7 Juin 2006
C'était vraisemblablement ma dernière participation au module optionnel "soin interculturel" à l'Institut de Formation en Soins Infirmiers de Dieppe (à moins que mon successeur se refuse ce plaisir). L'objet de cette participation ? Présenter aux futurs infirmiers et infirmière la façon dont les protestants appréhendent le corps, la maladie, la mort et les soins. Une belle initiative laïque puisqu’elle a pour but de permettre une meilleure connaissance des religions et que plutôt qu’un regard extérieur prétendument objectif, l’idée est de demander à des représentants des différentes religions de présenter celle-ci et de faire confiance au sens critique des étudiants… Une démarche que j’aimerai voir se généraliser dans le cadre de l’enseignement du fait religieux…
Et, comme sur tous ces sujets, les protestants ne sont pas très « exotiques », ma participation me donne surtout l’occasion de présenter le protestantisme (d’ailleurs la partie « présentation du protestantisme » de mon exposé a, à chaque fois, suscité plus de questions, que la partie « le corps, la maladie, les soins »)
Il est d’ailleurs toujours très agréable que l’exposé soit commenté et que les questions soient nombreuses. Et sur ce sujet, pour ma dernière participation, j’ai été particulièrement gâté : en plus des questions classiques « les différences avec le catholicisme ou entre protestantismes… », les questions en lien avec le module « considérez vous la femme comme impure durant son cycle ? » (non : nous n'avons pas de notion de pur et d'impur) , « y a-t-il des rites funéraires ? » (il y a des services d'inhumations mais ceux-ci sont ne sont pas destinés au défunt mais sont fait pour accompagner ceux qui sont le deuil. Dans la même idée d'accompagnement du deuil, personnellement je pense que la toilette du défunt devrait être encouragée à chaque fois que possible mais c'est dans un but psychologique plus que dans un but religieux), j’ai eu le droit à des questions inattendues « pour vous, qu’est ce que l’âme ? » (euh... en fait je n'en sais rien. Je pex juste vous recommander le roman que je suis en train de lire : La révélation de l'ange qui traite justement de cette question : l'âme est elle observable ? Et dire que si demain on me prouvait que l'âme n'existait pas et que l'humain n'était qu'un amas de mollécules, ça ne me gênerait pas beaucoup, pour moi, ça resterait "un amas de mollécules" aimé par Dieu) et "vous dites que cette liberté est aussi une responsabilité, qu’il faut assumer ses choix, mais alors quelle est votre vision du pauvre ? est-ce qu’il a fait de mauvais choix ? » (excellente question, c'est vrai que c'est un des aspects sombres du protestantisme, que la tentation a été forte de faire de la pauvreté une conséquence de mauvais choix, mais nous ne sommes pas si naïfs, il y a une différence entre assumer les conséquences de ses choix et subit le choix des autres. De plus je vous l'ai dit, une des missions du chrétiens c'est de combattre la souffrance là où elle se trouve, or la pauvreté est une des formes de la souffrance) Bref, des pistes vraiment intéressantes pour un débat que j’aurais aimé prolongé (faudra que je pense à travailler sur l’âme un de ces jours…) et une image très positive de la laïcité (et de la formation des infirmiers). Me reste à espérer que mon successeur déclinera l'offre, ou que l'Institut de Formation en Soins Infirmiers d'Evreux me demandera d'intervenir un jour...
Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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