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L'Eglise entre Teloth et Oonaï

L'Eglise entre Teloth et Oonaï

La quête d'Iranon - (suite d'un voyage théologique dans les Contrées du Rêve)

Hier, je vous lisais la quête d'Iranon, de Lovecraft.

(si vous ne supportez pas de m'entendre lire, lisez vous-même la nouvelle. Et si vous ne supportez pas de me voir lire, faites autre chose en m'écoutant, ou apprenez-moi à créer un podcast... 😉)

Et je vous disais comment cette nouvelle venait m’apporter à une question qui s'impose tôt ou tard à tout croyant : "Et si ta foi n'était qu'une illusion ?"

Mais La quête d'Iranon m'évoque aussi deux tentations de l'Eglise. Dans sa recherche Aïra et d'hommes qui comprendront ses chansons, Iran on croise les habitants de deux cités :  l'austère Teloth et Oonaï, cité des luths et de la danse.

Les hommes de Teloth aux maisons carrées, ne vivent que pour le travail. Leur idéal, c'est le paradis promis par leurs dieux :

Un havre de lumière après la mort. Nous nous y reposerons éternellement, dans une froideur de cristal ou nul ne sera obligé de se fatiguer à penser ou de s’esquinter les yeux sur des merveilles.

Lovecraft : La quête d'Iranon

J'y lis cette demande d'une Eglise garante de paix sociale, porteuse de valeurs (de préférence, celle de notre société), une Eglise qui offre des certitudes et vient conforter nos convictions, qu'elles soient grises, bleues, vertes, roses ou rouges.

À l'inverse, les habitants d'Oonaï, cité des luths et des danses, vivent de fêtes en fêtes, toujours à l'affut de nouveautés et de plaisir J'y vois cette demande d'une Eglise comme lieu de convivialité, comme lieu d'évasion aussi, une oasis où l'on pourrait laisser de côté nos soucis et le souci du monde, une Eglise de préférence jeune, joyeuse et positive plaisante à voir et à visiter…

Cette demande de Teloth et d'Oonaï, je les rencontre presque au quotidien dans ma vie de pasteur. Et, bien sûr, je les vis moi-même dans ma vie de croyant. En effet, moi aussi j’aimerais une Eglise utile et productive, validant mes convictions, une Eglise joyeuse, jeune et festive, lieu d’évasion.

Mais voilà, en Iranon - éternellement jeune et beau, fou ou sage, poète, libre, empli de la nostalgie d’une cité dont il est exilé (2 Corinthiens 5) et d’une lumière qui ne se voit qu’avec des yeux d’enfant et porté par l’espérance - je reconnais une image de l’Evangile.

Or, ni les habitants d’Oonaï, ni ceux de Teloth ne sont capables de comprendre le chant d’Iranon.

 

Howard Philips Lovecraft : La quête d'Iranon. Traduit par David Camus in Les contrées du Rêve. Editions Mnémos

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À propos
Eric George

Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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