Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street
Publié le 30 Janvier 2008
There's a hole in the world like a great black pit
And it's filled with people who are filled with shit
And the vermin of the world inhabit it.
But not for long...
They all deserve to die.
Tell you why, Mrs. Lovett, tell you why.
Because in all of the whole human race
Mrs Lovett, there are two kinds of men and only two
There's the one they put in his proper place
And the one with his foot in the other one's face
Look at me, Mrs Lovett, look at you.
Now we all deserve to die
Tell you why, Mrs. Lovett, tell you why.
Because the lives of the wicked should be made brief
For the rest of us death will be a relief
We all deserve to die.
Après La graine et le mulet et Andromaque, j'hésite un peu à vous faire, encore une fois, le coup de l'anthropologie pessimiste. Et pourtant, elle n'est pas belle l'humanité dépeinte dans cette opéra sanglant : la justice est luxurieuse, l'autorité civile, bête et brutale, l'amoureuse cynique et manipulatrice, le naïf se transforme en tueur en série... D'un autre côté, tout est tellement outrancier (opéra horrifique et Tim Burton obligent) que le message ne serait pas vraiment convaincant.
Je pourrais aussi parler du pessimisme du cinéaste. Sweeney Todd, c'est un peu le retour d'Edward aux mains d'argent. "Mon bras est à nouveau complet" chante le barbier en retrouvant ses rasoirs.Mais Edward qui rêvait de s'intégrer, de faire partie de cette humanité, Edward qui faisait de ses rasoirs un outil de création, a vieilli, il est plein d'amertume, de haine et bien décidé d'anéantir à anéantir cette humanité qui l'a condamné... Mais ça c'est le travail du critique de cinéma ou du psychanalyste...
Je m'en tiendrais donc à souligner ce moment ou le désir de vengeance de Sweeney Todd se transforme en folie meurtrière, ou puisqu'il ne peut tuer le juge Turpin, le barbier diabolique décide de passer toute l'humanité au fil de sa lame. J'aime assez cette idée de montrer qu'entre la vengeance et le meurtre en série, il n'y a pas de différence. Cela m'évoque une des idées évoquées par Nouis dans L'aujourd'hui de la création. En hébreux, le mot adam est le nom du premier homme, il signifie aussi l'humain. Ainsi chaque homme représente l'humanité toute entière et donc tuer un homme, ce n'est pas faire justice, ce n'est pas se venger mais c'est tuer l'humanité toute entière... Après m'être fait cette réflexion, le fauteuil sur lequel Sweeney Todd fait asseoir ses victimes m'a beaucoup rappelé la chaise électrique. Je ne sais pas si le but de Tim Burton était de condamner la vengeance et la peine capitale. Mais en nous dépeignant un homme dont on ne peut que comprendre la colère comme un fou sanguinaire et auto-destructeur, il a très bien réussi ce coup-là...