Étrange bénédiction
Publié le 18 Octobre 2024
Siméon et Lévi sont frères ;
leurs glaives sont des armes de violence.
Que je n'entre pas dans leurs complots,
que je ne m'unisse pas à leur assemblée !
Car, dans leur colère, ils ont tué des hommes
et dans leur caprice, ils ont coupé les jarrets des bœufs.
Maudite soit leur colère, car elle est violente,
et leur emportement, car il est cruel !
Je les diviserai en Jacob,
je les disperserai en Israël.
Si leur colère et leur emportement sont maudits, les mots de Jacob sur Simeon et Levi relèvent bien, nous dit le texte, d’une bénédiction…
Une bénédiction, ce n'est pas forcément une parole qui dit “tu es super et tout va bien aller pour toi”, c'est en revanche une parole qui dit “tu as ta place”, “avec ce que tu es, malgré ce que tu es, tu as ta place”’.
Les monstres marins ont leur place dans la création, Simeon et Levi ont leur place parmi les tribus d'Israël.
Cette bénédiction qui donne une place n'assigne pas à résidence : en maudissent la colère et l'emportement de Simeon et Levi. Jacob les appelle à un changement et les descendants de Levi seront les prêtres d'Israël…
À l'inverse, la malédiction exclut, elle affirme “à cause de ce que tu es, tu n'as pas ta place”.
Combien de paroles de bénédiction posons-nous en Église ? Combien de paroles qui, sans nier les défauts, les faiblesses, les fragilités, sans nier l'individu donnent à chacun, à chacune sa place ?
Et puis par inadvertance, par maladresses, sans en avoir conscience, sans accompagnement, combien de malédictions posons-nous en Église ? Combien de paroles ou de silence qui excluent (pas forcément de l'Eglise mais de tel ou tel cercle) en enfermant l'un ou l'une dans ses défauts, dans son histoire ?
Source de l'image : Unsplash