Le mérite des indulgences

Publié le 7 Février 2009

Une scène intéressante dans le film Luther : une mendiante est très fière de montrer au frère Martin l'indulgence qu'elle a acheté pour sa fille. Et celui-ci lui de répondre "Mais ça ne sert à rien." Regard furieux et surtout effrayé de la mendiante.
La scène est brève, elle souffre d'un dénouement à l'américaine, mais elle est là et elle suffit à sortir le débat des indulgences de la perpétuelle question financière.
Le mérite des indulgences c'est de répondre à deux désirs humains : agir et voir son action reconnue. Quand je me paye une indulgence, j'accomplis une bonne action et l'autorité ecclésiale me certifie que j'ai fait ce qu'il fallait. Me voici donc doublement rassuré. L'annonce de la grâce seule, en revanche, m'oblige à m'en remettre complètement à un autre que moi. Et celui qui me l'enseigne n'a d'autre autorité que sa foi. Un véritable saut dans l'inconnu...
Bref, indépendamment du problème des abus, les indulgences sont un bon choix politique : outre leur intérêt financier, elles offrent un réel réconfort au fidèle.
Seulement, la fidélité à l'Evangile est rarement un bon choix politique...

Rédigé par Eric George

Publié dans #Théo en culture

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M
La foi et/ou  les oeuvres !!Qui fait quoi ? Qui fait confiance à qui ?Ga 2,20  Je vis, mais ce n'est plus moi, c'est Christ qui vit en moi. Car ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et s'est livré pour moi.Amicalement <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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E
<br /> Nous sommes donc bien d'accord : Paul le dit on ne peut plus clairement ce n'est plus moi, c'est Jésus Christ. Du coup parler de participation, d'oeuvre méritoire ou de quoique ce soit du<br /> même genre est vain.<br /> <br /> <br />
F
Je ne crois pas que nous soyons en désaccord... Il est écrit : "Sans Moi, vous ne pouvez rien" et non pas : "vous ne pouvez pas grand-chose", non : RIEN, et je l'entends bien (j'ai si souvent - et encore ! - expérimenté le "c'est pour le néant, c'est en pure perte que j'ai usé de mes forces" d'Isaïe :). Mais. Sans notre accord, notre ouverture à Lui et notre "oui", peut-il quelque chose ? Ou nous force-t-il par divers moyens à donner ce que nous refusons, pour diverses raisons, de lâcher ?
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F
Bonjour, je suis catholique (39 ans, en route pour la confirmation :). Votre discussion me fait penser à ce qui m'"habite" en ce moment. J'avoue avoir du mal avec la conception de nombreux catholiques qui m'entourent (je ne connais pas de protestants à vrai dire) de la "charité" et des "bonnes oeuvres" (conception qui je crois suscite - peut être à juste titre - la "révolte" des athées (que j'ai été pendant 33 ans). Mon avis, c'est qu'on ne peut - ou difficilement - faire jaillir le BIEN de nous (j'entends par là : don GRATUIT et VRAI, sans attente d'un quelconque retour ou récompense... agape) sans la foi. La peur - peur de ne pas être aimé, pas reconnu, de ne pas correspondre, de manquer, de faire confiance, peur de la différence, peur d'échouer, de ne pas être à la hauteur...peurs existentielles diverses qui à mon sens rejoignent la peur de mourir - bloque tout ce qui a de meilleur en nous. Je compare un peu cela à une source que nos peurs et notre contrôle (manque de foi) empêcheraient de laisser JAILLIR. Bref, tout cela pour dire que les oeuvres sont plutôt une CONSÉQUENCE de la foi, elles ne se "forcent" pas comme on pourrait les faire pour se donner bonne conscience et dire "chuis sauvé". Biensûr, la volonté entre en jeu mais ce n'est pas une volonté "manipulatrice" ou une de nos dépendances "affectives"...c'est la Volonté de Dieu qui jaillit en nous. Bon, pas facile, l'être humain a toujours un regard sur lui-même quand il donne, nous avons besoin de l'Esprit saint... Donc pour moi, faux débat car les oeuvres sont indissociables - car conséquence - d'une vraie foi et ABANDON à Dieu ! En tous cas, ce qui me sauve, à moi, catholique, c'est lorsque j'arrive à quitter la dualité de mon mental qui compare et divise, et que j'écoute l'intelligence de mon coeur, celle qui unifie, met en rapport...ce lieu le plus profond de moi-même où Dieu me parle, me dit ma vérité et mon désir le plus intime, celui-ci en réel accord avec ma volonté et la Sienne. Travail de chaque instant.
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E
<br /> Hmm sur les oeuvres conséquence de notre salut, je suis complètement d'accord, bien entendu. En fait, à vous lire, nos deux seuls points de désaccords seraient que pour moi la dualité est<br /> impossible à quitter : elle est dans ma nature humaine : Je suis toujours à la fois pécheur et justifié et surtout que ce travail de chauqe instant dont vous parlez n'est pas mon travail mais bien<br /> celui de Dieu.<br /> <br /> <br />
B
I respectfully dissent. Les indulgences sont intéressantes en ce sens qu'elles montrent bien la divergence fondamentale entre le protestantisme et le catholicisme. Pour les protestants, on peut dire que seule la foi sauve. Nous les catholiques ne pouvons qu'acquiescer mais nous ne réduisons pas la foi à un sentiment une émotion. C'est aussi un acte, qui doit "s'incarner" dans le monde et donc se traduire concrètement par relation d'amour envers autrui. Vous noterez que dans les évangiles, sans cesse Jésus-Christ interpelle l'interlocuteur, lui demande d'exprimer sa foi (cf "ephata"), "pour vous, qui suis-je'. On peut même dire qu'il force l'homme à faire de sa foi un objet quasi tangible (le roc) sur lequel construire notre relation avec Dieu et avec autrui. On ne peut comprendre sans cela la notion d'indulgence. Bien sûr que le pardon de Dieu est totalement inconditionnel, en cela l'indulgence n'est pas obligatoire (perso, je ne l'ai jamais utilisé). Mais ça entre dans le cadre de la "pénitence". Après la confession, le prêtre me conseille de faire des actes qui ne sont pas en soi méritoires mais permettent de concrétiser l'expérience de la faute et du pardon.
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E
<br /> Hmm, tout d'abord Je peux vous opposer plusieurs paroles de Jésus qui n'obligent en rien l'interlocuteur à exprimer sa foi : "ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisi",<br /> "c'est impossible aux hommes, c'est possible à Dieu"...<br /> <br /> De plus, l'explication théologique des indulgences c'est quand même le pouvoir qu'a le pape de "puiser dans le trésor d'oeuvres méritoires des saints" afin de sauver les âmes perdues du purgatoire,<br /> bref, on est bien dans une notion d'un salut conditionnel, dépendant d'oeuvres méritoires et ça aucun protestant ne peut en effet l'accepter.<br /> <br /> Mais à vous lire, j'ai l'impression que vous ne l'acceptez pas non plus, et j'ai même l'impression qu'ici, nous sommes loin d'être en désaccord (hormi pour des questions de sacrement et de rôle du<br /> prêtre mais c'est un  autre débat) Pour les protestants, je devrai plutôt dire pour moi, en tout cas, ce n'est pas la foi qui sauve mais Jésus Christ. Sinon on risquerait effectivement de voir<br /> la foi comme une oeuvre humaine.<br /> En revanche, une foi en acte comme manière de vivre son salut, là, je suis assez d'accord. mais les indulgences, ainsi d'ailleurs que toute notion d'acte méritoire, vont à l'encontre de ce<br /> principe. Mais, tout protestant que je sois, je suis assez d'accord avec la lettre de Jacques, une foi dont ne découle pas une nouvelle manière de vivre est lettre morte (Il me semble que Luther<br /> avait mal compris la lettre, ou plutôt qu'elle lui avait été mal opposé.)<br /> .<br /> <br /> <br />
T
Il est vrai qu'il existe un côté rassurant dans les nombreux rites existant dans l'église catholique. Le prêtre, jouant le rôle d'intermédiaire entre le fidèle et Dieu, donne une dimension humaine, tangible, palpable, à la foi...Evidemment, il y a les abus... Je pense qu'une bonne part des dialogues oecuméniques pourraient être plus fructueux si l'on remettait dans leurs contextes diverses actions qui ont déchiré nos communautés...
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E
<br /> En fait, même en essayant de remettre les indulgences dans leur contexte, même en reocnnaissant leur mérite humain, je continue à affirmer qu'elles sont à l'opposé de l'Evangile. De même, je ne<br /> vois pas très bien quel dimension humaine il serait nécessaire de donner à la foi puisque Jésus Christ joue déjà pleinement ce rôle d'intermédiaire. Dieu qui se fait homme, c'est amplement<br /> suffisant, non ?<br /> <br /> <br />