Sel et lumière

Publié le 4 Mars 2020

Sel et lumière

Alors que nous nous tournons vers Jésus en quête de saveur et d'éclairage, il nous dit "Vous, vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière de l'univers"

Prédication du 9 février 2020

Matthieu 5, 13 à 16

Deux questions à l’assemblée :

A quoi sert le sel ? Donner du goût, conserver, purifier, signe d’alliance.

A quoi sert la lumière ? Eclairer, guider, rassurer, illuminer, faire vivre

Des foules nombreuses viennent à Jésus… Hommes et femmes viennent à lui pour qu’il les guérisse, et aussi pour l’écouter, pour entendre son message. Ils sont fatigués par leur vie, curieux de la parole de Dieu, écrasés de soucis, las des querelles des religieux de leur époque, inquiets de la situation politique et économique, ils se sentent perdus, découragés ou tout simplement ils ont envie de joie et de saveur.

Et nous qui venons ce matin à l’écoute de la Parole de Dieu, nous leur ressemblons. Comme eux, nous venons en quête de goût, de purification, en quête de lumière, de réconfort, de guide, de joie, nous venons en quête d’alliance avec Dieu et de vie. Nous venons demander du sel et de la lumière.

Et Jésus dit aux foules, et Jésus nous dit : « Vous, vous êtes le sel de la terre. Vous, vous êtes la lumière de l’univers ». Et il parle au présent : il n'utilise pas l'impératif, il ne nous dit pas «il faut que vous soyez», il nous dit «vous l'êtes».

Alors, selon notre compréhension de Jésus, nous pouvons recevoir cette parole comme une révélation, ou bien comme une création, une transformation.

Si nous voyons en Jésus, le maître, le prophète, le porteur de la Parole de Dieu, nous recevrons cette parole comme un enseignement. Si nous voyons Jésus comme Dieu qui lui-même rejoint notre humanité, nous pouvons même l’entendre comme une parole créatrice, le pendant de la Parole de Dieu de Genèse 1. Mais en fait, le résultat est le même : nous étions récepteurs et nous devenons émetteurs, nous demandions et nous voilà en train de donner, de diffuser. En tous les cas, même si Jésus est bien sûr la lumière du monde, je pense que «c'est celui qui dit qui est » n'est pas la réponse attendue de nous.

Je vous propose de prendre le temps de l’entendre et de le dire : dites le à votre voisin, à votre voisine « nous sommes le sel de la terre, nous sommes la lumière du monde».

Et nous pouvons prêter attention à trois aspects de cette affirmation.

Tout d'abord, Jésus parle au pluriel : « vous êtes ». Ce pluriel signifie-t-il un collectif ou signifie-il « chacun de vous » ? Je crois qu'il nous faut garder les deux aspects. En effet, deux tentations nous guettent : celle de remplacer le « vous » par un « je » Je suis le sel de la terre, je suis la lumière du monde et les autres n'ont qu'à suivre. Et la tentation inverse, celle du « ils » : « oh, moi je ne suis pas assez grand, assez fort, assez courageux pour être le sel de la terre. Alors je vais laisser les autres l'être. » Mais Jésus nous parle à tous et à chacun en employant la deuxième personne du pluriel.

Deuxièmement, Jésus nous dit que nous sommes exposés. Nous ne pouvons pas nous replier sur nous même, nous ne pouvons pas nous dire « pour vivre notre foi heureux, vivons-la cachés ».

Troisièmement, si nous sommes ainsi exposés, c'est que Jésus n'est pas un coach en développement personnel. Il ne nous dit pas « Vous êtes le sel de votre vie » ni « Trouvez votre lumière intérieure » : Nous sommes le sel de la terre, nous sommes la lumière pour l'univers (en grec le cosmos : l'univers ordonné, créé par Dieu»). Et oui, c'est grand !!!

Mais si le sel perd sa saveur ? ouf ! enfin une exhortation. C’est bien ça qu’on attend du religieux : nous dire ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Parce que c’est bien joli de nous dire que nous sommes la lumière de l’univers mais nous ce que nous sommes venu chercher c’est qu’on nous éclaire…

J’avoue pourtant être un peu surpris en lisant différents commentaires sur ce texte car généralement, on explique ce que signifie ou ce que peut signifier le fait d’être sans saveur, mais il est très rare qu’on se pose juste la question « est-ce possible ? »

Or, Jésus se place clairement sur le plan de l’impossibilité et de l’absurdité. D'abord par le vocabulaire : en grec, si le sel devient fou. Puis par les images développées : il est absurde d'allumer une lampe pour la mettre sous le boisseau, il est vain d'espérer cacher une ville construite sur une colline. Enfin, que penser de ce geste de saler le sel ? Or c'est bien ce dont il est question : «si le sel devient fou, avec quoi le salera-t-on ?». Imaginez, alors que vous êtes en train de cuisiner, vous découvrez que votre sel n'a plus de goût. Qu'à cela ne tienne, vous vous précipitez sur votre salière de rechange pour saler, non pas votre plat, mais votre sel périmé… C'est absurde !

Aussi absurde, aussi fou qu'une créature de Dieu qui prétendrait refuser d'être créature de Dieu. Et je crois qu'ici Jésus nous met précisément en garde contre la double folie de cette tentation. La folie de croire que nous pouvons ne pas être ce que Jésus nous dit que nous sommes, de nous juger trop vieux, trop jeunes, pas assez savants, pas assez croyants pour être sel et lumière. Et la folie de croire qu'il est souhaitable de ne pas être ce sel, cette lumière parce que c'est difficile d'être un nous, parce que nous n'avons pas envie d'être exposés, parce que l'univers, la terre c'est trop grand pour nous et que nous préférerions rester dans notre petit cercle.

Frères et sœurs, Jésus nous le dit : « vous, vous êtes le sel de la terre » « vous, vous êtes la lumière de l’univers », alors n’ayons pas la folie de refuser cette parole mais qu’au contraire, elle fonde notre vie, nos actes, nos paroles, nos regards sur les autres et sur nous-mêmes.

Amen

Rédigé par Eric George

Publié dans #Bible, #sel, #lumière, #Matthieu 5

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