Non à l'extrême-droite
Publié le 13 Juin 2024
Ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres
Dans la Bible et notamment le Premier Testament, la Loi s’exprime souvent sous la forme de l’interdit, le décalogue et l’arbre de la connaissance du bien et du mal en sont de bons exemples.
C’est bien, l’interdit ça laisse beaucoup de possibilités, beaucoup de liberté, beaucoup de responsabilité… Aujourd’hui, après les élections européennes et la dissolution de l’Assemblée nationale, je suis heureux que mon Eglise rappelle un interdit : le programme de l’extrême-droite s’oppose en tout point à l’Evangile de Jésus Christ tel que nous le comprenons, tel que nous cherchons à le vivre dans nos engagements, dans nos décisions synodales sur l'accueil des étrangers, sur l'écologie ou la diaconie. Voter Rassemblement National, voter Reconquête, c’est, à mes yeux, s’opposer à l’Evangile que je reçois et proclame au sein de l’EPUdF (ainsi d’ailleurs qu’à celui que j’ai reçu dans ma famille catholique)
Que dirai-je alors à mon frère, ma sœur, mes paroissiens, mes collègues qui s’apprêtent à voter pour un député RN ou un de ses alliés ? Je dirai : « Par ce geste, tu t’opposes à ce que je reçois du Seigneur, tu rejettes son commandement d’amour, tu te fermes à sa parole de vie et j’en suis blessé, pour toi, pour moi, pour l’humanité ». Mais je n’oublierai pas le message de grâce que j’ai reçu et qui m’anime, et je dirai également « Malgré ce geste tu restes fils ou fille de Dieu, ce frère, cette sœur que Dieu aime et m’appelle à aimer. »
C’est bien, l’interdit ça laisse beaucoup de possibilités, beaucoup de liberté, beaucoup de responsabilité… Alors quelle stratégie, quel vote face à ce risque de l’extrême droite ? Chacun, chacune aura des stratégies différentes avec sans doute des arguments presque aussi bons que les miens… Seulement, je suis trop blessé, trop en colère par ce que je lis ici et là quand les stratégies diffèrent de la mienne, quand elles accusent la mienne, pour vouloir provoquer moi-même cette blessure cette colère. Je me suis, hélas, trop souvent prêté à ce jeu, suscitant blessure et colère dans le passé. Alors, cette fois, j’essaye de limiter ma parole à celle-ci « Non à l’extrême droite » et je refuse qu’on m’enjoigne d'en dire plus, je refuse qu’on me soumette à la tentation de la colère et du jugement, je suis fatigué de vouloir avoir raison. Des abstentionnistes convaincus, des Républicains non alliés au RN jusqu’au NPA (courant A ou B), de toutes celles et ceux qui ne mettront pas un bulletin RN dans une urne, je ne dirai rien publiquement. Les stratégies électorales, les enjeux de pouvoir, c’est le lieu des partis et mouvement politique, du monde associatif et syndical, de l’isoloir. Ce sont des lieux nobles. Mais moi, le lieu d’où je parle aujourd’hui c’est l’Eglise et dans ce lieu, je ne veux que dire « Oui à l’amour, oui à la vie, oui à Jésus Christ, non à l’extrême droite »
quand les blés sont sous la grêle
fou qui fait le délicat
fou qui songe à ses querelles
au coeur du commun combat