Vous avez dit "dîme" ?

Publié le 4 Juin 2010

Tu lèveras la dîme de tout ce que produira ta semence, de ce que rapportera ton champ chaque année.    Et tu mangeras devant l'Éternel, ton Dieu, dans le lieu qu'il choisira pour y faire résider son nom, la dîme de ton blé, de ton moût et de ton huile, et les premiers-nés de ton gros et de ton menu bétail, afin que tu apprennes à craindre toujours l'Éternel, ton Dieu. 

Deutéronome XIV, 22-23

 

A Londres les musées nationaux sont gratuits. Pourtant, vous y êtes accueillis par un gigantesque tronc et un appel à donner pour que le musée reste gratuit, 4 ou 5£ pour le British Museum, 1 ou 2 £ pour la National Gallery. Et on comprend très bien la raison de cet appel, un musée, cela coûte cher. Cela ressemble beaucoup au discours de notre Eglise : il est pour nous impensable de faire payer nos services mais ces services coûtent de l'argent. C’est l’idée que reflète notre discours sur le don et cela n’a rien de surprenant. Du point de vue de l'Eglise, les dons, ce sont des bâtiments que l'on peut entretenir, du personnel (principalement des ministres) que l'on peut former et rémunérer et bien sur des projets que l'on peut concrétiser. Et parce que l'Eglise, ce n'est pas seulement le pasteur, la trésorière ou le conseil presbytéral (pour ne parler que de l'échelon local), mais chacun d'entre nous, il est normal que nous nous réjouissions de l'abondance des dons qui nous ouvre des possibilités ou que nous nous inquiétions  de leur faiblesse qui ferme bien des perspectives.

Mais en tant que donateur que représente notre don ? Est-ce que je donne à l'Eglise comme je donne au British Museum, pour l'aider à se maintenir gratuite et fonctionnelle ? Est-ce que je donne à l'Eglise comme  la Croix Rouge où à n'importe quelle oeuvre humanitaire, dans un élan de solidarité ? Sans doute un peu des deux. Mais ne puis-je y mettre aussi une dimension spirituelle. Et si mon don était d'abord une offrande, un geste pour Dieu avant d'être un geste pour l'Eglise.

Offrande, c'est un mot qui  fait peur, à cause de ce qu'il véhicule. En effet, on considère encore trop souvent que l'offrande consiste à se priver de quelque chose à laquelle on tient pour s'attirer la sympathie de Dieu, ou tout du moins pour lui prouver notre reconnaissance. On pourrait acheter Dieu ? Le Dieu qui nous donne tout nous demanderait de nous priver ? Mais ce n'est pas comme ça que la Bible nous parle de l'offrande, Paul affirme que ce que nous donnons ne nous manquera pas. Dès lors comment pourrions nous l'envisager comme une privation ? Le Deutéronome  nous parle d'un grand repas partagé en famille.  Bien sur ce repas a une signification religieuse, bien sûr c'est pour Dieu que l'on « gaspille » ainsi un dixième du revenu. Mais puisque c'est celui qui offre qui mange, l'offrande est bien un geste pour nous.  Notre prodigalité est en notre faveur !

Dans cette vision biblique le don utilitaire et l'offrande sont réconciliés. C'est pour moi que je donne, pour avoir une Eglise plus vivante, des locaux mieux chauffés, plus de pasteurs et mieux formés. C'est pour moi que je donne, pour limiter les injustices, pour vivre dans un monde meilleur. Et c'est la volonté de Dieu que je donne pour moi !

Mais mon don est aussi une offrande, une prière. En donnant, j'affirme ma confiance en Dieu qui ne me laisse manquer de rien. En donnant, je quitte l'inquiétude qui me pousse à garder pour plus tard.

Que nos dons soient utiles à la vie de notre Eglise et que pour nous, ils deviennent offrande, signes extérieurs de richesse, témoignage de notre reconnaissance et de notre confiance.

Rédigé par Eric George

Publié dans #Petite théologie pas très sérieuse

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