10 Avril 2007
Un pape en fuite à travers l’Italie et la France. Telle est la trame du dernier tome, des aventures de la trinité De Fully après Le manuscrit du Saint Sépulcre et La révélation de l’ange. Une conclusion qui reste dans le ton des précédents romans : un thriller biblique (ou plutôt ecclésiologique) astucieux, bien documenté (ça reste de la fiction quand même, tout n’est pas à prendre au pied de la lettre), bien écrit et plein d’humour.
C’est peut-être même cet humour qui peut faire problème par moment.
Neyrinck trempe sa plume dans le vitriol et il dresse un tel portrait de l’Église catholique Romaine que je me suis pris à craindre qu’il soit protestant. En effet, si sa critique radicale de la structure vaticane n’est pas pour me déplaire (soyons honnête) et me paraît assez fondée, de la part d’un protestant, je trouverai plus sain et plus évangélique de balayer devant sa porte et d’utiliser ce talent pour critiquer notre propre institution. En refermant le roman, je suis persuadé que l’auteur est catholique romain (en tout cas de culture). Tout d’abord, l’apparition, en guest star, de Lytta Basset dresse du protestantisme un portrait naïf et idéalisé où les protestants apparaissent comme une sorte d’Église primitive (fantasmée) au XXIème siècle… Et puis, Neyrinck semble rester dans l’idée, toute romaine, que l’Église universelle doit forcément se rassembler dans une institution unique et parfaite…
Un autre aspect de l’humour sarcastique m’a gêné, de façon plus viscérale. Je ne suis pas un grand passionné de l’Italie mais le portrait qui en est dressé ici me met franchement mal à l’aise : Neyrinck n’en pointe que les défauts (je le trouve bien plus dur qu’il ne l’était pour les suisses et les français).
Sinon, le roman est sans doute le plus rythmé de la série mais peut-être aussi est-il un peu plus pauvre que les autres quant à la réflexion. Bref, plus de romanesque, moins de théologique mais un peu plus d’histoire. Mais les admirateurs des De Fully auraient tort de bouder leur plaisir. C’est un peu décalé, non, de finir sur une formule de réclame pour un bouquin qui est sorti depuis un bon moment déjà ?
Je vais donc plutôt finir sur un spoiler (ça veut dire que si vous ne l’avez pas lu, je risque de vous gâcher une révélation finale, donc il vaudrait mieux que vous ne surligniez pas ce qui va suivre)
Jusqu’à preuve du contraire la source Q n’est pas une source écrite mais juste le nom donné à une hypothétique compilation (pas forcément écrite) de paroles de Jésus !!!
Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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