Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Chrétiens et païens

Les hommes vont à Dieu dans leur misère

Et demandent du secours, du bonheur et du pain

Demandent d'être sauvés de la maladie, de la faute et de la mort

Tous font cela, tous, chrétiens et païens

 

Des hommes vont à Dieu dans sa misère

Le trouvent pauvre et méprisé, sans asile et sans pain

Le voient abîmé sous le péché, la faiblesse et la mort

Les chrétiens sont avec Dieu dans sa Passion.

 

Dieu va vers tous les hommes dans leur misère

Dieu rassasie leur corps et leur âme de son pain

Pour les chrétiens et les païens, Dieu souffre la mort de la croix,

Et son pardon est pour tous, chrétiens et païens

 

Dietrich Bonhoeffer,

Prison de Tegel, été 1944

 

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
À propos
Eric George

Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
Voir le profil de Eric George sur le portail Overblog

Commenter cet article
T
Merci pour les precisions Eric, c'est plus clair comme ca et on s'est finalement compris...
Répondre
T
Ce poème est admirable et bouleversant.Bouleversant car Bonhoeffer est né "au mauvais endroit et au mauvais moment". Il faut être bien courageux pour vivre une destinée pareille et pourtant garder au cœur une telle beauté.Admirable car c’est précisément vers la perception qu’il existe un Amour dont nous sommes tous aimés, vers cette foi-là, que nous conduit notre propre spiritualité. Quelle que soit la religion qu'on ait, si tant est qu'on en ait une, car c'est peut-être avant tout une question de cheminement intérieur... <br /> S’il existait une machine à remonter le temps, et qu’on vous donne un ticket gratuit pour rencontrer un grand personnage de l’Histoire, qui choisiriez-vous ? Pendant longtemps, j’aurais choisi Hitler ou Napoléon, en tous cas un assassin notoire de cet acabit, car j’étais obsédé par une volonté de comprendre « leur point de vue », pour essayer de comprendre la « rationalité » de la folie des « grands hommes ». Aujourd’hui j’ai compris qu’il n’y a rien d’éclairant à essayer de comprendre cette folie. Aujourd’hui j’irais bien rencontrer Jesus ou Siddhartha.
Répondre
E
Heureux que le poème vous touche même si c'est précisément sur la question du cheminement intérieur que nous différons... :o)<br /> C'est avec chrétiens et païens que j'ai découvert Bonhoeffer pendant mes études en théologie, et j'ai aimé cette distinction que je trouvais justement exempte de tout jugement de l'autre, de toute morale. Tout récemment j'ai découvert "Qui suis-je ?" (précédemment cité) qui me touche peut-être encore davantage...<br /> Plus de précisions sur Bonhoeffer dès que j'aurais lu sa récente biographie
T
Ah non moi c'est la deuxieme strophe qui me gene, celle ou "les paiens" sont exclus... on dirait que seuls les chretiens sont capables de compassion...
Répondre
E
D'accord, après notre discussion d'hier, je crois que je comprends où est l'ambiguïté. En fait le but du poème de Bonhoeffer n'est pas de parler de l'attitude face à la misère et certainement pas de dire que les chrétiens sont capables d'une compassion dont seraient incapable les païens. Ce qui est important dans la deuxième strophe ce n'est pas que les chrétiens voient la misère de Dieu, c'est que les chrétiens reconnaissent Dieu malgré sa misère et sa faiblesse. Et c'est cette reconnaissance de l'abaissement de Dieu qui, sans jugement moral aucun, effectivement ce qui distingue la foi chrétienne.
T
C'est pas un peu moralisateur ca quand meme? Gentils chretiens , mechant paiens... meme si nous seront tous sauves... ouf...
Répondre
E
Ben il me semble que le "gentil chrétien/ méchant païen" est uniquement dans ta tête : il n'y a aucun jugement moral sur l'attitude religieuse de l'homme dépeinte dans la première strophe, c'est ce que chacun attend de Dieu. Bonhoeffer ne dit aucunement que c'est mal et il précise "tous font cela, tous, chrétiens et païens"... De plus il dit clairement à la fin que "Dieu rassasie leur corps et leur âme de son pain", bref l'attente humaine n'était pas si idiote..<br /> C'est amusant et assez révélateur (en tout cas, ça illustre parfaitement ce que je dis habituellement sur l'humain et son rêve de contrôle et d'autonomie) que tu penses que c'est mal d'attendre quelque chose de Dieu... ;o)