Soyez pareil à Nicolas, Alceste, Rufus, Eudes...

"Alors c'est bien entendu, m'a dit papa. Quand je te dirais d'aller faire tes devoirs ou d'aller te coucher, il faudra m'obéir."

"Oui, papa, j'ai dit, sauf bien sûr quand ce sera un film de cow-boys." 

Je découvre quelques histoires inédites du Petit Nicolas, et je m'émerveille de la manière dont Goscinny comprend le monde de l'enfance. Loin des névroses poétiques des Peanuts, de la politique philosophique de Mafalda ou de l'imaginaire iconoclaste de Calvin (celui de Calvin et Hobbes, pas celui de l'Institution Chrétienne), le petit Nicolas et ses copains me semblent dessiner des portraits très réalistes d'enfant, des portraits universels, et ce même si la société dans laquelle ils évoluent n'est pas et n'a jamais été la mienne.

Nicolas, Alceste, Agnan, Rufus et les autres, ne sont certainement pas des innocents, leur microcosme est composé d'égoïsme, de calculs (mais pas d'algèbre !) , de violence et de harcèlement... Ils ne sont pas non plus naïfs : ils sont des lecteurs attentifs du monde des adultes, bien qu'ils n'en possèdent pas tous les codes. Alors, ce monde, ils tentent de le déchiffrer, ils le jugent aussi et tantôt l'imitent, tantôt le rejettent.

J'y trouve une nouvelle manière de comprendre le "si vous ne changez pas pour devenir comme des enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux" de Jésus (Matthieu 18, 3). Devenir comme des enfants, ne serait-ce pas (re) commencer à lire le monde, libérés de notre "sagesse" d'adulte. Lire le monde avec perplexité, humour, tendresse et impertinence, une bonne manière d'entrer dans le Royaume.

Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence.

Romains 12, 2

Non mais sans blague, c'est vrai quoi à la fin.

Sempe et Goscinny : Histoires inédites du Petit Nicolas