Louvres-Babylone
Publié le 27 Avril 2008
L’exposition commence de manière classique, de Hammourabi à Nabuchodonosor, les tablettes cunéiformes et les oeuvres d’art (dont la splendide Reine de la nuit) faisant revivre cette civilisation qui s’étendit sur près de 2000 ans. Au-delà de l’intérêt archéologique et esthétique, je trouve toujours troublant ces objets qui nous viennent, à travers les âges, du monde des auteurs bibliques. Chaque collier, chaque sceau, chaque statuette nous rappelle que le monde de la Bible n’est pas un monde imaginaire mais bien notre monde et notre histoire. Tout particulièrement émouvante pour le lecteur de la bible, cette liste des captifs de nabuchodonosor II sur laquelle figure le nom de Yoyakan, roi de Juda… Bien sûr, l’histoire de Babylone nous est racontée, loin du prisme biblique, celle non pas d’un terrifiant « méchant » mais d’une culture remarquable (qui suscita même l’admiration de ses vainqueurs) entre son ascension sous Hammourabi, son déclin dans l’ombre de l’Assyrie et sa renaissance sous Nabopolassar et Nabuchodonosor II avant d’être soumise à l’empire Perse.
Mais l’exposition ne se limite pas à la Babylone historique : après nous avoir présenté la « Porte des dieux », elle nous présente la Babylone mythique qui fut de l’Apocalypse à la Renaissance, symbole de l’orgueil déchu. Un mythe qui varie selon les époques et que l’exposition présente de manière tout aussi pédagogique que l’histoire babylonienne. Cependant, une tentative de réhabilitation de Babylone me fait quelque peu sourire : « Comment la Bible a-t-elle put voir un geste impie dans l’élévation de la grande ziggourat de Babylone (la tour de Babel) alors que c’était bien un monument élevé à la gloire de la divinité et non un geste de défi. Comme si notre prétention à élever des monuments à la gloire de Dieu ne pouvait pas être aussi un geste de l’orgueil humain… Bref, je continue à voir le mythe de la tour de Babel comme une très brillante dénonciation d'un certain humanisme...
L’exposition peut se visiter à deux vitesses : les passionnés s’arrêteront devant chaque pièce, liront les nombreuses explications et sauront tout sur Semiramis, Pazuzu et autres Lamashtu, on peut aussi simplement y flâner, renoncer à s’arrêter devant chaque sceau royal et à tout enregistrer de la mythologie babylonienne pour simplement profiter des plus belles œuvres, des reconstitutions de l’entrée de Babylone et de l’imaginaire des peintres ultérieurs.
Au chapitre des regrets : la pénombre de certaines salles ne facilite pas toujours la lecture des panneaux explicatifs, la courte durée de l’exposition qui finira le 2 juin et une certaine affluence qui empêche parfois d’aller à son rythme…
Exposition Babylone au Louvres. Jusqu'au 2 juin