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L'hospitalité eucharistique déclinée

La messe s’est bien passée, je dois dire que j’aime bien être prédicateur invité… Au fait, tu viens communier ?  me demande le prêtre juste avant la célébration eucharistique. Pris au dépourvu, je chuchote "Non, mais donne-moi la parole".

Voici ce que j'ai essayé de dire (peut-être l'ai-je mieux dit, peut-être était-ce pire : c'était improvisé)

Lorsque nous avons préparé cet cérémonie, nous n'avons pas évoqué la question de la communion : il était clair qu'il s'agissait d'une messe. Cette invitation est donc tout à fait inattendue et j'aime que les choses se soient passées comme ça. En effet, dans le dialogue oecuménique, la question de la communion est une question difficile, douloureuse même pour certains. Et en ne la mettant pas au coeur de notre préparation, nous avons vu que nous pouvions célébrer ensembles, témoigner ensembles.

En nous invitant comme il l'a fait, le prêtre nous montre que lorsque l'amour de Jésus Christ nous rassemble, nos différences doctrinales ne peuvent plus nous diviser. Les protestants dans l'assemblée décideront chacun comment ils souhaitent répondre à l'invitation.

Pour ma part, tout en disant ma reconnaissance, je vais la décliner. Ne voyez pas dans mon abstention un refus ou un rejet, mais avant tout une marque de respect et aussi un rappel. Une marque de respect pour votre doctrine qui n'est pas la note. Et puis, parce qu'en tant que pasteur, je représente ici l'Eglise Réformée de France,  voyez-y aussi le rappel que l'oecuménisme est aussi un dialogue entre deux institutions et que concernant la communion, il y a encore beaucoup de chemin à faire dans ce dialogue. Pour ces raisons, je m'abstiendrai aujourd'hui mais soyez certain que cela ne diminue en rien la communion que nous avons vécue ce matin.

 

Ce matin là, c'est le prêtre qui a témoigné d'une ouverture qui transcende la doctrine, et le pasteur qui s'est fait le gardien de la doctrine. Mais je ne regrette ni ma décision, ni mon abstention (j'aurai sans doute dû rester debout le temps de la communion, ceci dit, mais je suis nul en gestes liturgique). La plupart des protestants présents sont allés communier (y compris certains qui s'abstiennent d'ordinaire à la messe) Et je garde de cette matinée une profonde saveur oecuménique.

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À propos
Eric George

Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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W
<br /> Je ne partage pas l'opinion de Bashô. Déjà pour des raisons "noir sur blanc" : la Confession d'Augsbourg (CA) dans son article X (De la Sainte Cène) déclare clairement la présence réelle (non<br /> symbolique) du Christ dans les espèces de la Cène, et condamne même ceux qui disent qu'il n'y serait pas. (Ce n'est pas tout à fait l'esprit de la déclaration de Marbourg, 1529, qui donnait acte à<br /> ce différend entre Luther et Zwingli mais trouvait une formule très paisible pour dire "que Dieu nous éclaire sur ce point ; jusque là, que chacun supporte le frère dans l'Amour du Christ".) La<br /> Confession de La Rochelle ou Confession Gallicane va tout à fait dans le même sens. Néanmoins, il n'y a pas plus communion eucharistique entre Rome et Wittenberg qu'entre Rome et Zurich... Non, les<br /> raisons sont autres. Dans la pensée romaine, il faut pour qu'une Cène soit dans les règles, qu'elle soit célébrée par un prêtre validement consacré. Ce qui n'est pas le cas pour nous protestants.<br /> La pensée romaine ne connaît guère la distinction entre ecclesia égale Corps du Christ et Église égale association cultuelle - donc dépendante du droit humain et soumise aux intempéries de<br /> l'histoire. En plus, même en reconnaissant (depuis Vatican II) que d'autres Églises que la romaine existent, elle a beaucoup plus d'exigences que le monde protestant pour dire que telle communauté<br /> est "Église", ce qui mène à ces expressions qui laissent entendre que les protestants n'aient pas la plénitude de ce qui fait l'Église... et ce manque empêche encore une fois la reconnaissance du<br /> sacerdoce protestant.<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Je crois qu'ils estiment que participer à la Cène reviendrait à accepter la notion protestante de la sacramentalité (de l'ordre du symbolique)  qui est très différente de celle des catholiques<br /> (plutôt de l'ordre de l'incarnation).<br /> <br /> <br />
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E
<br /> Mais personne ne demande aux catholiques qui sont invités à la Cène pendant un culte protestant de la recevoir comme ils reçoivent l'eucharistie<br /> <br /> <br />
W
<br /> C'est un sujet délicat. Je me réjouis beaucoup que le doyen catholique lors d'un culte où il était invité en tant que prédicateur, a tout naturellement répondu à mon invitation, "mais bien sûr, je<br /> participerai ! Le Christ n'a qu'un seul corps, c'est l'Église." Il faut dire que les relations avec lui sont très fraternelles - plus, elles sont amicales. Je sais aussi que la dogmatique<br /> vaticano-romaine s'y oppose, pour des raisons que je comprends sans les partager. Une fois de plus je crois que c'est la catholicité de l'Église Romaine qui la freine ; si elle se résumait aux<br /> seuls pays européens, on serait bien plus loin sur le chemin de l'unité spirituelle. Que ferai-je, en janvier, si l'on m'invite à communier ? Je ne le sais pas encore.<br /> <br /> <br />
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E
<br /> Je n'en ai pas parlé lors de la messe en question (pas vraiment le lieu de rappeler que quel que soit l'endroit, l'interdiction vient de Rome) ni dans cet article mais j'avoue n'avoir jamais<br /> compris les raisons de la dogmatique vaticano-romaine pour interdire aux catholiques de participer à la Cène avec des protestants.<br /> <br /> <br />
D
<br /> Je comprends très bien votre position. Lorsque j'assiste à une messe catholique, je ne communie pas par respect.<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Je suis un peu gêné par cette histoire. Le prêtre aurait dû s'abstenir de vous le proposer.<br /> <br /> <br />
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E
<br /> En fait, il était en position difficile : c'était une messe, à l'horaire et au lieu habituel de la messe, à cette messe, la communauté protestante était étroitement associée. Alors quoi faire ?<br /> - refuser à un couple oecuménique un acte pastoral dans le cadre "normal" de la vie de la communauté  catholique (bonjour les dégâts)<br /> - priver les catholiques de la messe et réserver cette célébration aux grognards de l'oecuménisme (on sait bien que le terme "célébration oecuménique" ferme autant de portes qu'il n'en ouvre)<br /> - célébrer l'eucharistie en veillant à ce que les protestants n'y participent pas, quitte à leur refuser s'ils se présentaient (re-bonjour les dégâts)<br /> -  célébrer l'eucharistie en la distribuant à tout le monde indifféremment en passant sous silence un désaccord gênant (quand oecuménisme rime avec hypocrisie)<br /> - inviter les protestants à venir à condition que ça ne se voie pas et donc que le pasteur s'abstienne  (voir parenthèse précédente)<br /> <br /> Je crois qu'en l'ocurrence, il était bon que l'initiative de l'invitation (très discutable au niveau de la légalité canonique, j'en conviens, mais n'est-ce pas un devoir chrétien que de faire<br /> passer la fraternité avant la loi) vienne du prêtre, et que l'initiative du refus vienne du pasteur. Ainsi, la participation à l'eucharistie et la non participation à l'eucharistie, ont<br /> toutes deux étaient vécues sous l'angle de la fraternité.<br /> Bref, si on avait mis cette question sur le tapis avant la célébration, je ne suis pas sûr qu'on aurait trouvé une solution aussi sage (et, à mon sens, inspirée)<br /> <br /> <br />