25 Avril 2006
PARIS (Reuters) - Le Conseil d'Eglises chrétiennes en France a écrit au Premier ministre, Dominique de Villepin, pour lui faire part de son "inquiétude" sur le nouveau projet de loi sur l'immigration de Nicolas Sarkozy.
Parallèlement, le collectif "Uni(e)s contre une immigration jetable" a décliné une offre de dialogue du ministre de l'Intérieur, estimant qu'elle devenait inutile alors que le projet de loi est déjà "bouclé".
Nicolas Sarkozy doit défendre la semaine prochaine au Parlement un texte censé privilégier "l'immigration choisie" par rapport à "l'immigration subie" et qui durcit les conditions d'entrée et de séjour en France.
"Nous sommes toujours prêts à en débattre, mais pas dans de telles conditions. Ces questions requièrent un débat public, que seul le retrait (du texte) permettra", explique le collectif rassemblant des associations de défense des droits de l'homme.
Dans leur lettre au Premier ministre, le cardinal Jean-Pierre Ricard, président de la conférence des évêques de France, le pasteur Jean-Arnold de Clermont, président de la fédération protestante de France, et Mgr Emmanuel, de l'Assemblée des évêques orthodoxes, s'alarment du sort réservé à "tant d'hommes et de femmes à la situation fragile".
Concernant les sans-papiers, estimés à "plusieurs centaines de milliers de personnes", les responsables regrettent que le projet ne contienne que des dispositions visant à "restreindre encore les possibilités de régularisation".
"Ce signal restrictif nous inquiète dans la mesure où il ne pourra que maintenir dans la précarité administrative et sociale de trop nombreuses personnes", écrivent-ils.
Autre sujet d'inquiétude : les mesures visant à retarder le regroupement de familles étrangères et à laisser "des familles entières dans l'incertitude quant à leur possibilité de s'établir durablement en France".
Les responsables chrétiens déplorent également l'affaiblissement de la protection que la France doit, selon eux, aux demandeurs d'asile par l'établissement d'une liste des "pays d'origine dits sûrs".
De même, la généralisation du visa de long séjour ne trouve pas grâce à leurs yeux en raison de la "trop grande opacité" de sa délivrance dans les consulats de France à l'étranger.
Enfin, "la création de la carte de 'compétences et talents' risque d'entraîner une inégalité forte suivant les catégories de personnes", souligne la lettre au Premier ministre.
Un appel lancé lundi à l'initiative du Secours catholique, de la Cimade, du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD) et du Service national de la pastorale des migrants, invite les chrétiens à "rappeler que l'homme doit toujours être au coeur de nos choix et la loi toujours viser à protéger les plus faibles".
Il dénonce notamment la suppression de la régularisation après dix ans de présence habituelle en France et le durcissement des conditions du regroupement familial.
Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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