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#Premièrephrase

A l'occasion du baptême de Louise, une méditation sur le prologue de l'Evangile selon Jean.

#Premièrephrase

Au commencement...

Mais au commencement de quoi ? ...

Au commencement de ma relation de pasteur avec Louise, il y a un échange

- Salut, tu viens chercher ton frère ?

- Euh non , je viens au culte.

Et là, vous entendez qu'avant le commencement, il y, avait déjà quelque chose. Vous entendez qu'on se connaissait déjà. Alors, peut-être faudrait-il que je parle de notre première rencontre. Mais là, il faudrait aussi dire comment elle est arrivée à Evreux, comment moi j'y suis arrivé Et vous comprenez que ça ferait déjà beaucoup d'histoires. Avant le commencement, il y a toujours quelque chose Et ce, même dans la Bible :  « Au commencement, Dieu créa… : Ah ! Avant le commencement il y avait déjà Dieu. Au commencement était la Parole… Mais pour qu'il y ait parole il faut quelqu'un pour la dire et quelqu'un pour l'entendre, pour la recevoir comme parole. Sinon, ce n'est pas une parole, c'est du bruit.

Pour nous, humains, raconter un commencement, c’est toujours choisir un point de départ, un point qui est lui-même pris dans une histoire qui le précède…

Je vous propose ce petit exercice de souvenir : pour celles et ceux qui sont venus pour Louise, pensez au commencement de votre histoire avec elle. Pour les, autres, vous pouvez penser à une histoire, importante pour vous, un fragment d’autobiographie. Et pensez au commencement de cette histoire

Et je vais me permettre une question indiscrète : pour qui ce commencement implique-t-il une parole ?

Beaucoup des histoires qui comptent par nous sont des histoires de relation. Et la plupart des relations comment par une parole, par un échange.

Et en fait, même pour les autres : votre histoire commence par une parole, celle avec laquelle vous racontez l'histoire, que vous la racontiez à vous-même, ou à d’autres…

Au commencement, était la Parole. Peut-être qu'au-delà des grandes affirmations théologiques ou cosmique, Jean constate un simple fait : au commencement, il y a une parole... Mais au commencement de quoi ?

Eh bien, à nouveau, je vous propose de faire simple. Au commencement de ce livre que nous appelons Evangile - c'est à dire Bonne Nouvelle - selon Jean. Ce que Jean a écrit, d’autres l’ont reçu comme une bonne nouvelle.

Louise, d'autres ici, et moi-même entendons une Bonne Nouvelle, qui commence ainsi « Au commencement était la Parole ». Une parole adressée à chaque lecteur, à chaque lectrice. Une parole porteuse de vie…Une parole lumière , éclairante…

 

Peut-être, certains s’inquiètent-ils, voici 5 minutes que je parle, et je n’ai commenté que 5 mots du texte. Qu’ils se rassurent, je ne compte pas décortiquer les 19 versets du prologue, mais je voudrais m’arrêter sur une dimension de cette parole qui est au commencement (au commencement du baptême de Louise, de la Bonne Nouvelle selon Jean, de ma propre histoire avec Dieu), une dimension à laquelle Louise m’a dit donner une importance toute particulière…

Cette Parole- lumière nous dit notre appartenance

" A Ceux qui l'ont reçue , elle a donné le pouvoir d'être enfants de Dieu" Être enfant de Dieu , ce n'est pas un super pouvoir , ni une supériorité morale sur les autres, c'est juste savoir ce que nous sommes, ou plutôt savoir comment Dieu nous voit, pour qui il nous prend… Dieu nous prend pour ses enfants.

Quand nous la recevons, cette Parole nous donne donc la possibilité d’être de la famille de Dieu. Appartenir à une famille, c’est en avoir, parfois malgré nous, des traits, des traits physiques, des traits de caractère, des traits de culture. Ça peut-être pesant des fois. Mais ici, d’une part, c’est une possibilité offerte, et d’autre part, les traits que nous sommes appelés à avoir sont de l’ordre de la lumière, de la vie et de l’amour…

Et quand je ne la reçois pas cette parole ? Eh bien Jean me dit que  quand même je suis des siens " Elle est venue chez elle , mais les siens ne l'ont pas accueillies". C’est Jean qui le dit, le fait même de ne pas accueillir la Parole montre que nous lui appartenons.

Et astucieusement Jean passe de la Parole à la lumière .

En effet, je l'évoquais précédemment, une parole qui n'est pas entendue, pas reçue, c'est juste du bruit. Dans le cas, bien improbable, où vous ne m'écouteriez pas, je serai juste là à faire du bruit. Si vous voulez en faire l’expérience pratique : entrez dans une pièce où tout le monde parle, une fête, un vin d’honneur, un cocktail. Quand personne ne vous parle, le brouhaha est assourdissant. Mais dès que quelqu’un s’adresse à vous, alors même que sur un plan physiqu, cela ne fait qu’ajouter du bruit au bruit, pour vous, le brouhaha s’estompe un peu… Une parole n’est parole que si on la reconnaît comme telle (même sans la comprendre)

Pour la lumière, c'est tout différent.

Si vous laissez complètement passer la lumière, vous êtes invisible et, accessoirement, vous êtes aveugle.  

Si vous absorbez complètent la lumière, vous êtes noir (et titulaire d’un record, je crois que le plus noir des matériaux n’absorbe que 99,955 pour cent de la lumière.

Dans les deux cas, vous n'êtes pas discernable.

En fait, si je vous vois ce matin, si je distingue vos traits de visages, si j’en reconnais certain, si je vois la couleur de vos vêtements, c'est bien parce que vous n'accueillez pas toute la lumière. Et le fait que je vous vois me prouve qu'il y a de la lumière.

 

La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas saisie.

Je ne sais pas si c'est une catastrophe, si c'est bien ou si c'est mal.

Mais je vais vous partager ce que je vis :

Quand je vois un non-croyant, une athée, je vois un double signe de l'amour de Dieu. D'abord, celui-ci, celle-ci qui ne croit pas est aimé de Dieu est précieuse pour Dieu autant que je le suis.  Et puis… si cet homme qui n'est pas plus bête que moi - pas forcément moins ; si cette femme qui n'est pas moins perspicace que moi - pas forcément plus ne croit pas, c'est bien que ma foi ne vient pas de moi, de mon intelligence ou de mon manque d’intelligence, de ma perspicacité ou de ma crédulité, mais qu'elle m'est donnée.

La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas saisie.

Et quand j’affronte mon propre manque de foi, ma propre désobéissance, mes manques d’amour, j’y découvre également combien je suis aimé, que ce n’est pas à la mesure de ma foi, de mon obéissance de mon engagement. Cette parole-lumière me révèle tel que je suis : sans doute pas digne d’être aimé mais aimé malgré tout.

Elle est venue chez elle, et les siens ne l'ont pas accueillie.

C’est dans les ténèbres, que brille cette parole-lumière, dans les ténèbres du monde, dans mes propres ténèbres, et elle n’en brille que plus fort…

 

Frères et sœurs, Louise a choisi de recevoir le baptême comme signe d’un commencement. Il y a un avant dans sa vie, dans sa relation à Dieu. Mais aujourd’hui, au commencement, il y a une parole, une parole qui lui dit « tu es des miens » « tu es de mon Eglise »

Et en ce jour, elle a souhaité que pour vous aussi retentisse une bonne nouvelle, dont la première phrase est « Au commencement, était la Parole... », peut-être aurez-vous envie de découvrir la suite...

 

Amen

 

 

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À propos
Eric George

Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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