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"Va et ne pèche plus" : halte à la récidive ?

Alors les scribes et les pharisiens amènent une femme surprise en adultère, la placent au milieu et lui disent : Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes : toi, donc, que dis–tu ? Ils disaient cela pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus se baissa et se mit à écrire avec le doigt sur la terre. Comme ils continuaient à l’interroger, il se redressa et leur dit : Que celui de vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre ! De nouveau il se baissa et se mit à écrire sur la terre. Quand ils entendirent cela, ils se retirèrent un à un, à commencer par les plus âgés. Et il resta seul avec la femme qui était là, au milieu. Alors Jésus se redressa et lui dit : Eh bien, femme, où sont–ils passés ? Personne ne t’a donc condamnée ? Elle répondit : Personne, Seigneur. Jésus dit : Moi non plus, je ne te condamne pas ; va, et désormais ne pèche plus

.
Au cours de notre longue discussion sur l’homosexualité (je penserai à reprendre un thème aussi racoleur lors de la prochaine baisse d’audience) j’évoquais qu’il me paraissait toujours dangereux d’insister sur ce que devait être la vie après la conversion sans retomber dans un discours légaliste. En effet, je crois que la conversion est un événement personnel provoqué par la grâce et que le converti sait très bien sur quel chemin il est appelé à s’engager. Je voulais dire par là que lorsqu’on fait suive une annonce de la grâce par une description détaillée de la vie nouvelle à laquelle la grâce nous conduit, on court le risque que certains essayent par eux-même de vivre cette vie nouvelle sans passer par la case réception de la grâce, bref, lisent la nouveauté de vie offerte comme une loi à suivre.
Je n’ai sans doute pas été assez clair puisque Matthieu m’a posé la question : Jésus a-t-il été légaliste en disant à la femme adultère « Va et ne pèche plus » ?
Intervention qui m’en a rappelé d’autres se référant au même texte.
Mais tout d’abord je vais, enfin, répondre à Matthieu.
Non Jésus n’est pas légaliste pour deux raisons simples. Tout d’abord il ne parle pas de la grâce à des gens qui ne l’ont pas reçue ni vécue mais à quelqu’un qui vient de la recevoir. Ensuite, Jésus ne donne pas à la femme adultère un carnet de route très détaillé. « Ne pèche plus » c’est bien trop vaste pour pouvoir être pris comme une loi. Nous savons bien que la femme n’est pas devenue ensuite exempte de tout péché. En fait Jésus ne fait que formuler ce qu’elle savait déjà, ce que tous ceux qui ont vécu, à un moment où un autre, le pardon de Dieu dans leur vie : ce pardon n’est pas une marque de faiblesse qui incite à la récidive. Celui qui se dit « Puisque je sais que je serais pardonné par Dieu, je peux faire tout ce que je veux » n’a assurément pas réellement reçu ce pardon, il n’a pas vécu la puissance de la grâce de Dieu.

Mais cette intervention de Matthieu m’a aussi rappelé d’autres réactions lorsque j’évoquais le caractère absolument inconditionnel de la grâce de Dieu. Réactions qui en substance disaient « Mais quand même Jésus a bien dit à la femme adultère : « Ne pèche plus » ». En effet, et alors ?
Prendre ce « va et ne pèche plus comme une condition du pardon me paraît être un contresens complet. C’est lire ce texte, au mieux comme si Jésus disait à la femme adultère : « Allez si tu promets de ne plus recommencer, je ne te condamne pas », au pire comme s’il donnait à la femme adultère une condamnation avec sursis, comme si la femme adultère devait être lapidée à la prochaine incartade…
Or ce n’est pas du tout l’esprit du texte. La chronologie de l’épisode ne laisse aucune ambiguïté.
1) Péché.
2) Rétribution du péché par la mort au nom de la loi.
3) Réfutation des juges qui ne sont pas qualifiés pour condamner (rappel que nul homme n’est juste devant Dieu et que personne n’est donc habilité à condamner son frère)
4) Refus de juger par le seul qui en aurait le droit. Parole de grâce
5) Exhortation (Va et ne pèche plus)
L’exhortation finale ne peut donc absolument pas être lue comme une condition au pardon. Elle dit simplement ce que provoque la grâce. La femme adultère ne doit pas changer de vie pour être pardonnée, mais parce qu’elle est pardonnée, une vie nouvelle lui est offerte. D’ailleurs on trouve ce «ne pèche plus » à un autre endroit de l’évangile de Jean, c’est la parole adressée au paralytique de la piscine de Bethzatha (Jean V, 14). Parole d'ailleurs surprenante puisque Jésus renchérit "De peur qu'il ne t'arrive quelque chose de pire". Seulement Jean révèle que Jésus ne partageait pas la croyance de ses contemporains selon lesquels le handicap était une conséquence du péché (Jean IX, 3), je vois plutôt cette phrase comme une affirmation qu'il existe pour l'homme des esclavages pire que le handicap ou la maldie... Cette exhortation est donc une parole de guérison et de délivrance plus que de menace. C'est aussi l'affirmation que si la grâce est inconditionnelle, elle n'est pas sans conséquence.

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Eric George

Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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T
ah que non que non, mille excuse, mais là quand j'ai écrit cela, je n'avais pas encore lu l'article en question... ...au temps pour moi et mea culpa...<br /> (article auquel je n'ai pas répondu dans l'immédiat, pour éviter le genre d'erreur que j'ai commise là juste au-dessus...)
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T
évitement maximal enclenché. soit. je note.
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E
Je vois, reprendre vos question dans un seul et même article et y répondre l'une après l'autre, c'est de l'évitement maximum, pour vous... Eh bien arrêtons l'angélisme. Votre stratégie de déstabilisation pourrait fonctionner assez bien  à l'oral mais sur des commentaires de blog, nosu sommes quand même dans de l'écrit et n'importe qui peut relire et se rendre compte que j'ai répondu à vos questions. http://miettesdetheo.over-blog.com/article-11139567.htmlMais bon, il est effectivement plus sage d'arrêter là...
T
Ah, oui, et puis, (question subsidiaire, vous pouvez traiter la première d'abord, ce sera déjà bien) :...Jésus, là...il est venu pourquoi, au fait?pas besoin de venir ; pas besoin de lui ; lui ou un autre, du pareil au même ; il a jamais fait que reprendre les mêmes lieux communs que tous ses prédeccesseurs de toutes les époques ;  il nous a dit d'être gentil mais lui-même a été un brin trop excessif donc il ne faut même pas suivre son exemple en vrai......mais qu'est-ce qu'il est venu fiche chez nous ?   c'était qui, d'abord, au final ?
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E
Je vais préciser tout de suite que j'ai répondu plus haut...
T
"vous perdez votre temps et, à mon avis, vous vous trompez de Dieu."Ben...non, puisque de toute façon quoi que je fasse je vais vers Lui...ou alors non?Bon, heu, vous dites un truc, puis le contraire...on pourrait être clair, là, ça finit par être très confus...   Et puis, si vous pouviez répondre aux questions ; s'il vous plaît.  Tourner autour, avec des périphrases abstraites pour que le mal ne soit pas le mal mais que tout de même croire en dieu ça ait encore vaguement l'air de quelquechose...bon, je veux bien (encore une particularité protestante ?) (non, je vous rassure tout de suite, c'est une base assez fondamentale de dialogue oecuménique  :-),mais la réponse à mes questions, maintenant.  S'il vous plaît. (si par les "valeurs retrouvées dans toutes les cultures" vous voulez parler des diverses techniques pour trucider son prochain,le droit de vie et de mort des parents sur les enfants nouveaux-nés,   l'utilisation d'une caste d'esclaves plus ou moins consentante,    l'idée que certains sont de plus grandes valeurs que d'autres du seul fait de la caste dans laquelle ils sont nés......alors, oui, je suis tout à fait votre propos,  oui, effectivement,  ce slont là des valeurs que l'on retrouve de façon assez récurrente dans toutes les cultures.  (avec quelques variantes, certes : la caste la plus basse sevira, selon les latitudes et les époques, à effectuer les corvées ou à gagner son ciel en leur faisant l'aumône ou à fêter le retour de Popocatépoetl en leur arrachant le coeur...)D'accord.   On retrouve tout ça dans toutes les cultures, une sorte de fond commun inné. ok. je vous suis.Et...donc? qu'est-ce que je suis sensé en conclure ?  Je ne vois même pas trop bien le rapport avec ce qui précède...  Que l'on pille, massacre, viole, tue, égorge, exploite, use, abuse, ...ses semblables, si ça nous chante pourquoi pas,  de toute façon ça revient au même que de les aimer et les sauver - oui? si j'ai bien suivi c'est ça, non?(je ne vois pas bien ce que vous essayez de me dire à travers ces exemples...)
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E
Ben c'est des questions faciles puisque j'y ai déjà répondu... Je regroupe mes réponses dans l'article "Le salut par la grace seule et la finalité des oeuvres (vous me dites si j'oublie une question)Je vous fait confiance pour reconnaître qu'une réponse est une réponse même si vous n'êtes pas d'accord avec...
T
non. pas "rétribution". pas vraiment "punition". Je ne pense pas avoir, à quelque moment que ce soit, exposé de logique comptable ou de système de tri.   J'aurais don du mal à dire où me trier.  D'autant plus que : non. Pas l'homme qui se sauve lui-même. Nous sommes d'accord jusqu'à un certain point : l'être humain ne peut se sauver lui-même. soit.  Et oui, en passant de "l'homme accepte ou refuse l'amour de Dieu" à "oh ben donc c'est l'homme tout seul qui se sauve", vous oubliez juste un petit détail : accepter n'est ps agir.  Si je suis suspendu au-dessus du vide, à 2 (voire 1/2) doigts de tomber, et qu'un ami me tend à ce moment une main secourbale, et me tire à la force de ses bras (moi tout ankylosé, je ne peux plus bouger, un seul mouvement me précipiterait dans l'abîme),  je peux encore refuser, tout laisser tomber, voire peut-être par orgueil refuser toute aide, vouloir à tout prix m'en sortir "par moi-même", ne pas saisir la main tendue, et aller m'écraser au fond du gouffre.   Pour autant,  ça ne me permet pas de dire, si j'accepte cette main tendue, "oui ben merci mais heureuseument que j'ai accepté ton aide, dis, en un sens, c'est moi que je me suis sauvé tout seul"  :   ça n'a pas de sens.     Donc, oui, comme la brebis coincée qui ne peut pas se dégager toute seule, tout ça, oui, comme le fils grognon que le père retourne voir : j'ai bien dit qu'Il y retournait toujours.   Mais on voit aussi que ceux qui refusent même ce père revenant encore et encore vers eux.....ben, tombent, là, pour le coup.    Enfin, c'est bien plus que "je suis aimé quoi que je fasse".  Je demandais : quoi que nous fassions, quelle que soit la vie que nous menions, donc, d'après vous, ça ne change rien : rien de cela ne nous change, nous, rien de cela ne change notre fin.  Rien de cela ne nous fait aller dans une direction plutôt qu'une autre.   Aucune voie ne pourrait, finalement, prétendre se diriger "plus" vers Dieu que d'autres, aucune ne s'En détourne, toutes aboutissent au même but.   Donc, comme je demandais, et comme vous vous gardez bien de répondre (alors non, essayer de faire mine de ne pas comprendre la question ça ne constitue pas une réponse) (transformer la discussion non pas dans sa forme mais dans son sens, pareil)  :  il n'y a pas de mal ?   Si rien n'éloigne de Dieu, il n'y a pas de Mal.  Si tout abouti à la même fin, tout se vaut. Ou alors dite moi sur quoi se fonde la valeur des actes,   et ce que signifie une telle valeur plus ou moins arbitraire, du coup.     Je demandais juste : qu'est-ce qui ferait dire que tel ou tel acte soit "bon" ou "mauvais", ou "mieux" ou "à éviter" ?     Non, pas "on voit bien que" ou "on est tous d'accord que" : ça, ça dépend de l'humeur du jour, de la culture et de la mode du moment.     Qu'est-ce qui fait que, je ne sais pas, tuer ou tromper ce serait mal?  si sur le moment j'y éprouve du plaisir, du soulagement, si ça permet de me sentir mieux,  si ça me permet de trouver sur quoi fonder un projet de vie stable et durable ?    pour quoi et pour qui devrais-je être honnête, lent à la colère, ou que sais-je encore ?   non, pas pour moi : y a des fois où c'est beaucoup mieux de ne pas l'être.Non, mais concrètement, est-ce qu'il y a le bien et le mal, et est-ce que certaines conduites, certains actes, valent mieux que d'autres ? et pourquoi ?  Pourquoi adopter une conduite plutôt qu'une autre ?Pas en termes de rentabilité, de rétribution,  de punition,  de bons points,  de karma....en terme de sens ; de signification  ;   de valeur propre.  Je ne vois pas trop où vous voyez parler de peur (à moins de transformer des propos selon une idée préétablie de la théologie catholique plutôt que d'après ce qu'on lit, ce qui permettrait d'éviter la question tout en sauvegardant la forme gentille  -   mais jamais je ne me permettrais de croire que vous vous adonneriez à ce genre de pratiques).   C'est plus de signification et de pratique, qu'il s'agit. Pas d'efforts=plus facile.   Si je peux arriver sans efforts, plus facilement et avec plus de plaisir, à la même fin, autant me le dire tout de suite.ou autant éviter la question oui, aussi...
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E
Bon me voilà rassuré sur la peur, je trouvais que vous parliez beaucoup d'enfer, de conséquence désastreuse et tout ça...Nous revoilà donc à la différence classique entre catholiques et protestants : si j'ai dit que pour vous l'homme était son seul sauveur, alors je m'en excuse. En revanche il me paraît clair que, pour vous, Dieu partage sa souveraineté avec l'homme alors que pour moi, non. A mon avis, on peut en rester là puisque j'imagine que votre but n'est pas de me convertir au catholicisme et que je ne pense pas vous faire passer à la réforme.Quant à votre question, plusieurs points1) Il y a une différence énorme entre affirmer "rien ne nous séparera de Dieu" et "rien n'éloigne de Dieu". Bien sûr que plein de choses m'éloigne de Dieu, simplement j'affirme que toujours Dieu m'indiquera la voie pour revenir à lui (la Loi et qui si je ne revenais pas (par incapacité ou par mauvaise volonté), c'est Lui qui viendrait à moi (la grâce)... Donc bien sûr qu'il y a du mal mais il sera vaincu.2) Vous allez un peu vite en affirmant que les valeurs humaines dépendent de l'humeur du jour. Il me semble que pas mal d'anthropologue ont clairement établis qu'on trouvait dans toutes les cultures des interdits identiques... Pour ma part, je ne crois pas que l'athéisme conduise nécessairement à l'immoralisme et je ne crois aps que la caractéristique essentielle de la foi soit de donner des valeurs.3) Maintenant, puisque je suis chrétien, je reconnais comme véridique la manière dont Jésus Christ nous propose de mener notre vie : la règle d'or et l'amour du prochain. Le truc, c'est que ni la règle d'or, ni le commandement d'amour du prochain ne sont propres à Jésus Christ, on les trouve tous deux dans d'autres cultures. Ce ne sont donc pas des valeurs spécifiquement chrétiennes et on n'a pas besoin de Jésus Christ pour les suivre.4) En revanche l'Evangile me dit aussi que ce n'est pas mon respect de ses valeurs qui provoque mon salut ni qui fait que Dieu m'aime.Alors encore une fois, oui vous êtes aimé de Dieu et sauvé par cet amour quoique vous fassiez. Si ce que vous faites, tout ce dont vous vous privez, vous le vivez comme une contrainte en vue de ce salut, effectivement vous perdez votre temps et, à mon avis, vous vous trompez de Dieu. En revanche, si conscient de l'amour de Dieu pour vous, votre obéissance est la manière dont vous vivez ce salut dès aujourd'hui, c'est une autre histoire...