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Une histoire de fou

Dans toute la ville, on raconte que Demetrius est devenu fou. Demetrius, moi, je le connais, je travaille pour lui. Demetrius est gardien en chef à la prison. Demetrius c’est un homme inquiet. Toujours soucieux, toujours en train d’avoir peur d’une évasion ou d’une rébellion de prisonniers, toujours en train de se demander si ses supérieurs sont contents de lui, toujours angoissé à l’idée de perdre sa place… Et comme il est inquiet, il est exigeant, dur même… Dur avec lui-même, dur avec les autres aussi. Dur avec nous qui travaillons sous ses ordres, dur avec ses prisonniers…

 Mais depuis un an déjà, Demetrius a complètement changé. Un jour on lui a amené deux prisonniers, deux juifs. Je ne sais plus ce qu’ils avaient fait… Je me souviens que le procès avait été rapide. A mon avis, ce n’étaient pas des criminels. Ils devaient plutôt déranger des gens influents. Enfin, bref, on les a jugés, on les a fouettés et on les a amenés à Demetrius en lui disant : « Surveille les bien ! » Alors Demetrius les a solidement enchaînés et les a enfermé au fond du cachot. Il est resté un moment à les surveiller. Ils chantaient et priaient leur Dieu. Ce qui m’avait surpris c’est qu’ils ne Lui demandaient pas de les libérer, ils se contentaient de dire combien il était grand… Bizarre non, dans leur situation ? En tout cas Demetrius s’est dit : « Avec ceux-là, on est tranquille, ils ne nous causeront pas de problèmes… ». Et il est allé se coucher.

 Et au milieu de la nuit, c’est un grand bruit qui l’a réveillé. Tous les murs bougeaient. La terre tremblait. Demetrius a bondit de son lit, il nous a appelé et nous nous sommes précipités vers la prison pour voir les dégâts. La prison était toujours debout mais la porte était grande ouverte. Fou d’inquiétude, Demetrius est entré. A l’intérieur, toute les portes étaient ouvertes aussi, toutes les grilles étaient tombées. Alors Demetrius a tiré son épée. En une nuit, tous ses prisonniers s’étaient évadés, tout le travail de sa vie était anéanti, il n’avait plus qu’à mourir. Il allait se jeter sur son épée. Quand une voix a retentit du fond du cachot : « Ne te fais pas de mal ! Nous sommes tous ici ! » C’était la voix d’un des 2 prisonniers juifs. Alors Demetrius a pris une torche, il est entré dans le cachot… Tous les prisonniers étaient là. Leurs chaînes étaient tombées, les portes étaient ouvertes mais tous, ils étaient restés là, autours des deux prisonniers juifs.

Alors Demetrius s’est jeté à leurs pieds en disant : « Moi aussi, je veux être sauvé ». L’un des deux juifs, il s’appelait Paul, l’a relevé et lui a dit : « Aie confiance en Jésus Christ et tu seras sauvé ». Demetrius a invité les deux juifs chez lui. Il a pansé leurs plaies, soigné les marques des coups qu’ils avaient reçu. Il leur a fait préparer un repas et il les a écouté. Ils lui ont raconté comme le Dieu unique a créé la terre. Comment pour libérer les hommes de leurs esclavages, ce Dieu unique nous a rejoint, comment il s’est fait homme en Jésus Christ. Il lui ont raconté comment ce Jésus Christ a été crucifié, mis à mort, et comment il a pardonné à ceux là-même qui le torturaient. Ils lui ont raconté comment Jésus, le Christ est ressuscité au bout de trois jours et comment il promet une vie nouvelle à quiconque le suit. Demetrius a dit : moi aussi, je veux suivre Jésus le Christ. Alors, ils l’ont baptisé, lui et toute sa famille, ils l’ont plongé dans l’eau et ils lui ont dit : tout ce qui te retenait loin de Dieu est mort avec Jésus, sur la croix, c’est noyé, englouti, et toi, comme Jésus est ressuscité des morts, tu peux renaître, tu peux commencer une vie nouvelle…

 Depuis ce jour, Demetrius fait partie de ceux qu’on appelle les chrétiens, les disciples de Jésus le Christ. Avec d’autres, il se réunit chez une certaine Lydie, ensembles, il prient, ils parlent de Jésus, ils reçoivent des lettres de Paul, vous savez le prisonnier et ils partagent le pain et le vin. En partageant ce pain et ce vin, ils se rappellent que c’est Jésus le Christ qui les fait vivre, et ils se rappellent qu’il est toujours avec eux…

Mais ce n’est pas ça, le plus surprenant, le plus surprenant, c’est que Demetrius a changé. Il n’est pas parfait, non ! Mais quand il regarde les autres, ce n’est plus avec peur, avec inquiétude, avec méfiance, quand il regarde les autres, c’est avec confiance, avec espérance, avec amour. Même nous, ses esclaves, il nous appelle «  mes frères ».

C’est pour tout ça qu’en ville tout le monde dit que Demetrius est fou. Et ils ont raison, mon maître est fou. Fou comme la croix où Dieu meurt pour sauver les hommes, fou comme le tombeau dont un mort se relève, fou comme l’amour qui va jusqu’au bout. Fou aussi comme l’histoire d’un gardien de prison délivré par ses prisonniers. Parce que peut-être que mon maître est fou, mais quand je vois son espérance, sa confiance, et quand je regarde ma vie, avec mes chaînes, avec mes peurs, mes angoisses, mes haines, mes rancunes, mes regrets… Je me dis que cette folie, moi aussi, j’aimerais la vivre. Je me dis que ce Jésus Christ, moi aussi, j’aimerai le suivre.

Prédication narrative

D'après Actes des apôtres XVI, 16 à 34

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À propos
Eric George

Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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