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Le protestantisme. La foi insoumise

Les réformateurs, Luther, Zwingli, Calvin, Bucer, Farel et d'autres encores, ont unanimement partagé la conviction qui résonne désormais au coeur du protestantisme : Dieu seul est Dieu ! Aucune institution ecclésiale, aucun pape, aucun clergé ne peut nous conduire à lui : C'est d'abord Dieu qui vient à notre rencontre. Aucune confession de foi, aucun engagement dans l'Eglise, aucune action humaine ne peut nous attirer la bienveillance de Dieu : seule sa grâce nous sauve. Aucun dogme, aucune prédication, aucune confession de foi ne peut nous faire connaître Dieu : seule sa Parole nous le révèle. Dieu n'est donc l'objet d'aucune transaction possible, sa grâce excède totue possibilité d'échange et toute mutualité. En protestantisme, Dieu est précisément Dieu en tant qu'il nous précède et reste insoumis à toute captation.

Raphaël Picon et Laurent Gagnebin

Présenter le protestantisme à travers son essence, sa pratique et son style, tel est l'objectif de Laurent Gagnebin et Raphaël Picon dans Le protestantisme. La foi insoumise. Mission accomplie : on voit très bien comment les principes du protestantisme s'articulent dans des pratiques et aboutissent à une façon d'être.
De plus, l'ouvrage présente d'autre qualité. Tout d'abord, l'indisensable partie historique est réduite à sa partie congrue. Ensuite, la pluralité du protestantisme est équitablement exprimée, nos deux théologiens libéraux tracent un portrait du protestantisme dans lequel le plus fondamentaliste des évangélique pourra se reconnaître. Enfin les différences et différends avec le catholicisme sont abordés sans langue de bois mais sans agressivité. L. Gagnebin et R. Picon soulignent simplement les incompréhensions qui ne peuvent manquer d'avoir lieu entre deux expressions si différentes du christianisme.
Si je dois vraiment formuler une critique, je dirais que les faiblesses et tentations du protestantisme aurait pu être un peu plus fouillées (elles sont tout de même évoquées).Mais si le protestantisme vous intéresse, si vous voulez mieux comprendre de quoi parlent les protestants lorsqu'ils parlent de grâce, d'amour, d'Eglise, de Bible, d'unité si vous voulez en savoir plus sur le sacerdoce universel, sur la simplicité et la liberté protestante, voilà une lecture d'été toute trouvée. C'est en poche, c'est pas très long et ça me paraît plutôt clair. Un glossaire, une chronologie, une présentation de quelques théologiens protestants et de quelques confession de foi  viennent agréablement clore le tout.

R. Picon et L. Gagnebin. Le protestantisme. La foi insoumise. Champs. Flammarion.

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Eric George

Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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T
...ben, oui, mais, les souvenirs, les sentiments,..et la raison !...c'est un peu nous, aussi.  Donc, si on ne dit pas dieu, on ne pense pas dieu, on ne pense pas à dieu...on fait quoi ?
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M
Toujours dans le même champ de réflexion :<br /> <br /> «Si Dieu est Dieu, il n’est pas Dieu»<br /> <br /> Car, si nous pensons « Dieu », viennent aussitôt des images, des concepts, des souvenirs, des sentiments qui font de Dieu l’objet de nos représentations et de nos affects.<br /> <br /> Week-end du 12 et 13 janvier 2008<br /> <br /> Avec tout ce que nous y apportons d’illusions, de peurs, de ressentiments, largement inconscients.<br /> <br /> Dieu comme Dieu ne peut advenir pour nous que si justement nous le laissons advenir, par-delà tout ce qui encombre notre relation à lui.<br /> Un week-end avec Maurice Bellet, théologien.<br /> <br /> Couvent de la Tourette<br /> Couvent Sainte-Marie, près de Lyon, dessiné par Le Corbusier.<br /> route de la Tourette<br /> 69210 Éveux<br /> France
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M
J'aimerais bien également qu'on discute de ce texte. Pour une catholique aussi, Dieu seul est Dieu (ou, pour reprendre l'exclamation du très catholique Maurice Clavel, Dieu est Dieu,nom de D… !) et c'est d'abord Dieu qui vient à notre rencontre. Grégoire de Nysse affirmait déjà au 4ème s. que la connaissance de Dieu dépasse les possibilités humaines http://jesuscr.free.fr/gregoire_nysse.htm mais nous pouvons "connaître" Dieu justement dans la mesure où Il s'et révélé dans sa Parole, la Bible certes mais surtout Jésus, vrai Dieu et vrai homme. Dieu n'a pas négligé pour se faire connaître les médiations humaines avec leurs limites et leurs imperfections au risque d'apparaître parfois sous un jour "surprenant" et un peu trop humain justement (voir le Dieu vengeur de l'ancien testament). <br /> <br /> Pourquoi les négligerait-Il aujourd'hui ??<br /> <br /> Très fraternellement
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E
Il est évident que le catholicisme romain et le protestantisme restent plus proches qu'ils ne sont différents. Après tout, notre base commune est bien plus forte et incroyable que nos divergences.Cependant, il me semble que dans le catholicisme, la participation humaine au salut deDieu joue un rôle plus important que dans le protestantisme.De plus, je n'entends pas du tout le célèbre "Dieu est Dieu non de D..." de Clavel commele "Dieu seul est Dieu" de Picon. En fait, Dieu seul est Dieu signifie Dieu seul est absoluJe vois donc dans cette affirmation une contradiction directe avec le refus de Benoit XVI de la dictature du relativisme. Pour les protestants, tout est relatif à part Dieu lui-même, c'est pourquoi aucune institution, aucune Eglise, aucun pape ne peut prétendre à l'infaillibilité.Bien sûr que Dieu choisit de passer par des témoins humains (je garderai le terme de médiation au suel Jésus Christ) mais ces témoins restent justement faillible, contestable et donc relatifs...