7 Octobre 2006
Quand un agriculteur de Normandie déplore, ces jours-ci, le manque d'eau, il est évident que pour le peuple hébreux, tellement dépendant de la terre, la sécheresse ne peut que se lire comme une véritable malédiction.
Et pourtant voilà que la sécheresse s'assimile à la soif de la parole de Dieu, voilà que se développe une théologie du manque. Notre terre se crauqèle et devient friable. Si nous nous tournons vers Dieu, c'est que nous sommes faibles et sans force. Si le fils prodigue revient vers la maison paternelle, c'est qu'il risque de mourir de faim. Nous n'aimons pas beaucoup cette affirmation pour deux raisons. Tout d'abord, comme tout le monde, nous préférons bien souvent, nous montrer dans notre force, dans notre gloire. Deuxièmement, cette affirmation nous évoque sans doute un peu trop une accusation des athées : " c'est parce que tu es faible, parce que tu as peur que tu te tournes vers Dieu. Tu t'inventes une religion qui te rassures." La première partie de l'accusation me paraît assez vraie. Oui, je me tourne plus facilement vers Dieu lorsque je suis fragilisé, angoissé ou dans l'attente. (C'est dans la deuxième partie de l'accusation que les athées se trompent : Dieu ne répond pas à mes attentes, il ne comble pas mes désir, ma foi suscite sans cesses de nouvelles questions)
Aussi, la sécheresse, ma sécheresse n'est plus une malédiction qui m'accuse et me culpabilise (qu'ai-je fais pour mériter celà), elle est l'état, la situation qui me permet de me décentrer et de me tourner vers l'autre et vers Dieu.
Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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