28 Avril 2016
S’ils combattent ensemble le crime, les super-héros passent également une bonne partie de leur temps à se tatanner entre eux. D'une part, ça permet de sortir un peu du schéma : plan diabolique du méchant pour conquérir le monde, intervention du héro, épreuves, victoire finale, (à la place on a malentendu, match, réconciliation (et souvent tatannage du méchant qui a provoqué le malentendu).
D'autre part, ça permet aux fans de savoir si Thor est plus fort que le Silver Surfer, Tony Stark plus intelligent que Red Richard, Rocket Raccoon plus ridicule que Howard the Duck et Hulk plus vert que Gamora… En effet, pour que le duel ait un sens, il faut que les antagonistes boxent dans la même catégorie….
Mais parfois, pour renouveler le concept, les auteurs proposent un duel improbable : Batman vs Superman entre dans cette catégorie : à ma gauche Kal-El, alias Superman, kryptonien qui lance des laser avec ses yeux, gèle un lac de son souffle, se déplace plus vite que la lumière, à ma droite Bruce Wayne, alias Batman, humain surentraîné qui n’a pour lui que ses gadgets et sa tête de lard. Même ma femme sait que non seulement l’issue du match ne fait aucun doute mais qu’en plus ce sera rapide. Le combat Batman contre Superman, à priori, est moins long qu’un spot publicitaire… Sauf que... Enfin, je vais pas vous raconter le film
Surtout que, peut-être grâce aux critiques négatives, je l'ai bien aimé ce film malgré son côté un peu touffu et pompier et malgré un Superman qui n’a définitivement pas la présence solaire d’un Christopher Reeves.
Mais Miettes de théologie n’a toujours pas vocation à être un blog de critique de films, donc allons-y pour un peu de théologeek. Superman est clairement une figure christique : il fait tout pour s’intégrer à une humanité à laquelle il est étranger (ça s’appelle l’incarnation) et qu’il veut sauver. Au cas où ce ne serait pas assez clair, Snyder inscrit dans son film une descente de croix… Et dans ce film, Superman est confronté à deux adversaires humains.
Lex Luthor, génie du mal, devient figure d’une humanité qui ne veut pas de limite, pas de loi en dehors de la sienne propre. Celui qui , au nom de sa puissance (dans son cas précis, sa richesse et son génie) veut faire ce qu’il veut.
Mais plus intéressant, Batman, lui, est un héro, il a le soucis du plus faible, il protège la vie. Il est cette figure d’une humanité soucieuse du bien, une humanité qui veut se sauver elle-même, qui veut être juste par elle-même.
Or, dans sa lutte pour la justice, Batman rejoint Luthor dans son combat contre le Sauveur de l’humanité, exactement comme lors du procès de Jésus, les responsables religieux deviennent les alliés de l’Empire Romain. Et finalement, c’est sans doute moins en étant Lex Luthor, en me complaisant dans le mal, qu’en étant Batman, persuadé de ma justice, convaincu du bien fondé de mon combat, que je m’oppose à Jésus, un sauveur qui vient à la rencontre de l’humanité.
Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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