9 Février 2006
"A faire douter le pape et le Grand Rabbin !" s'exclame un journaliste à propos de L'invention du monothéisme de Soller. Affirmation d'autant plus curieuse que Soller sait et écrit lui-même que sa thèse ne vient en rien infirmer (ou confirmer) la foi. Je renonce à me demander si ce journaliste a lu le livre qu'il commentait mais ce genre d’affirmation racoleuse est véritablement nuisible à l'étude critique de la Bible aujourd'hui.
En effet, certains croyants la voient comme un véritable danger pour leur foi. Comme si montrer que certains textes ne sont pas à recevoir comme des textes historiques ou scientifiques leur retirait toute valeur. Comme si affirmer que les rédacteurs des textes biblique écrivaient en fonction de leur culture, de leur vision du monde, de leur foi, revenait à enlever toute validité à leur témoignage.
Bien sûr, cette lecture critique semble donner des armes à ceux qui voudraient voir disparaître la foi. Mais n’est-ce pas le sort de toute science de se voir constamment défigurée à coup de simplifications extrêmes ? Et puis, ceux qui prétendent prouver la bêtise des croyants en utilisant les recherches de spécialistes qui confessent ouvertement leur foi, prouvent-ils vraiment autre chose que leur propre sottise ?
Bien sûr, cette lecture critique est difficile, souvent profondément dérangeante. Mais n’est ce pas là le rôle des textes bibliques : Nous révéler un Dieu que nous ne pourrons jamais faire à notre image, enfermer dans nos représentation. La lecture critique est un moyen de lutte contre l’idolâtrie.
Alors oui, j’ai de la Bible une lecture critique et croyante.
Je ne crois pas que Samson ait fait s’effondrer sur lui le temple de Dagon, je ne crois pas Jonas ait séjourné dans le ventre d’une baleine mais ces récits sont porteurs d'une vérité bien plus profonde. Ils me disent l’alliance de Dieu avec son peuple, ils me disent le projet de Dieu pour le monde. Cette alliance, ce projet, au delà de toute raison, j’y crois. Ce ne sont pas les miracles, les guérisons, la multiplication des pains, la marche sur l’eau ou la traversée de la Mer Rouge qui m’importent mais le message dont ils sont les signes. Au delà de toute logique, je crois en Dieu qui vient à nous, nous libère, nous guérit et nous sauve.
La lecture critique me permet, au-delà de l’anecdote, de comprendre le sens profond du texte. La prière me permet de le recevoir et de le vivre. Ainsi la foi et l’intelligence ensemble me font-elles avancer.
Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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