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Au devant de la porte...

Prédication du 2 novembre 08

Job XIX, 1 et 23-27

I Corinthiens XV, 51-57

Jean V, 20-29

 

En cette heure où notre paroisse pleure un ami, les textes que nous avons entendus ce matin, nous relancent certainement sur cette question : et après, qu'y a-t-il ? Qu'est ce qui nous attend ? Que sont devenus ceux que nous pleurons ? Je ne suis pas certain que els textes que nous avons entendus ce matin nous donnent beaucoup d'éclairage sur ce qu'il y a derrière la porte… En fait, ils nous parlent surtout de ce qu'il y a au-devant de la porte.

 

Bien sûr, il n'est pas possible d'entendre la première lettre aux Corinthiens ou même la réponse de Jésus aux pharisiens sans penser à cette résurrection globale de la fin des temps. Nous savons bien que cette image d'un relèvement de masse est bien plus fidèle aux textes bibliques que l'idée d'une résurrection immédiate après la mort. Mais, très fier de nous gargariser de notre bibliquement correct et de repousser les superstitions de l'au-delà, nous oublions parfois à quel point cette résurrection globale est plus incroyable encore que la résurrection individuelle. Pensez donc, tous les hommes et les femmes de l'histoire se relevant à l'appel de Dieu : certes, il était possible de le concevoir dans le petit monde oriental, mais aujourd'hui à l'heure des 6 milliards et demi d'humains qui peuplent la terre, comment prendre au sérieux cette image pour chapiteau de cathédrale ?

Et pourtant, nous ferons bien de la prendre au sérieux !  Non pas au nom d'un refus de cette mort que nous craignons ou de l'espoir de retrouver ceux que nous pleurons mais parce que nous affirmons qu'à Dieu seul revient la gloire, que Dieu seul a du poids, de l'importance. S'il n'y a pas de résurrection, si la mort à le dernier mot, alors autant affirmer dans « A Dieu seul la gloire, enfin dans le cadre de ma vie », autant lui imposer deux entités supérieures : ma vie et ma mort. Bref, autant le dire tout de suite, je suis au-dessus de Dieu…

L'annonce de la résurrection finale n'est pas là pour me rassurer ; elle m'oblige à reconnaître la pleine réalité de la mort : rien de moi ne subsistera tant que Dieu ne me relèvera pas. Elle n'est pas là pour  me faire plaisir, elle m'impose de remettre en question mon individualisme, à accepter la pleine réalité de la mort. Elle me dit, qu'au dessus même de cette mort qui est ma limite ultime, il y a mon Dieu.

 

Pourtant, je crois que ces textes nous parlent de quelque chose d'encore plus important que cette résurrection. Ils nous parlent de ce qu'on appelle le Jugement dernier. Le problème avec ce mot de « dernier », c'est qu'il nous fait reléguer ce jugement à la fin des temps alors que ce n'est pas forcément le cas : jugement dernier, cela ne signifie pas le jugement de la fin mais le jugement au-delà duquel il n'y a pas de jugement, le jugement absolu ; Et ce jugement, si j'en crois Jean n'attends pas la fin des temps. Amen, amen, je vous le dis, celui qui entend ma parole et qui croit celui qui m'a envoyé a la vie éternelle ; il ne vient pas en jugement, il est passé de la mort à la vie. Quand Jean parle des morts dans ce passage, je ne suis pas certain qu'il ne parle que de ceux qui sont dans les tombeaux. Rappelez-vous du prologue : « La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres n'ont pas pu la saisir » Les morts ce sont ceux qui n'ont pas su saisir la Parole de Dieu, qui n'ont pas su reconnaître le Fils de l'homme : les morts, c'est l'humanité toute entière.

Oui, c'est là le Jugement dernier. Et, précise Jean, il est sans appel, l'homme ne peut pas se prévaloir de sa faiblesse comme d'une circonstance atténuante, parce que ce  le Père ne juge personne, mais il a remis tout le jugement au Fils. Qu'est ce que cela signifie ? Que celui qui nous juge est l'un d'entre nous, qu'il est aussi faible que nous mais que, contrairement à nous, il ne s'est pas montré rebelle à Dieu. Contrairement à nous, il a accepté d'être créature. Aussi faible que nous, en proie à la tentation lui aussi, il a fait le chemin inverse de nous : Dieu, il s'est fait créature alors que créatures, nous nous faisons Dieu… Et parce que nous refusons Dieu qui est vie, nous sommes morts et tout ce que nous croyons être notre vie n'est que mort : voilà ce qu'est le jugement dernier, ce jugement auquel nul ne peut échapper.

Et Paul ne dit pas autre chose : la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu, et que le périssable n'hérite pas l'impérissable. Ce n'est certainement pas en nous que nous trouverons la vraie vie…

Cette affirmation de notre mort, de nos  ténèbres n'est pas seulement une anthropologie abstraite, elle a une conséquence immédiate, très concrète : si nous reconnaissons dans ce jugement de Jésus Christ le Jugement dernier, le jugement absolu, comment pourrions-nous prétendre lui ajouter quoique ce soit ? Quand Dieu le Fils révèle notre rébellion et notre mort, prétendrons-nous être assez clairvoyant pour porter un jugement sur nos frères et sur nous-mêmes ?

Pourtant, n'allons pas croire que ce jugement a pour seul but de nous écraser et de nous interdire toute prétention.

Si Jésus, fils de Dieu, nous révèle nos ténèbres, s'il nous montre combien nous sommes mort, plus encore nous offre-t-il une planche de salut, LA planche de salut. En effet si Jésus est porteur du seul Jugement, c'est parce qu'il est le seul Vivant et s'il nous annonce notre mort présente, il nous annonce aussi notre vie à venir : "le Fils donne la vie à qui il veut".

 

C'est là qu'est vraiment la résurrection. Elle ne se limite pas à une promesse pour après la mort. Paul l'avait bien compris qui écrivait "Nous ne mourrons pas tous (et donc, nous ne ressusciterons pas tous) mais nous serons tous transformés". C'est la notre espérance de chrétien : non pas une promesse d'au-delà mais l'assurance que notre vie, dès maintenant, se trouve en Christ. L'assurance que nos doutes, nos peurs, nos haines, nos faiblesses, nos morts donc, ne nous font pas mourir, ne peuvent pas nous faire mourir, puisqu'ils sont morts et que notre rédempteur, celui qui nous fait vivre, est vivant.

Mon frère, ma soeur quand toute voix humaine, y compris la tienne, te condamne, quand la mort et le péché t'entraîne dans leur spirale, sois en assuré : ta vie est en Christ. Alors, pas de résignation mais une confiance humble et active. Nous n’avons pas besoin de gagner une espérance de résurrection, nous n’avons pas à redouter un séjour infernal post-mortem. Mais dès maintenant, nous pouvons échapper à notre enfer, dès maintenant nous pouvons entrer dans la vie, c'est-à-dire dans le mouvement et le mouvement vers l’autre. Dès maintenant Christ nous appelle à être, par lui, victorieux sur notre mort.

 

Qu'y a-t-il derrière la porte et qui nous attends déjà ? Qu'importe : au devant de la porte, il y a Christ et par Lui, en Lui, pour Lui, nous pouvons vivre. Maintenant.

 

Amen.

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À propos
Eric George

Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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M
Derriére la porte ( étroite ) s'ouvre un chemin étroit celui de la vie bien difficile à conquérir ! Je suis une catho , mais plutôt ouverte à toutes les religions ! jocomtesse
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E
<br /> Bienvenue ici, mais vous verrez vite que pour moi nous n'avons pas à "conquérir" le chemin de la vie...<br /> <br /> <br />
R
Amitiés d’un petit poète qui s’enquiert de toute lumière…et vous convie au partage des émotions…
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