8 Juin 2006
"Wow, de toutes les religions qu'on a vu jusqu'à maintenant, vous êtes vraiment la plus cool !" s'exclame une étudiante de l'Ifsid à la fin de mon exposé.
C'est vrai que nous posons peu de règles "corporelles", que nous nous préoccupons somme toute assez peu de l'alimentation, de la sexualité et que nous ne parlons pas en termes de pureté ou d'impureté. C'est vrai aussi que dans mon intégrisme, j'ai une tendance forte à refuser tout discours moraliste ou légaliste. Mais comment faire comprendre à quel point cette liberté est exigeante ? A quel point, elle n'est, justement, pas cool ... Parce que, bien souvent, ce qu'on attend d'une religion, c'est de poser des valeurs, des règles, des repères. Or, poser des règles, émettre des jugements, dire aux gens ce qu'il faut croire, ce qu'il faut faire, ce qu'il faut penser, ma lecture de l'Évangile me l'interdit. Faire ses propres choix, c'est être libre bien sûr mais c'est aussi assumer pleinement les conséquences de ces choix qui, s'ils sont tous permis, ne sont pas tous bons.
Comment expliquer à quel point le dogme est plus confortable que le travail d'interprétation et de confrontation aux textes? Qu'il est plus facile de réciter une doctrine que d'oser un témoignage individuel ?
Je suis heureux que ces étudiants aient reçu mon discours comme une approche inattendue, qu'ils aient perçu que religion et liberté peuvent aller de paire. Mais comment dire, autrement que par l'expérience, l'exigence de cette liberté et le coût de cette grâce. Une exigence et un coût qui, en dehors de la conversion, seront toujours vécus comme loi. En revanche, je crois que Dieu me donne d'aimer et que cet amour change ma vie et me coûte parfois. Mais ce que je fais par amour, je le fais librement quoique celà me coûte.
Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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