violence et proclamer, à cause de Jésus
Christ, mon espérance en l'Esprit de Dieu qui nous libère de ce cycle infernal.
Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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