Pourquoi scruter le ciel ?

Publié le 21 Mai 2020

Pourquoi scruter le ciel ?

Prédication du 21/05/2020 sur Actes 1, 6 à 11

Le récit de Jésus enlevé au ciel est lourd de références culturelles : des références bibliques d’abord (l’enlèvement d’Elie), des références grecques avec les différentes apothéoses des héros dont les constellations peuplent encore le firmament. Et enfin, il y a nos propres références : nous ne pouvons pas nous empêcher de voir Jésus monter au ciel avant d’être enlevé à la vue de ses disciples comme superman ou comme une fusée… Et toutes ces références éloignent le texte de nous, alors que les paroles échangées lors de ce départ résonnent de manière très actuelle, très proche de nos préoccupations.

         

          Pour commencer, après une quarantaine de jours, les disciples manifestent une impatience qui nous est très familière : est-ce en temps-ci ? Oui, comme nous, les disciples sont impatients, inquiets, fébriles… Comme nous, ils se demandent : « est-ce pour aujourd’hui ? »

          Et l’objet même de leur impatience ne nous est pas inconnu. « Est-ce en temps-ci que tu rétablis la royauté en Israël ? » Alors de quelle royauté parlent-ils, est-ce du Royaume de Dieu, est-ce du règne de David, est-ce de l’indépendance d’Israël par rapport à Rome ? Peut-être que tout cela se mélange un peu dans leur esprit, tout comme se mélangent dans le nôtre les souvenirs et les fantasmes du bon vieux temps.... Mais ce qui compte pour eux, c’est que Jésus rétablisse. Après la croix, après la résurrection, ce que veulent les disciples, c’est un retour en arrière, la reproduction de quelque chose de connu.

          Et nous, nous aspirons à ce que soient rétablies nos relations avec nos familles, avec nos amis, à ce que soient rétablis nos projets de voyage et de vacances, à ce que soient rétablis nos cultes habituels avec nos frères et soeurs… Et c’est légitime, notre imagination ne nous permet sans doute pas d’envisager autre chose qu’une amélioration de ce que nous avons déjà connu...

 

          Malheureusement, Jésus ne répond pas “Oui, c’est maintenant”, ni même “non, il va encore vous falloir patienter quelques semaines, quelques mois, quelques années”. Jésus répond : il ne vous appartient pas de connaître le temps. Vous n’êtes pas maître du temps, du calendrier. Et nous en avons fait l’expérience douloureuse ces derniers mois… Nous avons vu nos projets bouleversés, nous avons perdu nos repères réguliers, quotidiens et hebdomadaires, nos plannings, nos agendas ont été profondément modifiés.

Et si, aujourd’hui, nous sentons bien que s’engage entre les uns et les autres une véritable bataille sur le temps, nous chrétiens devrions méditer la leçon : nous ne sommes pas maître du temps, nous ne pouvons pas le contrôler, le prédire, le planifier, l’ordonner… Nous ne pouvons que le recevoir avec humilité et confiance

          C’est en effet, le deuxième aspect de la réponse de Jésus : le Père a fixé le temps, Dieu a autorité sur le temps. Et cette affirmation n’a pas pour but de nous faire spéculer sur le temps voulu par Dieu, ni sur le destin. Mais plutôt de nous conduire à recevoir et vivre les temps qui nous sont donnés.

 

          Mais Jésus annonce quand même aux disciples ce que va être leur lendemain : “vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et en Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre”. Seulement, Jésus prédit il l’avenir ou les déplace-t-il dans leur aspiration ? Pour les disciples, la question de demain n’est pas tel ou tel rétablissement, la reproduction d’un hier réel ou imaginaire, c’est le témoignage qu’ils donneront, que nous donnerons de Jésus Christ dans le monde de demain.

          Mais ce décalage s’accompagne d’une promesse : l’Esprit saint viendra sur vous. 

 

Et les disciples restent là, à regarder le ciel. Est-ce dans l’espoir de revoir Jésus ? Est-ce dans l’attente de l’Esprit promis ? En tout cas les anges les rappellent sur terre, leur rappellent qui ils sont : des hommes de Galilée, des hommes de cette terre.

          Et nous, frères et sœurs, pourquoi regardons-nous le ciel ?

Rédigé par Eric George

Publié dans #Bible, #Ascension, #Temps, #Actes

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