Dans la tempête et dans la nuit...

C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière

Edmond Rostand : Chantecler

Que sera Noël cette année ?

Habituellement, nous vivons la fête de Noël comme un temps de fête et de joie, ce qui est normal et bon. Comment ne pas nous réjouir quand nous célébrons la venue de notre Seigneur ? Pourquoi bouderions-nous notre plaisir quand l’ange nous dit « je viens vous annoncer une bonne nouvelle », quand l’armée du ciel proclame « Paix sur terre pour ceux que Dieu aime ! ». Mais nous avons aussi tendance à vivre ce temps de Noël, comme un temps d’oubli des malheurs du monde, voire comme un temps de repli sur nous-même, à refuser d’entendre les pleurs de Rachel (Matthieu 2, 18)

Cette année, si nous sommes moins à plaindre que des peuples frappés par la guerre, par la catastrophe ou par la misère, nous serons sans doute atteints dans notre confort, frustrés de retrouvailles, inquiets pour notre avenir… Cette année, nous somme plus proche des récits bibliques de la naissance de Jésus que de la féérie commerciale de Noël.

En écrivant ces lignes, dans la tempête, dans la nuit que notre humanité traverse, je pense à Noël… Je pense à Noël non pas tel que je le rêve mais tel que nous le racontent Matthieu et Luc…

Je pense à Joseph voyant tous ses projets de mariage s’effondrer en apprenant que sa fiancée est enceinte. Je pense à Marie, enceinte de 9 mois, se mettant en route pour Bethléem pour que son époux soit recensé sur ordre de César. Je pense à ces savants venus d’orient pour découvrir un roi nouveau dans l’humilité d’une famille de Bethléem. Je pense à cette femme qui ne trouve pas de lit, pas de place pour mettre son enfant au monde. Je pense à ces bergers que l’armée des cieux envoie adorer un messie couché dans une mangeoire. Je pense aux victimes de la folie d’Hérode. Je pense à ces jeunes parents fuyant en Egypte avec leur bébé. Je pense à Jean qui nous dit « La lumière brille dans les ténèbres mais les ténèbres ne l’ont pas comprise »

En nous racontant la naissance de Jésus, Matthieu et Luc ne nous propulsent pas dans un monde merveilleux où nous pouvons oublier tous nos soucis. Au contraire, ils nous disent que Dieu fait irruption dans les troubles de notre monde, qu’il nous prend par surprise, bouleversant nos prévisions et nos projets. Et c’est là qu’est notre espérance, plutôt que dans le déni, l’oubli et l’illusion.

A travers les récits de la naissance de Jésus, j’entends et je crois qu’il nous rejoint dans la violence de notre monde, dans la misère, dans l’exclusion, dans l’exil et que c’est vrai aujourd’hui comme cela était vrai hier. Je crois que notre Seigneur est Jésus-Emmanuel ; le Sauveur, Dieu avec nous. Je crois que sa fidélité est notre roc dans la tempête, la lumière dans nos ténèbres.

Alors que sera Noël cette année ? Eh bien quelle que soit la manière dont nous le fêterons, ce sera, comme tous les ans, la proclamation forte et joyeuse que Dieu se tient à nos côtés dans nos temps d’épreuve comme dans nos temps de paix.

Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. Sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi.

Esaïe 9, 1