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Enfants d'Abraham

Enfants d'Abraham

Croyants, enfants d'Abraham, de quels traits, de quelle mission de notre père avons nous hérité ?

Prédication du dimanche 07 octobre 2018

Genèse 1, 27 à 12, 6

 

Vous commencez donc cette année de catéchisme avec Abraham. Vous allez voir d’autres personnages de la Bible mais, à vrai dire, vous pourriez passer une année toute entière rien qu’avec lui. Et, à dire vrai, j’espère que vous ferez pas mal de chemin avec lui, parce qu’Abraham est l’ami de Dieu, le père des croyants. Le père des croyants, c’est bien sûr celui dont ils sont issus, l’ancêtre des croyants, j’en reparlerai… Mais c’est aussi l’image, celui dans lequel les croyants peuvent se retrouver (et oui, il y a parfois des traits qu’on hérite de nos parents et dont on se passerait volontiers)

Une petite note, vous avez entendu que le texte nous parle d’Abram, Abraham, c’est le nom que Dieu va lui donner. Alors pendant ma prédication, je vais prendre un peu d’avance et parler d’Abraham, ce sera plus simple.

Ce matin, on ne va pas évoquer tout le parcours d’Abraham avec ses clartés et ses parts d’ombres (et il y en a !), ce matin, nous allons parler d’appel et de départ, de bénédiction, de promesse et de mission…

 

Un appel… C’est un mot un peu vague… On peut lancer un appel, on peut faire l’appel, je peux appeler ma collègue « Youhou Ruth-Annie !!! », je peux recevoir un appel sur mon portable… Comment Dieu s’est-il adressé à Abraham ? Sous quelle forme ? On n’en sait rien : le texte ne le dit pas… Pourtant les manières d’appeler ne manquent pas dans la Bible : un buisson ardent pour Moïse, une échelle qui relie le ciel et la terre pour Jacob, une voix dans la nuit pour Samuel, une vision dans le temple pour Esaïe, une clarté aveuglante pour Paul ou bien simplement Jésus qui passe et qui dit « toi, suis-moi ». Mais pour Abraham, le premier des patriarches on ne sait pas. Peut-être parce qu’Abraham était tellement l’ami de Dieu qu’il était tout naturel que l’Eternel vienne taper la discute avec lui… Ou bien, peut-être pour que dans cet appel d’Abraham, chacun d’entre nous puisse se reconnaître. En effet, je en sais pas si beaucoup se sont trouvés face à un buisson ardent mais pour certains, l’appel de Dieu a été une nouveauté, une rupture, ils se sont lancés dans un chemin nouveau, vers l’inconnu, comme si eux aussi avaient entendus « quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père »…. Pour d’autres, l’appel s’inscrit dans une continuité familiale, ils sont allés au catéchisme, ils ont accompagné leurs parents au culte et puis un jour, ou progressivement, cette tradition familiale est devenue une évidence plus intime, plus profonde, plus forte. Et si eux se rappelleront que Tera, le père d’Abraham avait quitté Our pour aller vers le pays de Canaan et s’était arrêté à Haran, que l’appel d’Abraham et son départ s’inscrivaient aussi dans une continuité.

Mais quel que soit sa forme, l’appel provoque un départ, un déplacement. Et un départ, c’est toujours de l’inconfort, de l’incertitude. Et pour Abraham ça a bien été le cas, et pour tous les croyants que nous sommes, l’inconfort, l’incertitude, font bien partie du lot. Vous voyez, Abraham nous ressemble ou plutôt, nous ressemblons à Abraham.

 

          Ah oui, mais si c’est pour lui ressembler dans l’inconfort et l’incertitude, c’est pas très attirant… Alors regardons les bons côtés : D’abord Abraham ne part pas seul et c’est le cas pour nous, dans notre chemin de foi, nous sommes entourés, parfois par notre famille, pas toujours… Mais de toute façon, regardez autour de vous, il y a vos catéchètes et regardez autour d’eux, beaucoup d’autres visages, connus et inconnus…

          Et puis, l’appel d’Abraham s’accompagne d’une promesse « Je te bénirai ». Qu’est-ce qu’une bénédiction ? Notre Eglise a pas mal travaillé sur cette question, il n’y a pas longtemps. Et à cette occasion on a entendu un petit raccourci : « une bénédiction, c’est « bonjour ! ». A mon avis, c’est inexact. La bénédiction dans la Bible c’est une force qui est donnée, une force féconde, une force qui permet d’avancer, une force qui rend l’avenir possible.

          Alors bien sûr, à la base « bonjour » c’est une formule de bénédiction, mais pour qu’on puisse comparer la bénédiction à un bonjour il faut que ce soit un « bonjour » très particulier. Le « bonjour » qu’on refuse de vous dire, ou qu’on oublie de vous dire et qui va vous manquer, vous pourrir votre journée. D’ailleurs si j’en crois mes souvenirs d’enfance ou d’adolescence, vous savez bien mieux que les adultes ce que ça veut dire. Nous quelqu’un qui ne nous dit pas bonjour, on va fulminer contre son impolitesse, mais la seule punition dont je me rappelle quand j’avais l’âge des plus jeunes parmi vous, c’est d’un refus de mes parents de me dire « bonsoir », et puis, un peu plus tard au collège, c’était quand on se disputait avec un ami et qu’on ne se disait plus « bonjour ». A l’inverse, vous savez aussi qu’un bonjour inattendu, inespéré, ça peut éclairer toute une journée (particulièrement quand il vient de la fille ou du garçon qu’on a trouvé mignon) Là effectivement, on se rapproche de la bénédiction, de cette force dont on a besoin.

         

          Cette bénédiction, cette force, non seulement elle est promise à Abraham : je ferai naître de toi une grande nation, ton avenir est ouvert, mais Dieu va plus loin : tu seras une bénédiction pour les autres, tu seras cette force qui ouvre l’avenir pour les nations de la terre.

          Et là, nous pouvons parler d’Abraham, père des croyants. Savez vous quels sont les croyants qui sont enfants d’Abraham ? Les juifs, les chrétiens et les musulmans. Trois religions qui ont derrière elles des siècles de guerre, de persécution (et c’est toujours vrai aujourd’hui) mais aussi -on l’oublie trop souvent – d’entente, de collaboration, d’échange et de dialogue (et c’est toujours vrai aujourd’hui) se reconnaissent un même ancêtre. Et ce n’est pas une idée neuve, c’est déjà comme ça qu’Abraham est compris dans la Bible, il est l’ancêtre des hébreux, mais aussi des ismaëlites, des madianites, des peuples qui souvent se sont fait la guerre. Souvent, l’ancêtre d’un peuple, c’est celui qui nous distingue des autres, et bien dans la Bible, Abraham est compris comme l’ancêtre qui nous relie aux autres. Être enfant d’Abraham, lui ressembler c’est tisser des liens. En Abraham, notre première bénédiction c’est de ne plus avoir d’ennemi héréditaire.

          L’autre aspect de la bénédiction, c’est que si Abraham est appelé à être une bénédiction pour les autres, c’est bien sûr, Dieu qui donne cette bénédiction, cette force à travers Abraham, parfois même contre le gré de celui-ci. C’est d’ailleurs une manière intéressante de lire l’histoire d’Abraham : dans cet épisode, Abraham est il une bénédiction pour les autres ? Est-ce par lui-même ? Est-ce malgré lui ?

          Et puis, nous, ses enfants, sommes-nous encore une bénédiction, une force qui ouvre un avenir pour les nations, pour les peuples de la terre ? Comment vivons-nous cette promesse qui est aussi une mission…

 

          Je voudrais m’adresser aux jeunes qui sont derrière les catéchumènes, les jeunes qui ont des cheveux blancs. Nous avons parlé de départ, de mission, de promesse, beaucoup de thème qu’on associe plutôt à la jeunesse. Normal pour un culte avec les enfants du caté. Certains parmi vous croient que maintenant, c’est derrière eux, c’est le passé. Il y a un aspect du texte que je n’ai pas encore évoqué et qui vous concerne plus que les enfants. Abraham était âgé de 75 ans quand il est parti. Et ce n’était que le début. Bien sûr, les âges de la Bile sont symbolique,  mais justement, 75 ans, c’est l’âge où l’on pense que l’avenir est derrière soi… Eh bien pour Abraham, ces 75 ans ne sont qu’un début. Alors, fils et filles d’Abraham, ressemblez-lui, croyez bien que tout peut encore commencer…

 

Frères et sœurs, nous sommes avec d’autres croyants, nous sommes les fils et les filles d’Abraham, recevons donc et vivons de son héritage : la force qu’il a reçue de Dieu au milieu de ses fragilités, la promesse qu’il a reçue de Dieu au milieu de ses impasses et la mission qu’il a reçue de Dieu : soyons pour tous les peuples une bénédiction : une force qui ouvre à demain.

 

Amen

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À propos
Eric George

Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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