L'Esprit comme...
Publié le 23 Mai 2018
Prédication du 20 mai 2018 sur Actes 2, 1-13
Finalement, l’anthropomorphisme (le fait de donner des aspects humains à Dieu) a du bon : Dieu, le Fils, Jésus le Christ, on voit, sait, on connaît sa parole, on voit son action. Dieu, le Père, c’est une image qui nous parle, on comprend ce que ça veut dire, et sans forcément aller au « grand barbu sur son nuage » on voit quand même de quoi il retourne. Mais Dieu,le Saint Esprit ? Une colombe ? un coup de vent ? Comment comprendre et donc comment y croire ?
Le récit de Pentecôte nous parle de l’Esprit Saint, ou plutôt nous décrit l’action de l’Esprit Saint de trois manières différentes. Dans le récit d’Actes 2, on assiste à trois miracles, à trois signes : le vent et le feu qui disent la venue de l’Esprit, les disciples annoncent et c’est l’action de l’Esprit, les foules entendent les merveilles de Dieu, chacun dans sa langue maternelle et c’est la réception de l’Esprit. Je vais commencer par la fin
Les foules entendent dans leurs langues maternelles : la réception de l’Esprit
« Nous les entendons parler, dans nos langues, des merveilles de Dieu » en revanche, ce que le texte ne nous dit pas c’est ce que sont les merveilles de Dieu. En fait, les disciples qui annoncent ne savent même pas ce que ceux à quii ils parlent on vraiment reçu. Finalement, ce qui compte, ce n’est pas ce que les foules ont entendu, la question n’est pas de savoir si chacun a bien entendu la même chose que moi, si personne n’aurait reçu plus que moi ou moins, ce qui compte c’est que chacun ait entendu dans sa langue propre, dans sa langue maternelle, que chacun ait été touché au plus profond de son cœur.
Eh bien, vous qui aspirez à des miracles, à des signes, participez régulièrement à la vie de l’Eglise parce que ce signe de Pentecôte y est fréquent. Nous voyons souvent un frère, une sœur recevoir les merveilles de Dieu dans sa langue maternelle, être touché par une révélation, un encouragement, une consolation, une exhortation, parfois même à l’insu de celui, de celle qui a été, par ses mots, par son action, par son écoute, le vecteur de cet encouragement, de cette consolation,
Parfois, c’est un frère une sœur qui vit à côté de chez nous, et nous ne nous étonnons pas de cette foi commune, parfois c’est un frère, une sœur qui vient de loin.
Le plus souvent, nous nous en réjouissons, parfois nous sommes un peu jaloux, voire dans l’incompréhension, il nous semble que cela est factice , nous grommelons ou nous nous moquons « ils sont plein de vin doux »
Mais dans tous les cas, nous avons assisté à ce miracle, à ce signe de l’œuvre de Dieu, l’Esprit
Les disciples annoncent : l’action de l’Esprit
On ne sait pas ce que les foules entendent… Mais en fait, on ne voit pas non plus les disciples sortir. Ils sont assis ensemble en une maison et les voilà debout, dehors à annoncer les merveilles de Dieu.
Et nous, comment nous retrouvons présents à partager notre foi avec des frères et des sœurs, pensons-nous vraiment que nous pourrions donner, rationnellement toutes les causes de notre foi ? Comment nous retrouvons-nous à découvrir et à chercher dans la Bible un message pour notre vie ? Commet nous retrouvons là à pardonner une offense, à ne pas rendre le mal pour le mal, à aimer un frère, une sœur inconnu ?
Eh bien, nous voyons bien là, l’action de Dieu, l’Esprit en nous.
Le vent et le feu : la venue de l'Esprit
Et nous arrivons au troisième, ou plutôt au premier de signes de l’Esprit, à la venue de l’Esprit. Le texte ne nous racontent pas que les disciples ont entendu le vent et vu des langues de feu. Ici, un petit mot a toute son importance : «comme». Pour dire comment l’Esprit est venu sur les disciples, Luc fait ce que l’on fait souvent pour dire l’inexprimable, il utilise des images, des analogies.
« Un bruit comme celui d’un vent violent » « des langues semblables à du feu ».
Et même ces images ont quelque chose de surprenant : dans la Bible, Dieu se donne à entendre plus qu’il ne se donne à voir, il parle plus qu’il ne se montre. Mais ici, quand Dieu se fait entendre, c’est dans un son indéchiffrable, incompréhensible et c’est l’image qu’il faut lire, interprèter «comme des langues», juste avant que les disciples ne parlent… En inversant l’ouïe et la vue, Luc nous laisse dans cet indescriptible de l’Esprit, de la présence de Dieu.
Le flou
Vous avez sans doute remarqué que le point commun entre tous ces signes de l’Esprit, c’est une impression de flou. Eh bien, je crois que cette impression de flou fait pleinement partie de l’oeuvre de l’Esprit.
L’Esprit se répand sur tous les disciples, il n’y a pas de hiérarchie.
Or, dans une religion de la Parole, ceux qui parlent facilement, ceux qui ont ce don d’exposer, d’organiser leurs idées pourraient rapidement occuper le haut du panier. Mais voilà que dans ce flou, dans ce bouleversement de l’Esprit, leurs mots, leurs raisonnements se retrouvent impuissants. Tous ont le même besoin de l’Esprit, présence de Dieu.
Frères et soeurs, ce deuxième chapitre des Actes nous raconte bien plus qu’un événement vieux de 2000 ans, il nous décrit la présence de Dieu au quotidien, il nous raconte ce souffle qui chaque jour fonde l’Eglise.