Rater sa vie, la réussir ou la recevoir ?
Publié le 20 Février 2009
Au cours d'une émission de télé, pour défendre le plan comm' de Nicolas Sarkozy, Jacques Séguéla déclare
"si à 50 ans on n'a pas une Rolex, on a raté sa vie", devenant la risée du Net. Je ne sais pas si Jacques Séguéla a une Rolex mais il a sûrement raté une belle occasion de se
taire.
Si le critère de J. Séguéla est risible, caricature extrême de notre soif d'avoir et de paraître, cette phrase malheureuse (mais peut-être calculée) me pose une question plus profonde : "ça veut dire quoi, réussir ou rater sa vie ?". Non pas "quels sont nos critères de ce qu'est une vie réussie ou ratée ?" mais plutôt pourquoi pensons-nous toujours notre vie en terme de réussite et d'échec ?
Aujourd'hui, notre naissance est, dans la plupart des cas, un choix qui n'est pas le notre (je veux dire
jamais notre choix et souvent celui de nos parents). Mais nos parents nous ont-ils donné la vie dans un but précis que nous pourrions rater ou atteindre ? Je n’en ai pas l’impression, de ma propre expérience parentale, je crois qu’avant même que se projettent les désirs de parents pour leur progéniture, il y a tout simplement un acte d’amour. Et même si ce n’était pas le cas, même si nos parents nous donnaient naissance dans un but bien précis, est-ce que la manière dont nous nous conformons à ces projets, ces désirs nous définiraient ?
Voyons nous notre vie comme une mission (je dois avoir une Rolex avant 50 ans, je dois changer le monde dans lequel je vis, je dois reproduire mes gènes) ou comme un cadeau ?
Je suis bien sûr que le fait de rater ou réussir sa vie ne dépend pas de ce que nous passerons à notre poignet, mais j'ai bien peur que l'homme soit condamné à poser sa vie en terme de but à atteindre (que ce soit transformer le monde ou avoir une rolex) au lieu de la voir comme un don, alors que c'est ainsi qu'elle prend précisément tout son sens.
Si le critère de J. Séguéla est risible, caricature extrême de notre soif d'avoir et de paraître, cette phrase malheureuse (mais peut-être calculée) me pose une question plus profonde : "ça veut dire quoi, réussir ou rater sa vie ?". Non pas "quels sont nos critères de ce qu'est une vie réussie ou ratée ?" mais plutôt pourquoi pensons-nous toujours notre vie en terme de réussite et d'échec ?
Aujourd'hui, notre naissance est, dans la plupart des cas, un choix qui n'est pas le notre (je veux dire
jamais notre choix et souvent celui de nos parents). Mais nos parents nous ont-ils donné la vie dans un but précis que nous pourrions rater ou atteindre ? Je n’en ai pas l’impression, de ma propre expérience parentale, je crois qu’avant même que se projettent les désirs de parents pour leur progéniture, il y a tout simplement un acte d’amour. Et même si ce n’était pas le cas, même si nos parents nous donnaient naissance dans un but bien précis, est-ce que la manière dont nous nous conformons à ces projets, ces désirs nous définiraient ?
Voyons nous notre vie comme une mission (je dois avoir une Rolex avant 50 ans, je dois changer le monde dans lequel je vis, je dois reproduire mes gènes) ou comme un cadeau ?
Je suis bien sûr que le fait de rater ou réussir sa vie ne dépend pas de ce que nous passerons à notre poignet, mais j'ai bien peur que l'homme soit condamné à poser sa vie en terme de but à atteindre (que ce soit transformer le monde ou avoir une rolex) au lieu de la voir comme un don, alors que c'est ainsi qu'elle prend précisément tout son sens.