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Les reliques, Calvin et la science

Les reliques et la science titre Science et Avenir de ce mois d'avril. Chic ! Juste ce qu'il me fallait pour agrémenter un trajet en train. Hélas, on frise l'escroquerie : l'article en question évoque juste l'analyse même pas achevée d'une relique de Jeanne d'Arc et s'accompagne d'un petit encart critiquant la démarche dite scientifique de Gérard Lucotte et d'André Marion dans Le linceul de Turin et la tunique d'Argenteuil. Rien de bien passionnant pour l'athée ou le protestant en mal de polémique ou même pour le catholique qui voudrait en savoir plus. A ces deux pages, on préfèrera donc Le traité des reliques de Calvin, bien plus fondamental. Le réformateur va au fond des choses. Sous un angle théologique d'abord :
le premier vice et comme la racine du mal a été qu'au lieu de chercher Jésus Christ en ses sacrements et en ses grâces spirituelles, le monde selon sa coutume, s'est amusé à ses robes, chemises et drapeaux ; et ce faisant a laissé le principal pour suivre l'accessoire...
.Une bonne réponse à la déclaration du père Rosier dans Science et vie : "Que ces reliques soient vraies me semble secondaire. L'important est que ces objets nous aident à vivre une démarche de foi". Après cette mise au point théologique Calvin s'amuse (c'est le mot) à démontrer l'escroquerie des reliques (suaire de Turin compris). Et il n'a aucun besoin d'analyse génétique ou de carbone 14. Ces armes sont le bon sens et la bible. Le traité des reliques, écrit au vitriol (on est très loin de l'œcuméniquement correct)montre aussi que malgré sa réputation d'austérité, Calvin était capable d'un humour féroce :
Quant à la Vierge Marie, pour ce qu'ils tiennent que son corps n'est plus en terre, le moyen leur est ôté de se vanter d'en avoir les os. Autrement, je pense qu'ils eussent fait accroire qu'elle avait un corps pour remplir un grand charnier. Au reste, ils se sont vengés sur ses cheveux et sur son lait (...) Tant il y en que si la Sainte Vierge eut été une vache et qu'elle eût été nourrice toute sa vie, à grand'peine en eût-elle pu rendre telle quantité. D'autre part, je demanderais volontiers comment ce lait qu'on montre aujourd'hui partout s'est recueilli pour le réserver en notre temps.

 

Jean Calvin : Le traité des reliques in Oeuvres choisies. Folio classique

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Eric George

Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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P
Connaissez vous ce bouquin de Peter Brown qui rassemble des articles autour de la constitution du concept de Saint Homme ? Il explique qu'il provient d'un rapport au salut. En Orient, les christianismes valorisaient le rayonnement du saint homme vivant d'où les communautés monachiques et plus encore le gourou solitaire à la porte du village. En Occident, on se méfiait de l'avenir et de ce que la vie réserve ; on attendait donc que l'homme (occasionnellement la femme) fut mort pour déclarer sa sainteté prouvée par quantité  d'artefacts. Là serait l'origine des reliques. Un fort courant de commerce (de vieux os) s'organisa dans le sens Orient vers l'Occident, les orientaux chrétiens ou non fournissant la marchandise aux amateurs occidentaux.C'est ici : recension de Peter Brown, le culte des saintsParvenus où j'en suis, je ne peux m'empêcher de vous recommander Trafic de Reliques de Ellis Peter
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E
Je ne connais pas le Peter Brown mais en revanche j'ai lu le Cadfaël : Trafic de reliques il y a un bon moment...