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Les (futurs) hommes et femmes en blanc

C'était vraisemblablement ma dernière participation au module optionnel "soin interculturel" à l'Institut de Formation en Soins Infirmiers de Dieppe (à moins que mon successeur se refuse ce plaisir). L'objet de cette participation ? Présenter aux futurs infirmiers et infirmière la façon dont les protestants appréhendent le corps, la maladie, la mort et les soins. Une belle initiative laïque puisqu’elle a pour but de permettre une meilleure connaissance des religions et que plutôt qu’un regard extérieur prétendument objectif, l’idée est de demander à des représentants des différentes religions de présenter celle-ci et de faire confiance au sens critique des étudiants… Une démarche que j’aimerai voir se généraliser dans le cadre de l’enseignement du fait religieux…

Et, comme sur tous ces sujets, les protestants ne sont pas très « exotiques », ma participation me donne surtout l’occasion de présenter le protestantisme (d’ailleurs la partie « présentation du protestantisme » de mon exposé a, à chaque fois, suscité plus de questions, que la partie « le corps, la maladie, les soins »)

Il est d’ailleurs toujours très agréable que l’exposé soit commenté et que les questions soient nombreuses. Et sur ce sujet, pour ma dernière participation, j’ai été particulièrement gâté : en plus des questions classiques « les différences avec le catholicisme ou entre protestantismes… », les questions en lien avec le module « considérez vous la femme comme impure durant son cycle ? » (non : nous n'avons pas de notion de pur et d'impur) , « y a-t-il des rites funéraires ? » (il y a des services d'inhumations mais ceux-ci sont ne sont pas destinés au défunt mais sont fait pour accompagner ceux qui sont le deuil. Dans la même idée d'accompagnement du deuil, personnellement je pense que la toilette du défunt devrait être encouragée à chaque fois que possible mais c'est dans un but psychologique plus que dans un but religieux), j’ai eu le droit à des questions inattendues « pour vous, qu’est ce que l’âme ? » (euh... en fait je n'en sais rien. Je pex juste vous recommander le roman que je suis en train de lire : La révélation de l'ange qui traite justement de cette question : l'âme est elle observable ? Et dire que si demain on me prouvait que l'âme n'existait pas et que l'humain n'était qu'un amas de mollécules, ça ne me gênerait pas beaucoup, pour moi, ça resterait "un amas de mollécules" aimé par Dieu) et "vous dites que cette liberté est aussi une responsabilité, qu’il faut assumer ses choix, mais alors quelle est votre vision du pauvre ? est-ce qu’il a fait de mauvais choix ? » (excellente question, c'est vrai que c'est un des aspects sombres du protestantisme, que la tentation a été forte de faire de la pauvreté une conséquence de mauvais choix, mais nous ne sommes pas si naïfs, il y a une différence entre assumer les conséquences de ses choix et subit le choix des autres. De plus je vous l'ai dit, une des missions du chrétiens c'est de combattre la souffrance là où elle se trouve, or la pauvreté est une des formes de la souffrance) Bref, des pistes vraiment intéressantes pour un débat que j’aurais aimé prolongé (faudra que je pense à travailler sur l’âme un de ces jours…) et une image très positive de la laïcité (et de la formation des infirmiers). Me reste à espérer que mon successeur déclinera l'offre, ou que l'Institut de Formation en Soins Infirmiers d'Evreux me demandera d'intervenir un jour...

 

 

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À propos
Eric George

Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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L
Bonjour, <br /> alors que j'étais en train d'effectuer des recherches sur les soins interculturels pour mon mémoire, je suis tombée sur votre article, et c'est avec joie que j'ai pu y découvrir qu'une des questions que je vous avais posé lors de ce module optionnel à Dieppe vous avait  visiblement marqué: "Qu'est ce que l'âme?" et c'est également avec joie que j'ai découvert que vous me fournissiez un nouvel élément de reponse . <br /> J'ai récemment pu me rendre compte de la difficulté de répondre a cette question. En effet, le mois dernier, je me suis rendue dans une école primaire de l'Eure pour y parler du Burkina Faso (pays pour lequel j'ai créé une association). Alors que je leur montrais un film sur les danses funeraires, un enfant agé de 8 ans m'a demandé .... "Qu'est ce que l'ame ?" .... je ne vous cache pas que je me suis trouvée très êmbarrassée. Et je n'ai pas non plus su lui répondre. <br /> Aujourd'hui, je ne cherche plus a repondre a cette question. Je pense qu'il faut avoir la Foi (mot que je définirai comme un élan d'amour entre les Hommes vers Dieu) pour mettre un sens sur ce mot. Et je ne l'ai pas. Cela ne m'empeche pas de poser regulierement la question aux personnes de mon entourages qui sont croyantes... et je ne crois jamais avoir eu de réponse similaire. C'est justement ce que je trouve intéressant.<br /> Je tiens également  avous dire que votre intervention était passionnante, de même que tout le contenu de ce module  Je crois qu'il est important que des répresentants de diverses confessions puissent venir parler librement de leurs religions aux futurs soignants. Dommage que de tels modules ne puissent etre mis en place dans les collèges et lycées, car ils permettrait  un grand pas vers la tolérance.<br /> Cordialement.<br /> Maïlys
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E
Merci tout d'abord pour votre commentaire sur mon intervention. Et une fois encore, j'en profite pour saluer cette initiative vraiment laïque de l'INSID. Il est tout à fait exact que votre question m'avait marqué même si je ne suis toujours pas sûr de pouvoir y répondre avec précision et j'aime bien aussi votre définition de la foi. Enfin, pour tout dire, j'apprécie d'autant plus votre commentaire que cela me réjouit de voir passer par ici une de mes anciennes "élèves".
T
Le lien entre libre-arbitre et responsabilité peut effectivement conduire à stigmatiser, sur la base d’un raisonnement erroné, ceux qui semblent échouer, ceux qui semblent en marge, au bord ou au-delà de la normalité sociale. C’est d’ailleurs une critique souvent adressée à la vision nord-américaine dominante du protestantisme en tant que justification religieuse du capitalisme à outrance : « chacun est responsable de ses échecs ».<br /> <br />  <br /> <br /> Paradoxalement, on retrouve la même critique à l’égard du bouddhisme, reposant sur la notion fort différente de karma, comme principe justificateur de la misère sociale en Asie du sud-est : « il est pauvre, c’est son karma » (sous-entendu : on subit les conséquences de ses actes dans ses vies passées). C’est intéressant, car au fond ni le protestantisme ni le bouddhisme ne sont bien sûr complices de ces injustices. Est-ce le signe que les notions de libre-arbitre et de karma ont ceci de commun qu’elles sont très mal comprises ? Serait-ce d’ailleurs si étonnant ?
Répondre
E
Effectivement il ya un rapprochement à faire... Mais le libre-arbitre est une notion humanitaire et pas du tout protestante à la base. C'est même un point de séparation entre Erasme et Luther, je préfère parler de liberté et de responsabilité.<br /> Je ne sais pas ce qu'il en est pour le boudhisme et le karma, mais pour les protestants, ils sont en partie responsable de cette confusion. Mais c'est en effet une très mauvaise interprétation de Calvin