Miettes de synode : Tirage au sort

Et si des paroisses tirées au sort envoyaient des membres dans des équipes nationales

Je proposais au dernier synode régional que des équipes nationales soient partiellement composées de “membres d'Eglise locales tirées au sort”. La bronca qui a suivi achève de me convaincre que les zélotes de l'orthographe ont tort quand ils affirment que l'orthographe est ce qui rend une phrase compréhensible. Ce qui rend une phrase compréhensible, c'est sa structure. 

Réécriture donc de la proposition : “des équipes nationales partiellement composées de membres discernés par des Églises locales tirées au sort”

La proposition n'aura pas beaucoup plus de succès. “Nous nous éloignons de la tradition de notre Église” dit un délégué synodal. Nous n'avons pas le temps d'entrer dans le débat et c'est dommage car nous touchions à deux aspects essentiels de notre vie institutionnelle : l'implication des Églises locales dans la synodalité et le discernement. 

Je m'inscris en faux contre l'intervention précédemment citée du délégué : nos instance de gouvernance, les synodes sont constitués de membres discernés par les Églises locales et c'est même la base de notre tradition presbytero-synodale. C'est un des aspects qui devrait d'ailleurs à mon avis contribuer à donner plus de poids aux synodes régionaux : toutes les Églises locales y participent à travers des membres qu'elles ont elles-mêmes discernés.

Il est évident que c'est impossible que des membres de toutes les Églises locales participent à des équipes nationales ou régionales, d'où la proposition de tirer au sort les Églises à qui l'on confierait ce discernement. 

“Mais on demande aux Églises locales de proposer des noms", ont affirmé certains au court de ce synode. D'abord, c'est faux. En trente ans de ministère, je n'ai que très rarement vu qu'on demande à une Église locale si elle avait des noms à suggérer pour telle ou telle équipe. Et surtout proposer un nom et discerner, ce n'est pas la même chose. Discerner, c'est une responsabilité, il ne s'agit pas seulement de donner un nom et d'envoyer une personne. Il s'agit aussi d'accompagner par la prière, par l'écoute la personne dans la mission qui lui est confiée, d'assumer avec l’Église une éventuelle erreur de casting.

Il me semble que la voie proposée offre une alternative au sentiment de désarroi de celles et ceux qui doivent discerner à l'échelle nationale (“mais on ne connaît pas tout le monde !”) et de l'impression (qui n'est pas qu'une impression) de copinage et de retrouver toujours les mêmes têtes dans les équipes nationales qui en résulte (et pour cause : comment faire autrement que de discerner parmi celles et ceux qu'on connaît ?) 

Enfin, envoyer leurs membres dans des équipes nationales ou régionales, plutôt que d'avoir l'impression que ces équipes leur "empruntent" voire leur "piquent" leurs membres. permettrait également aux Églises locales de se sentir plus impliquées dans ce qui se vit dans les périmètres national et régionaux, et ça, ça ne serait pas du luxe. 

Photo de dylan nolte sur Unsplash