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Mythes grecs, mythes bibliques

Le langage mythique est une tentative de raconter quelque chose qui ne relève pas du savoir mais de l’indicible et de l’irreprésentable, à savoir le rapport de l’homme à sa destinée et à l’altérité. Dit autrement, les mythes tentent d’objectiver - sous la forme d’histoire mettant en scène des personnages et des situations compréhensibles par tous – le rapport de l’homme aux grandes questions de l’existence. Il cherche ainsi à exprimer aussi « rationnellement » que possible, le mystère des origines de l’homme et de son devenir. Ce faisant, il touche à l’universel en même temps qu’au singulier ; je dirais plus précisément qu’il touche  à l’universel parce qu’il concerne chacun de nous au plus profond de lui-même. C’est l’impossible à dire que le mythe essaye d’exprimer. Non pas pour annuler cet indicible mais pour tenter de l’approcher autant que possible et tenter d’en traduire les conséquences pour l’existence humaine.
Elian Cuvilier

Quand on commence à lire les récits bibliques non pas comme des traités d’histoires ou des comptes rendus d’événements, et une fois établis que cela ne remettait pas en question notre foi, arrive le moment où l’on se demande quel était le statut des récits des autres cultures. Les grecs croyaient-il à la réalité de leurs légendes ?
Dans Mythes grecs, mythes bibliques, professeurs de théologie (Ancien Testament, Nouveau Testament, Ethique), professeurs de culture grecque et psychanalystes essayent de répondre à la question sous l’ombre de Paul Veynes et de Bultmann.
L’ouvrage est issu d’un cours (j’en profite pour saluer l’interdisciplinarité) et présente les caractéristiques propres à ce genre d’exercice : les différents articles se répètent parfois, donne sur le mythe des éclairages dont les nuances divergent parfois mais c’est plutôt pour un enrichissement…
La définition du mythe est à peu près la même pour tous, à des lieux du langage courant  qui en fait souvent une fadaise. Or le mythe est langage dont la fonction est de dire le vrai à travers un récit.
L’étude ne se penche pas sur la différence de vision du monde donnée par les mythes grecs ou par le mythe biblique, il souligne en revanche une différence de forme (mais qui participe aussi d’une différence fondamentale) : alors que le mythe grec renvoie à un passé sans âge, beaucoup de mythes bibliques s’inscrivent dans l’histoire.
Du coup, un article d’Elian Cuvilier m’interpelle tout particulièrement : "La résurrection de Jésus, un mythe ?" Sur ce point là, je suis plutôt orthodoxe et du coup, je me demande si tout en soulignant l’aspect langage du mythe, nos professeurs de théologie n’ont pas occulté sa dimension de récit fictif.
Que les apparitions du ressuscité se disent dans un langage mythique tant la vérité qu’elles exprime ne peut passer par un autre langage, soit. Que le tombeau vide et l’absence totale de description soit des marques biblique du caractère indicible de la résurrection, soit. Mais personnellement, je me garderai bien de passer outre la réalité de ce tombeau vide… Bref, s’il y a du mythique dans les récits de résurrection de Jésus le Christ, celle-ci est elle vraiment uniquement de l’ordre du mythe ? Je ne suis pas convaincu.

Elian Cuvilier, Jean-Daniel Causse : Mythes grecs, mythes bibliques. Cerf.
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À propos
Eric George

Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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E
Mais si le mythe est effectivement une façon d'approcher l'indicible, déméler les éléments historiques des éléments fictifs semble aussi vain que de classifier les lettres de l'alphabet plutot que de chercher le sens du récit...Mais il y a toujours des gens qui préfèrent la glose à la gnose (je veux dire, la sagesse :)
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