Children of men, un chant de Noël

Publié le 7 Novembre 2006

En 2027, le monde est en émoi après l’assassinat d’un jeune homme. Il n’avait pas 19 ans. C'était le plus jeune représentant de l'humanité.
Voilà le point de départ de Children of men, un film de science fiction comme on en voit trop peu. Si vous aimez savoir le pourquoi du comment, s'il vous détestez les fins ouvertes, s'il vous faut une mise en scène trépidante, vous pouvez passer votre chemin.
Ce n'est pas non plus un film intimiste hein ! Disons qu'il se situe plus dans la lignée de Bienvenue à Gattaca que dans celle de Matrix.
Mais bon, le sujet n'est pas forcément une critique du film mais une (re)lecture théologique de celui-ci. (attention la suite contient des "spoilers" (révélations susceptibles de gâcher le suspens)
Tout d'abord, le portrait de l'humanité est résolument pessimiste. Elle n’est pas belle cette humanité qui, confrontée à sa fin proche, se déchire, les plus chanceux préférant protéger leurs privilèges contre les plus démunis tout en maintenant un confort illusoire. Et cette Angleterre momentanément préservée mais néanmoins condamnée qui pour maintenir son confort ferme ses portes aux réfugiés du reste du globe n'est pas sans rappeler la situation actuelle de notre bloc occidental. Elle n’est pas belle cette humanité qui, face à la naissance d’un espoir nouveau se replonge de plus belle dans les querelles intestines chaque clan voulant s’emparer du nouveau né.
Et pourtant cette anthropologie pessimiste (c'est mon gros mot préféré) n'empêche pas l'espérance. Une espérance qui se manifeste dans une scènes les plus fortes du film, les pleurs d'un bébé font taire le vacarme des canons et des fusils mitrailleurs. Dans cette scène, je retrouve l'argument qui m'a fait renoncer à l'adoptianisme que je professais. En effet, j'ai défendu un certain temps l'idée que l'Incarnation s'accomplissait au moment du baptême, que c'est à ce moment là que Dieu se faisait homme en Jésus.
Cette idée était tout à fait cohérente avec ma lecture de la Bible : dans les 4 évangiles, le ministère de Jésus commence avec son baptême et les 2 récits de l'enfance sont clairement des récits symboliques et théologiques. Mais c'est une paroissienne qui a fait s'effondrer ce bel édifice d'un seul argument : "Pour que Dieu soit pleinement homme, il faut qu'Il passe par la fragilité de l'enfance." Eh oui, l'enfant-roi d'aujourd'hui avait un peu tendance à me faire oublier qu'un enfant c'est d'abord incroyablement fragile. Cette faiblesse est d'ailleurs le point commun entre le nourrisson dans une mangeoire de Luc, l'enfant pourchassé de Matthieu et le crucifié. On retrouve à mon sens cette espérance si forte et si fragile dans Children of men : le salut de l'humanité est la fille (!) d'une clandestine prise au sein d'un conflit de pouvoir meurtrier. Et le film montre très habilement l'immense puissance et l'incroyable fragilité de cette espérance.
Je ne sais pas si le titre français Les fils de l'homme est volontairement théologique (fils de l'homme est le titre dont Jésus se pare dans les évangiles), mais il est certain pour moi qu'avant La nativité, Children of men est un film de Noël.

Rédigé par Eric George

Publié dans #Théo en culture

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