3 Novembre 2005
"Je ne veux pas faire de prosélytisme..." Voilà l'équivalent moderne du "Je suis venu en paix". "Je ne veux pas faire de prosélytisme", c'est ainsi qu'un croyant qui se respecte doit commencer tout discours public. Parce que le prosélytisme, c'est mal...
Etrange, non ? L'étalage de publicités pour toutes sortes de produits a tellement saturé notre espace que nous n'y prétons même plus attention. Les politiciens consacrent leur énergie à nous convaincre de voter pour eux. Tout cela est accepté, normal même . Mais qu'un croyant vienne parler de sa foi et c'est le scandale : il fait du prosélytisme ! Il essaye de nous laver le cerveau !
Le prosélytisme est interdit. C'est ennuyeux parce que, justement, ce qui est demandé aux chrétiens, c'est d'évangéliser.
Evangéliser, mot terrible qui évoque les missionaires de jadis, un missel dans une main et un sabre dans l'autre, un verbe qui sent le bûcher, c'est ce que nous rappelle notre héritage anticlérical. Pourtant, évangéliser ça veut dire annoncer une bonne nouvelle. Annoncer, pas convertir de force, ni même faire croire, juste annoncer. Et pas annoncer le jugement dernier, les flammes de l'enfer ou la mort des pécheurs, juste annoncer une bonne nouvelle, de vie, de salut et d'amour. J'avoue, lorsque j'annonce l'évangile, j'espère que cette bonne nouvelle touchera des coeurs, changera des vies. Mais cette conversion, je sais qu'elle n'est pas de mon ressort. Je peux témoigner de ma foi pas la transmettre. Mon rôle de chrétien, ce n'est pas de convertir mais d'annoncer. Alors j'annonce l'Evangile, comme on a envie de faire connaître un livre ou un film qui nous a touché, comme on a envie de rendre public les meilleurs moments de notre vie. J'annonce l'Évangile en espérant qu'il sera Bonne nouvelle pour d'autre. C'est si terrible que cela ?
Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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