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Petit plaidoyer contre la confirmation

Petit plaidoyer contre la confirmation

Parce que le baptême est important, parce que les mots ont un sens, je reste réticent à l'emplois du terme "confirmation", une explication...

Lors de la Pentecôte 1985 (?), avec quelques copains, nous recevions une gifle de l’Evêque de Nancy pour notre confirmation (pour mes lectrices et lecteurs qui l’ignoreraient, j’ai grandi et découvert Jésus Christ dans l’Eglise catholique). On nous avait parlé lors de la préparation d'un "Sacrement de l'Esprit". Je n'y avais rien compris. Mais je savais que malgré mon milliard de questions et de refus, je croyais et que cette foi était importante pour moi.

Une douzaine d'années plus tard, je suis pasteur de l'Eglise Réformée de France. Ma confirmation a été une étape positive de ce chemin mais je suis toujours un peu embarrassé pour expliquer, pour parler de ce temps aux jeunes. Pourquoi ce mot ? Qu'est-ce qu'on confirme au juste ? Et, au cours d'une discussion, un prêtre me dit qu'à la base, la confirmation, c'est la confirmation par l'évêque du baptême célébré par les prêtres, ses auxiliaires. Et enfin, la confirmation prend tout son sens. Dans l'Eglise catholique romaine. Mais moi, pasteur de l'Eglise Réformée de France (à l’époque), je bascule du malaise à l'opposition franche au terme de confirmation.

D'abord au nom de l'importance que j'attache au baptême. Le baptême d'un enfant ou d'un adulte est proclamation que l'amour de Dieu nous précède toujours. « Quoique tu fasses, quoi que tu aies, quelle que soit ton histoire, tu es aimé de Dieu ». Cette affirmation n'a pas besoin d'être confirmée. En baptisant, l'Eglise obéit à un ordre qui la dépasse. Je ne vois pas très bien quel besoin elle aurait de confirmer, de renforcer ce geste. Mon principal reproche envers ce terme de confirmation c'est qu'en sous-entendant que le baptême doit être confirmé, il en amoindrit la puissance.

On me rétorque parfois qu'à la confirmation, on confirme les engagements pris lors du baptême... Mais d’une part, je rends grâce chaque jour que l’amour de Dieu pour moi ne dépende pas de la tenue de mes engagements… Et puis, dans nos liturgies, on demande aux parents de s'engager à prier pour leur enfant, à lui parler de son baptême. Je n'ai jamais entendu demander à un confirmand si ses parents ou son Eglise avaient bien fait le boulot...

On me reprochera de pinailler sur les termes. C’est sans doute là mon moindre défaut, mais je trouve dangereux et dommage d’utiliser un terme, juste parce que c’est ce mot-là qu’on a toujours employé, sans réfléchir à ce qu’il induit. Dangereux parce qu’aujourd'hui, l'absence de confirmation vaut généralement annulation. Sans confirmation de la SNCF, je peux légitimement me demander si mon train partira… Sans confirmation, mon baptême reste-t-il valide ? Et je trouve dommage, de nourrir, chez les jeunes, l'idée que les mots de l'Eglise ne veulent rien dire.

Bien sûr, je crois important de marquer une étape d'un parcours de foi, de signifier publiquement aux jeunes qu'à la fin d'un parcours de caté, ils prennent une place différente dans l’Eglise et de les encourager à témoigner devant elle, de leur foi, de leur espérance, de leur questionnement. Mais quitte à puiser dans un vocabulaire partagé avec l'Eglise catholique, je préférerais qu'on prenne une expression qui a un sens et que l'on parle de profession de foi.

J’ai bien conscience qu’avec cet article, je m’élance contre un moulin à vent. Mais, la posture de Don Quichote n’est pas pour me déplaire. Et ces derniers temps, ce moulin à vent m’a paru prendre un peu plus d’importance.

Post Scriptum : Dans les discussions qui ont suivi la publication de cet article, on me fait remarquer que lors de la confirmation c'est Dieu qui confirme le chrétien dans l'alliance de son baptême.

J'entends volontiers et en effet, il est bon de redire une parole qui a été adressée alors que le baptisé ne pouvait la comprendre 

Je persiste néanmoins à dire que le terme est mal choisi 

D'abord, ce qui se vit dans la plupart des paroisses que je connais est de l'ordre de la profession de foi : les jeunes témoignent de leur foi et de leur engagement devant l'assemblée. Et je trouve plutôt bien de leur donner la parole.

Ensuite, et surtout, le vocabulaire théologique offre un mot pour évoquer une mémoire active, un rappel qui rend présent : ce mot, c'est anamnèse. Oui, c'est plus jargoneux que confirmation, cela réclame plus d'explications mais au moins cela n'induit pas la notion d'un baptême qui serait à confirmer... 

 

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À propos
Eric George

Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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