27 Mai 2021
Nicodème, maître en Israël vient trouver Jésus qui souffle sur son savoir
Ce matin, aux noms de Chiara, François, Helena et Paul, je voudrais associer celui de Nicodème. Pour qu’il n’y ait pas de malentendu, je voudrais m’écarter tout de suite de la langue française qui fait de Nicodème un naïf ou un benet : nous allons voir que ses questions n’ont rien de stupide. Et, respectueusement, je voudrais aussi marquer un désaccord avec Calvin qui traitait de nicodémites, ceux qui cachaient leur foi par peur des humains. Je ne crois pas que ce soit par peur que Nicodème vient de nuit pour rencontrer Jésus.
J’y vois deux raisons. La première est pratique. La nuit, c’est le temps du calme, loin de l’effervescence, de l’agitation de la journée. Pendant votre préparation à ce jour, vous l’avez vu avec les diaconesses, le silence, le calme sont propices à la rencontre avec le Seigneur. Et si, simplement, Nicodème voulait rencontrer Jésus au calme, avoir le temps de lui poser ses questions ?
La deuxième est symbolique : dans l’Evangile selon Jean, la nuit représente les ténèbres. Ces ténèbres desquels nous sommes invités à sortir, ces ténèbres où la lumière est venue briller. Ce n’est pas forcément la méchanceté, c’est aussi l’ignorance. Quand il rencontre Jésus, Nicodème est dans les ténèbres, on verra dans la suite de l’évangile de Jean qu’il est passé à la lumière : on le retrouvera en train de s’opposer aux autres pharisiens qui veulent faire mourir Jésus et on le retrouvera encore après la crucifixion en train de s’occuper de faire descendre son corps de la croix pour lui trouver un tombeau. Si Jean nous précise que Nicodème est venu de nuit, c’est pour nous dire qu’il ne faut pas sortir des ténèbres, de nos doutes, de nos refus, de nos méchancetés pour rencontrer Jésus mais que dans nos ténèbres, il faut rencontrer Jésus pour entrer dans la lumière.
Et ça, c’est ce que nous ont dit Paul et François : Dieu nous accueille quand nous venons à lui; Jésus n’a pas fermé sa porte à Nicodème, il l’a écouté, il a répondu à ses questions. Paul ajouterait peut-être que, des fois, c’est même Dieu qui vient à notre rencontre.
Chiara nous a dit que Dieu, c’est du solide ! Nicodème est bien d’accord. Il ne sait pas bien qui est Jésus, mais Dieu, ça, il sait. Alors quand Jésus vient contester tout ce qu’il a appris, cette Loi de Dieu sur laquelle il construit sa vie et qu’il enseigne à d’autres, quand ces montagnes à lui vacillent mais que les signes accomplis lui montrent que Dieu est avec Jésus, il décide de ne pas s’accrocher aux montagnes mais de faire confiance à Dieu.
Et Hélèna nous a dit son étonnement face à la résurrection. “J’aimerais bien savoir comment il a fait, comment c’est possible”. En effet, quand on est mort, on ne peut pas revivre. C’est impossible. Et Nicodème sait qu’il est impossible de naître une seconde fois, une fois qu’on en est sorti, on ne peut pas retourner dans le ventre de sa mère. Et face à cette impossibilité, Jésus va répondre en ouvrant une possibilité.
Vous voyez, on aurait pu avoir Nicodème en KT4.
Pourtant, il y a des différences. Tout d’abord Nicodème est maître en Israël, il a une immense connaissance des textes, il connaît le sens des versets, il peut les expliquer, il sait une tonne de choses sur Dieu. Et ça, malgré tout ce que vous avez appris au caté et dans vos familles, vous en êtes encore assez loin.
Et puis, Nicodème a vu Jésus accomplir des miracles, il ‘a vu guérir des malades, peut être nourrir des foules. Vous, vous l’avez juste entendu raconter. Nicodème, lui, on pourrait dire qu’il a des preuves.
Et les moniteurs de caté pourrait envier toutes ces connaissances, les jeunes pourraient envier ces preuves.
Mais en fait, ces différences entre Nicodème et vous, c’est à votre avantage. C’est, je crois ce que Jésus montre à Nicodème. Il est plus facile de naître de nouveau, de perdre ces vieilles certitudes quand on n’en a pas trop, justement.
Le vent, souffle où il veut ; tu entends le bruit qu'il fait, mais tu ne sais pas d'où il vient ni où il va. Voilà ce qui se passe pour toute personne qui naît de l'Esprit de Dieu.
L’esprit est comme le vent. Tiens, cela nous ouvre peut-être une réponse simple à une question compliquée. Qu’est ce que l’Esprit Saint ? Qu’est ce que le vent ? Le vent, c’est le déplacement de masse d’air. L’Esprit, c’est quand Dieu qui est tout autour de nous, se met en mouvement, quand il bouge des choses autour de nous. Pas forcément dans la tempête et le tourbillon, cela peut-être à peine perceptible, mais c’est toujours pour la vie.
Voilà, une petite esquisse de réponse. Et maintenant, une autre question
Voilà ce qui se passe pour toute personne qui naît de l’Esprit de Dieu. Mais qu’est ce qui se passe ? Est ce que ça veut dire que les croyants sont comme le vent ?
Qui sont-ils ?
D’ou viennent-ils ?
Formidables croyants
Des nouveaux temps
Peut-être
Mais j’entends surtout que, comme on entend le vent et on sent sa présence, les croyants perçoivent l’Esprit sans forcément savoir d’où il vient, ni dans quel but, qu’ils acceptent de se laisser conduire, remuer, secouer par lui, qu’ils acceptent de lui laisser sa liberté.
Cela peut se vivre de différentes manières : certains vont s’engager là où Dieu les conduit, au service des autres, dans la prière, dans l’art sans trop se poser de questions. Et c’est très bien. D’autres, sans forcément renoncer à l’action concrète, vont plus s’interroger, fouiller les textes, essayer de comprendre, en acceptant que leurs questions n’auront pas de réponse définitive… Je crois que ce n’est pas mal non plus… L’Esprit souffle où il veut, sur tous les tempéraments...
Chiara, François, Héléna, Paul mais aussi vous Elise et Jeanne, mes frères et soeurs, je veux terminer en vous adressant un appel, une supplique, vous qui êtes plus légers, plus souples que nous, ne nous faites pas attendre trop longtemps avant de venir questionner nos traditions et nos certitudes, avant de nous faire entendre un souffle nouveau.
Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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