Le pari d'Esther

Esther fait le pari de monter, dans les Alpes vaudoises, un projet regroupant agriculture, soin et tourisme en un lieu où les consommateurs pourraient voir, et même participer aux travaux de la ferme.

Camille fait le pari de raconter ce projet, ou plutôt le moment où ce projet entre dans sa phase de concrétisation.

Le pari d'Esther n'est pas encore gagné, son projet est encore entre les mains de l'administration suisse. Quant au pari de Camille, en ce qui me concerne, c'est gagné. Haut la main.

L'histoire qu'elle m'a racontée m'a captivé, je me suis attaché aux personnages. Elle m’a fait découvrir des mondes inconnus : le monde paysan, l'administration suisse. Certains aspects du projet, m'ont enthousiasmé : la réflexion écologique, le portrait d’une femme dans un monde très masculin, le refus de s'enfermer dans une tradition et la volonté d'ouvrir la voie à de nouvelles propositions (non, je n'écrirai pas "disruptif"). D'autres n'ont interrogés, comme la dimension pharaonique du projet. Est-il encore réellement possible de parler d'écologie ? Enfin, la dimension ésotérique New Age réveille d'autant plus ma méfiance qu'elle se mêle de médecine.

Mais je dois bien reconnaitre que ce dernier aspect donne au projet un axe de résonance vertical qui lui avait peut-être marqué. Je parlerai peut-être de Résonance, d'Hartmut Rosa une autre fois mais le projet d'Esther se veut holistique, il fait entrer l’individu en résonance avec d'autres individus (axe horizontal) avec le travail et des "objets" (axe diagonal), c'est assez logique qu'une "transcendance" y ait sa place.

Mais dans tout cela, ce qui a le plus retenu mon attention c'est le collectif derrière Esther. Elle n'est pas seule, en plus de sa famille, elle a su s'agréger tout un ensemble de personnes (tiens ? encore beaucoup de femmes…) partageant ses vues, 'apportant leurs compétences. Le documentaire na outre l'importance de la parole, de l'écoute et de la confiance au sein de ce groupe. Il ne fait pas l'impasse sur le manque de vision autre - pointé par l'un des interlocuteurs - au sein du groupe.

Et cette dimension m’interroge : Peut-on faire l'économie d'une relation personnelle, amicale entre les porteurs et porteuses d'un projet ? Et même dans cette relation amicale, peut-on se passer de cadre définis pour la parole, la confiance et l'écoute ? Jusqu'où la diversité d'opinion peut-elle étre porteuse d'un projet précis ? Autant de questions par lesquelles Le pari d'Esther me donne à penser l'Eglise et ses projets...

Si j'ai bien compris, le pari d'Esther a fini sa tournée dans les salles et vous pourrez bientôt le découvrir en streaming : sur le site Le pari d’Esther

Si l'un ou l'autre des sujets que j'ai évoqués ici vous intéresse, si vous avez envie de découvrir un projet ambitieux et questionnent, une femme et un équipe attachante, ou peut-être juste un lieu à découvrir dans quelques années, le site me semble valoir le coup d'œil.

Le pari d'Esther par Camille Andres