Peuple loup et armes de résistance

Ma fille me traîne voir le peuple loup (- Tu es consciente que c'est un film pour enfants ? - oui mais quand ça parle de loups, je suis toujours une enfant...

Soit donc pour Le peuple loup. Et.... MERCI Yaël !!!

Le film date de 2020, si vous voulez avoir le synopsis pour comprendre cette relecture, c'est ici.

Entre mythologie celtique et shamanisme, Le peuple loup n'est pas un film chrétien. Et je ne m'aventurerai même pas à lire une résurrection dans le réveil de Moll MacTíre, la mère de Meb.

Le peuple loup n'est pas un film chrétien et l'Eglise y tient plutôt le mauvais rôle (ce n'est pas très explicite, mais il me semble qu'elle se tient clairement au côté des colons destructeurs de rêve (au passage, elle est dans cette entreprise l'alliée de la Raison).

Le peuple loup n'est pas un film chrétien et pourtant, les moyens de révolte, de résistance, de rébellion contre la peur et la haine de l'autre me paraissent très semblables à ceux qu'offre l'Evangile...

La première arme qui permet de refuser la peur et la haine, c'est bien sûr l'amour. Pas un amour spirituel et désincarné, c'est l'amour de Robyn Goodfellow pour son père et de Bill Goodfellow pour sa fille, c'est l'amitié qui se noue entre Robyn et Meve. Ce sont ces amours qui permettent de briser un mur infranchissable entre deux peuples que tout sépare.

La deuxième arme, c' est la colère. Oui, la colère est évangélique ! Non pas la colère contre un individu, contre un ennemi à abattre, mais une colère bien plus profonde, la colère de Dieu que les prophètes et Jésus proclament contre les oppressions, contre ce qui écrase les plus petits, une colère qui tient de la rage contre l'injustice sous toutes ces formes. Et la bouillonnante Mev est une très belle image de cette colère.

La troisième arme, c'est l'humour : le sire Protecteur vacille devant le rire de la foule. Non seulement, je suis convaincu que l'humour reste la seule vertu dont l'humain puisse se prévaloir mais je crois qu'à force de les sacraliser, nous négligeons trop souvent l'ironie et l'humour dont les textes bibliques sont empreints. "Vous filtrez le moucheron mais vous avalez le chameau", c'est pas une punchline de Jésus pour mettre les pharisiens en PLS ?

Enfin, il y a le départ, ce temps où les loups acceptent de quitter ce territoire revendiqué par les humains. Ce n'est pas une manière très glorieuse de résister... Et pourtant, n'y a-t-il pas de cela dans cet appel à quitter une ville où l'on n'est pas reçu ? Et peut être même dans le silence de Jésus face à Pilate. Un aveu de faiblesse tel qu'il nous libère du rapport de force...

Et puis, si Le peuple loup, n'est pas un film chrétien, la notion des Wolfwalkers qui sont à mi-chemin entre le peuple humain et le peuple loup me laisse songeur et qui par leur morsure peuvent placer des humains dans cet entre deux. "Mordus" par le Christ pour le rejoindre dans un entre deux...

"Le Royaume des cieux est au milieu de vous", ça ne nous mettrait pas un peu, nous chrétiens entre deux mondes, comme témoins possibles...