Sa royauté... ou la nôtre ?

Publié le 23 Novembre 2023

Sa royauté... ou la nôtre ?

Prédication sur le psaume 47, le jeudi 23 novembre dans la communauté des Diaconesses

En lisant le psaume sur lequel vous me demandez de méditer ce soir, une question m'est venue rapidement, une question que je dois vous poser, mes chères sœurs : « mais qu'est-ce que je vous ai fait ? »

En effet, avant d’arriver à une finale un peu universelle, à une louange que je pourrai faire mienne « Dieu est roi sur les nation », il me faut me heurter à ces insupportables versets 4 et 5.

Non, en ce moment, je refuse d’entendre le psalmiste célébrer Dieu en disant : « Le SEIGNEUR nous soumet des peuples, et des nations sous nos pieds »

Ces jours-ci, plus que jamais, je veux l’affirmer, je ne crois pas que en Dieu qui soumet des peuples à un peuple, qui mets des nations sous les pieds d’une nation.

Je ne crois pas au Dieu de la victoire guerrière, je ne crois pas au Dieu du triomphe de la violence.

Alors que faire ? Gommer ces versets 4 et 5 qui me gênent tant, pour ne garder du psaume que les paroles universalistes dans lesquelles il sera plus facile de nous reconnaître : tous les peuples sont appelés à louer Dieu, tous les peuples peuvent louer Dieu, Dieu est au-dessus de tous les princes, au-dessus de toutes les élites et c’est lui qui rassemble l’humanité toute entière ! Alleluia !

Amen...

 

Sauf que :

4Il nous soumet des peuples, et des nations sous nos pieds ;

5il nous choisit notre patrimoine, l'orgueil de Jacob, qu'il aime.

Ces versets qui m’arrêtent tellement qu’ils m’empêchent de voir tout le reste du texte, n’ont-ils vraiment rien à me dire ?

S’ils me retiennent, s’ils m’empêchent d’aller plus loin, n’est-ce pas là que je dois entendre une parole autre, une parole extérieure à moi-même ?

4Il nous soumet des peuples, et des nations sous nos pieds ;

5il nous choisit notre patrimoine, l'orgueil de Jacob, qu'il aime.

Oui, en fait, ces versets me parlent. Ils ne me parlent pas d’un Dieu guerrier, qui écrase des peuples. Ils ne me parlent pas du triomphe d’Israël sur ses ennemis.

Ces versets me parlent de la confusion entre la royauté de Dieu et la royauté du peuple des psalmistes, de la confusion entre la volonté de Dieu et la volonté des psalmistes.

Et cette confusion, je la connais bien. C’est celle des fanatiques religieux de tout temps, c’est celle des fanatiques politiques de toute époque (eux ne parlent pas forcément de Dieu mais de bien commun). Cette confusion, mille fois l’occident chrétien, l’Eglise l’a brandie dans son histoire.

Et cette confusion que je peux reprocher à l’Eglise, à l’occident chrétien, aux fils de Coré, et à tant d’autres… Suis-je vraiment sûr d’en être indemne ?

Suis-je bien sûr de ne pas rendre gloire à Dieu pour des victoires qui ne sont que celles de mes idées et des causes que je défends ? Suis-je bien sûr que c’est l’accomplissement de la volonté de Dieu que je célèbre quand cette volonté ressemble tellement à la mienne ?

 

Ma louange est-elle si pure, si désintéressée, si décentrée de moi-même pour être toute tournée vers Dieu que je me sente le droit de juger et condamner celle des fils de Coré ?

 Oui, ces versets me parlent en me disant : « Eric, si tu refuses de te réjouir avec les fils de Coré, peut-être peux-tu les laisser au moins interroger ton propre orgueil…

 

Mais alors, est ce que cela veut dire qu’aucune prière n’est digne d’être dite ? Que même une louange n’est jamais qu’une confession du péché, une reconnaissance de nos limites déguisée ?

 

Peut-être. Mais alors émerveillons-nous de la prière ! Non pas de la vertu de celle, de celui qui prie ! Mais émerveillons-nous de la grandeur, de l’amour de Dieu qui reçoit notre prière !

Oui, mesurons cet amour si nous le pouvons.

Alors que je suis un mélange d’ignorance, d’orgueil, de volonté de puissance, d’égocentrisme, de blessures et de colère, alors que je rêve de dominer les autres bien plus souvent que de m’abaisser pour les servir, alors que je veux mettre les autres sous mes pieds pour les vaincre au lieu de me mettre à leurs pieds pour les laver :

Dieu accepte que je lui parle.

Dieu accepte que je me confie à lui.

Dieu accepte que je chante sa louange.

Dieu accepte que je lui présente ma demande

 

Emerveillons-nous de cet amour et que cet émerveillement libère notre prière !

J’entends parfois des gens qui me disent, « je ne peux pas  prier car j’ai trop de colère en moi… » Eh bien demande à Dieu de briser les dents de tes ennemis, les psaumes le font ! Et n’aie pas peur, Dieu fera le tri.

« Je ne peux pas prier car je ne sais pas si les combats que je mène sont les bons » Eh bien, demande à Dieu de les mener avec toi, les psaumes le font ! Et n’aie pas peur, Dieu fera le tri.

« Je ne peux pas prier car je ne me sens pas écouté par Dieu » Eh bien, demande-lui pourquoi il t’a abandonné, les psaumes le font ! Et n’aie pas peur, Dieu fera le tri.

 

Mon frère, ma sœur, n’attends pas que ton âme soit pure pour prier ! C’est en priant que Dieu purifie ton âme. Et n’ai pas peur que Dieu découvre tes failles, tes orgueils, ton péché, il les connaît déjà.

Et c’est lui qui te les révèle.

 

Amen

Rédigé par Eric George

Publié dans #Bible, #Psaume, #psaume 47, #prière, #violence, #paix

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article