Un commandement unique...

Publié le 6 Novembre 2018

... pour les rassembler et vers la lumière les mener
Un commandement unique...

Deutéronome 6, 2-6

Hébreux 7, 23-28

Marc 12, 28-34

 

“Et personne n’osait plus l'interroger”. En entendant, cela on a l'impression qu’après une longue suite de controverses, Jésus a cloué le bec à ses adversaires, à ses opposants. Pourtant, le texte que nous venons d’entendre respire la bienveillance : le scribe voit que Jésus à bien répondu lors des précédentes controverses, il loue la réponse de Jésus à sa propre question, et Jésus quant à lui, voit que le scribe réagit bien à sa réponse et loue son commentaire.

 

Je parlais d'une longue suite de controverse parce qu'avant cette dernière discussion on a vu les pharisiens et les hérodiens interroger Jésus sur l'autorisation de payer un impôt à César, on a vu les Sadducéens interroger sur la résurrection des morts et lui raconter l'histoire de la femme aux sept maris. Des pharisiens et des hérodiens, des saducéens et des scribes, ces groupes qui viennent interroger Jésus, le piéger - nous dit Marc, ne s'entendent pas entre eux. On a un peu l'impression d'assister soit à une union sacrée contre Jésus, soit de voir différents mouvements demander à Jésus de clarifier sa position politique ou théologique pour pouvoir le récupérer ou non. Si je réinterprète ainsi leur but, c'est pour que nous nous interrogions un peu : n'avons-nous pas nous aussi tendance à essayer de pousser Jésus à rejoindre notre camp, à le réquisitionner pour nos argumentaires, à interpréter ses paroles, à retrouver ses citations qui iraient dans notre sens.

D'ailleurs, avant ce dernier dialogue, on a parlé de politique et d'argent on a parlé parler de mariage et on a parlé de la vie après la mort, des sujets qui restent clivant aujourd'hui pour les chrétiens et le monde mais aussi, souvent, pour les chrétiens eux-même.

 

Et voilà que la question du scribe permet à Jésus de rappeler ce qui est au centre ce qui est important ce qui est premier. D'ailleurs c'était peut-être même l'intention du scribe : quel est le premier commandement, ce n'est pas pour un juif, une question théologique, pour un juif cela veut dire “qu'est-ce qui est premier ? qu'est-ce qui est au cœur de notre vie ? qu'est-ce qui est essentiel ?” On le voit bien d'ailleurs dans la manière dont le scribe reformule la réponse de Jésus : il est unique et il n'y a pas d'autre que lui. Il est unique et quand nous mettons cette unicité au cœur de notre vie, qu'importent nos différences d'opinion sur la politique sur l'argent sur l'au-delà sur le mariage.

En effet, reconnaître l’unicité de Dieu, ce n’est pas seulement nier l’existence de Jupiter, d’Osiris ou d’autre, reconnaître l’unicité de Dieu c’est reconnaître qu’il n’y a que lui sur qui nous puissions compter, que lui sur qui nous puissions fonder notre vie

Parce que Dieu est unique, nous devrions être tout entier tourné vers lui tout notre cœur tout notre âme, toute notre intelligence… Dès lors, comment pourrions-nous juger les autres ? comment pourrions-nous les condamner pour leurs opinions même différentes des nôtres puisque finalement nous sommes tout aussi perdus qu'eux, tout aussi dispersés ? Comment pourrions-nous reprocher aux autres de rompre certains commandements de Dieu - tels que nous, nous les comprenons - alors que dès le premier commandement, dès le plus important, nous nous rendons compte, qu’autant qu’eux, nous sommes incapables de l’appliquer.

 

Vous voyez que cette confession de l’unicité de Dieu a déjà de quoi nous faire nous interroger sur nous-même et donc de nous faire changer notre regard sur les autres, mais Jésus ne s’arrête pas là. On lui demandait le premier commandement, il va immédiatement lui en adjoindre un autre. “Tu aimeras ton prochain comme toi-même”. A première vue, c’est un peu paradoxal, voire contradictoire, comment pouvons-nous nous tourner tout entier vers Dieu et en plus aimer les autres ? Comment ces deux priorités pourraient-elles ne pas s’opposer - et nous savons bien qu’elles s’opposent parfois dans nos Églises entre les tenants d’un tout humanitaire et ceux d’un tout spirituel, entre les tenants de la diaconie première et ceux de la prière première…

Mais il n’y a pas de contradiction, il n’y a pas de paradoxe, il y a surtout une profonde cohérence. En liant ces deux commandements, Jésus nous apprend quelque chose sur Dieu : le Dieu unique, le Dieu à côté duquel il n’est pas d’autre, nous aime, nous les humains, le Dieu vers lequel nous devrions être tout entier tournés et lui, tout entier tourné vers nous.

Or, quoi de plus logique que d’aimer ce (ou ceux) qu’aime celui que nous aimons. Vous voyez, il n’est peut-être pas question d’avoir un élan vertical, vers le haut et un élan horizontal, vers les autres que de découvrir que notre élan vers Dieu nous porte vers nos frères et nos sœurs, notre élan ou plutôt notre appel puisque nous parlons bien ici d’un commandement, d’un appel.

 

Frères et sœurs, il est sans doute inévitable que des débats traversent nos communautés, que nos Eglises discutent entre elles, qu’elles débattent avec le monde. Jésus n’a pas refusé d’entrer dans ces débats, d’y prendre position.

Mais qu’au cœur de nos débats, nous sachions garder en tête la question du scribe « Quel est le premier commandement ? Qu’est ce qui est fondamental, essentiel ? » et surtout que nous soyons portés par la réponse de Jésus : « Il n’y a rien au-dessus de l’amour de Dieu et du prochain ».

Photo by Marcelo Quinan on Unsplash

Rédigé par Eric George

Publié dans #Bible, #prédication, #Marc, #commandement, #scribe, #amour

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