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La vie après la vie (2) Immortalité de l'âme ou résurrection ?

C'est une jeune fiancée

Qui, le front ceint du bandeau,

N'emporta qu'une pensée

De sa jeunesse au tombeau

Triste, hélas ! dans le ciel même,

Pour revoir celui qu'elle aime

Elle revient sur ses pas,

Et lui dit : Ma tombe est verte !

Sur cette terre déserte

Qu'attends-tu ? Je n'y suis pas !

Lamartine. Pensée des morts

 

Outre l'idée de maintenir notre Eglise comme lieu de débat ouvert sur le monde, l'un des intérêts que je trouve au café biblique est aussi de m'obliger à corriger ou affiner ma pensée. Sur ce point, notre dernier café biblique a rempli sa mission.

Alors que j'évoquais la classique distinction entre immortalité de l'âme et résurrection des morts et que j'affirmais ma préférence pour la résurrection (tout en reconnaissant que l'idée platonicienne de l'âme immortelle n'est pas complètement inconnue dans le texte biblique), une paroissienne me rappelle à l'ordre : non les morts ne disparaissent pas complètement. Il ne s'agit pas, pour cette femme qui a perdu 2 enfants, de nier la cruelle réalité de la mort, mais bien plutôt d'affirmer cette mystérieuse vérité du deuil : notre relation avec une personne décédée ne s'arrête pas avec sa mort. La mémoire, ce que la personne nous a apporté et laissé et notre deuil même, cette blessure qui ne cicatrise jamais complètement, montrent bien que la mort ne coupe pas complètement la relation. Ce rappel à l'ordre me conduit à revoir mon jugement sur les notions d'immortalité de l'âme et de résurrection.

Et j'aimerai réconcilier ces deux langages que la Bible utilise pour parler de l'indicible après-mort en une formule un peu rapide, un brin provocatrice : "pour les autres, l'immortalité et pour moi, la résurrection."

"Pour les autres, l'immortalité" parce que la mort de ceux que j'aime ne m'arrache pas tout, parce que dans ce qu'ils m'ont donné, dans l'amour que j'ai pour eux (cet amour qui me rend la séparation si douloureuse), ils restent bien présents. L'immortalité de l'âme me dit que la relation ne s'arrête pas.

"Pour moi, la résurrection". Poussière tu es, poussière tu retourneras. La Bible me renvoie à ma finitude : viendra le jour ou je disparaîtrai. Complètement. Je n'aimerai plus ni ne haïrai. Je ne souffrirai plus ni ne me réjouirai. En tant que sujet, en tant que "je", je n'existerai plus. Et pourtant, je crois que ce néant qui va m'engloutir n'aura pas le dernier mot. Je crois que Dieu me ressucitera, me fera ressurgir libéré de la mort. Comment ? Sous quelle forme? Vaines questions auxquelles l'apôtre a répondu déjà : "autre est l'éclat de la lune, autre est l'éclat du soleil". La promesse de la résurrection me dit la réalité de la mort : comment ressusciterai-je si je suis immortel ? Mais elle ouvre une espérance au-delà de cette mort.

Résurrection des morts, immortalité de l'âme : deux langages de l'indicible, deux images imparfaites d'une espérance qui dépasse la finitude humaine, deux discours pour une seule confession de foi : la mort ne sera pas victorieuse !

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À propos
Eric George

Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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H
<br /> L'âme<br /> humaine est-elle immortelle ?<br /> <br /> <br /> Je pense et crois que la notion d'immortalité, bien que certains y voient une notion platonicienne, est bien présente dans la Bible. La question à savoir, pasteur Georges, c'est si l'immortalité<br /> de l'ame et la résurrection s'opposent. On peut constater que c'est le cas en Actes 17, à partir du verset 30 lorsque Paul se présente devant les Athéniens et veut par conséquent parler de<br /> Résurrection, à ces mots, certains ont ri; parce que comme le souligne l'épisode des Actes, il y avait des Stoïciens et des Epicuriens (deux grandes écoles philosophiques en ces temps); s'ils<br /> avaient ri, c'est parce que la résurrection ne leur était pas encore connue. Ils baignaient plutôt dans l'immortalté de l'âme.<br /> <br /> <br /> La question à savoir c'est si Aristote, élève de Platon, qui affirma l'unité de l'homme (âme et corps), contrairement au dualisme platonicien, si Aristote avait été présent, aurait-il ri ? Pas si<br /> sûr... <br /> <br /> <br />  <br />
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M
La mort est la souffrance restent un scandale. "Si le Christ n'est pas ressuscité, je suis le plus malheureux des hommes !!" "Mangeons et buvons car demain, nous mourrons…"
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M
La représentation du riche et de Lazare est très concrète Des âmes qui ont des doigts et des langues ? Moi, je veux bien mais "normalement" les "âmes" sont immortelles parce qu'elles sont des "esprits".  Pour moi, ce qui survit parce que depuis toujours créé et aimé par Dieu, c'est "je". Un homme ne peut se concevoir "en relation" sans une forme corporelle ; une pensée suppose un cerveau  …  La relation que nous avons avec Dieu n'est pas interrompue par la mort ; la vie éternelle est déjà commencé ; le vieil homme est en train de mouir, l'homme nouveau, de grandir. Notre corps glorieux lui-même est peut-être déjà en gestation. Avec le baptême (pour les Chrétiens) et avec la mort et la rencontre de Dieu (pour ceux qui ne  l'ont pas connu sur cette terre), nous commençons à ressusciter … Si Jésus est descendu aux Enfers, cela signifie que le salut est pour tous les hommes de tous les temps. Sur l'icône byzantine, Adam est bien représenté sous une forme corporelle. La colère d'Achille trahissait son espérance …Le livre de Lytta Basset : " Ce lien qui ne meurt jamais " chez Albin Michel. Son expérience est très proche de celle de votre paroissienne.
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E
<br /> Pour le pauvre Lazarre, vous prêchez un convaincu, je ne me faisais que l'écho d'autres interprétations que la mienne.<br /> Pour le "je"  en revanche, il me semble que "je" disparaîs un moment pour être re-suscité par la suite. La relation se brise pour être rétablie à la fin des temps, lors de la victoire<br /> complètmeent réalisée du Dieu de vie.<br /> Mais il est évident que la notion de vie éternelle dépasse de très loin ces notions de résurrection et d'au-delà et que c'est là qu'est l'essentiel.<br /> <br /> <br />
M
" a si largement pénétrée le christianisme c'est sans doute qu'elle est déjà présente dans quelques textes bibliques"Lesquels s'il vous plait ?Pour moi , la réconciliation entre les deux langages serait plutôt dans la relation entre le temps et l'éternité mais je reste ouverte à d'autres suggestions.Le livre de Lytta Basset sur le lien au-delà de la mort est assez riche de ce point de vue. 
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E
<br /> Eh bien la parabole du pauvre Lazarre en est un exemple. Même si je crois pas que cette parabole soit une indication sur ce qui se passe après la mort, elle montre néanmoins que l'idée d'une forme<br /> de vie après la mort est connue par Jésus et ses contemporains et elle autorise une interprétation axée sur l'immortalité de l'âme (quand bien même cette interprétation n'est pas la mienne)<br /> Mais une interprétation ne chasse pas forcément l'autre... Le titre du livre de Lytta Basset ?<br /> <br /> <br />
D
Bonjour monsieur le pasteur,L'important c'est effectivement de permettre une espérance. Ce serait trop scandaleux si avec notre mort biologique tout disparaissait. Alors on se démène on cherche une échappatoire à une réalité insupportable. De la persistance dans nos mémoires et nos rêves de nos proches disparus on fait une réalité mystérieuse et on affirme qu'il sont immortels puisque nous continuons à les aimer, à leur parler et à penser à eux.Nous n'arrivons pas à réaliser notre propre finitude, le néant qui engloutira à notre mort notre conscience, nos désirs, nos rêves et nos espoirs ? Qu'importe, ici encore une stratégie de fuite nous est permise, il suffit de croire qu'un Dieu nous ressucitera. Mais surtout il ne faut pas poser de question, ne pas s'interroger sur les détails de cette hypothèse de résurrection. D'abord l'apôtre a déjà répondu, circulez y'a plus rien à essayer de réfléchir !Au risque de vous peiner, monsieur le pasteur, je n'arrive pas ou plus à me contenter de ces contorsions intellectuelles pour maintenir à tout prix un espoir qui me semble bien faux et fallacieux ainsi maintenu par une parole apostolique "autre est l'éclat de la lune, autre est l'éclat du soleil". Pour être poétique cette parole n'est pas moins vide de sens si je la creuse un peu. L'éclat de la lune comme celui du soleil sont constitués de photons et la lune ne fait que refléter la lumière solaire. Bien sûr l'apôtre ne le savait pas et ne pouvait imaginer, à son époque pétrie de superstitions, combien son image pourrait nous sembler bancale aujourd'hui.
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E
<br /> Tout d'abord en ce qui concerne la mort de nos proches, il s'agit moins d'établir "une rélaité mystérieuse" mais de dire une réalité effective : je continue à aimer mes proches disparus, ils sont<br /> toujours existants dans ce que je suis, dans ce que j'ai reçu d'eux. Je ne vois pas comment on pourrait nier ce fait. Le langage de l'immortalité de l'âme est une façon de le dire. (Et il s'agit<br /> bien d'un langage)<br /> En revanche je crois que vous vous méprenez sur mes propos ainsi que sur ceux de l'apôtre. Le langage de la résurrection n'est pas du tout une fuite devant notre finitude mais au contraire<br /> l'affirme d'une manière très forte. Le néant engloutira bien ma conscience, mes désirs et mes espoirs. Bashô dit d'ailleurs à quel point cette pensée le scandalise. Mais par delà cette réalité<br /> douloureuse, et sans du tout la masquer ou en faire une échappatoire, la foi offre l'espérance d'une résurrection. Libre à vous d'y voir une échappatoire mais je crois quand même que l'attitude est<br /> très différente : c'est une chose de nier un obstacle en le contournant (l'immortalité de l'âme) et de le heurter de plein fouet tout en affirmant qu'il y a une brêche dans cet obstacle. Le<br /> commentaire précédent de Bashô montre d'ailleurs que la foi en la résurrection des morts souligne, aussi fortement que l'affirmation "après la mort il n'y a plus rien" (qui est d'ailleurs aussi une<br /> spéculation, soit dit sans vouloir vous peiner), l'absurdité de la vie.<br /> Quant à "autre est l'éclat de la lune , autre est l'éclat du soleil". D'une part, il me semble qu'à l'époque de Paul on savait très bien d'où venait l'éclat de la lune, d'autre part, la provenance<br /> d'une ou l'autre lumière ne change absolument rien au fait que ces deux éclats sont différents, et je crois que Paul ne dit pas il est vain de réfléchir mais bien "il y a une limite à ce que notre<br /> langage humain peut exprimer", un moment ou la réflexion n'a plus rien d'une réflexion mais n'est que vaine spéculation... Or, même vous, qui êtes persuadé que le néant aura le dernier mot, vous<br /> serez incapable d'exprimer ce qu'est ce néant (et pour cause...)<br /> <br /> Enfin, je voudrais surtout insister sur un point non évoqué dans l'article : l'espérance de la résurrection affirme que la mort est un scandale. Si vous dite, la mort n'est pas réelle parce que ce<br /> qui compte vraiment (l'âme) ne disparaît pas, effectivement vous atténuez le coup. Mais vous l'atténuez également en disant "la mort fait partie de la vie, nous mourrons tous un jour c'est triste<br /> mais c'est comme ça." Lorsque je dis ma foi en la résurrection des morts, je dis, avec Paul, que la mort est l'ennemie de Dieu et donc que son existence est scandaleuse. Or, cette affirmation<br /> n'enlève rien à la réalité de la mort, elle ne fait que la rendre plus insupportable.<br /> <br /> <br /> <br />