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Théologie super-héroïque (1) : Super-équipes

Théologie super-héroïque (1) : Super-équipes

Le genre super-héroïque a la particularité de mêler des enjeux créatifs et commerciaux, pour le meilleur et pour le pire (dans la bédé, en tout cas. Au cinéma, ça semble être surtout pour le pire, en ce moment). La super-équipe fait certainement partie des premiers fruits de ce mélange : associer des super-héros, c’est cool et puis l’effet « plus » fait vendre.

Et comme les super-héros sont des archétypes, les super-équipes aussi. Et comme les super-héros sont plus intéressants par leurs faiblesses et leurs failles, l’intérêt des super-équipes réside dans les relations difficiles de leurs membres (une recette que la maison d’édition Marvel avait bien compris lors de la création de sa première super-équipe (les Quatre Fantastiques) et à laquelle elle n’a jamais renoncé.

Un petit tour d’horizon de quatre grandes équipe Marvels (l’univers super-héroïque que je connais le mieux) et on revient sur de la théologie…

NB pour les puristes : j’utilise les traductions qui ont accompagné ma jeunesse plutôt que les noms d’origine des personnages

Les Quatre Fantastiques : la famille 

La première super-équipe de l’univers Marvel est une famille. D’abord par les liens de parenté entre les personnages : Johnny Storm (la Torche) est le petit frère de Jane Storm (la Femme Invisible) la fiancée, puis l’épouse de Red Richards (M. Fantastic). Ben Grimm (la Chose), étant un ami d’enfance de Red Richards. Mais surtout par leur mode de relation : Red et Jane sont le papa et la maman et Ben et Johnny les deux enfants qui passent leur temps à se chamailler. Les pouvoirs de Jane Storm ne sont pas anodins pour une équipe créée, et pensée comme une famille, au début des années 60 : elle se rend invisible et crée des champs de force, autrement dit, son pouvoir, c’est de s’effacer et de créer une bulle protectrice pour les membres de la famille… (heureusement, sa personnalité évolue au fil des années d’édition).

Et quand ils n’explorent pas la dimension négative et qu’ils n’affrontent pas Galactus, le dévoreur des mondes et le Dr Fatalis, les Quatre Fantastiques affrontent de problèmes familiaux : le père est trop pris par son travail, la mère fait les yeux doux à un bellâtre en maillot de bain (Namor, le prince des mers, mais bon…), Ben a de (gros) problème d’acné et de coordination motrice et casse tout dans la maison et Johnny, le beau-gosse tête brulée) ne cesse de se moquer de lui…

Les Avengers : le groupe de travail

Les Avengers (les Vengeurs quand j’étais petit) sont à l’origine un regroupement de héros qui ont chacun leur propre série. L’équipe des Avengers, c’est le rassemblement des « plus puissants héros de la Terre » pour combattre des menaces contre lesquels ils ne pourraient rien séparés (et puis ça permet aux lecteurs de mesurer qu’Iron Man évolue bien dans le même univers que Thor). Les membres de l’équipe changent souvent et ce,dès les origines de la série en 1963.

 Du coup, entre deux aventures, la question pour les Avengers, c’est « C’est qui le chef ? ». L’occasion de signaler au lecteur que l’autorité est à distinguer du pouvoir. Le chef emblématique des Avengers sera longtemps Captain America qui n’est ni membre fondateur, ni, de loin, le plus puissant des Avengers. Et à la fin des années 80 et au début des années 90, on verra même des femmes prendre la tête du groupe (et même une afro-américaine). C’est tard, mais finalement, ça reste précurseur par rapport à la réalité de notre société…

Les X-men : la communauté

Ce qui rassemble les X-Men, c’est d’être des mutants, des humains dotés de particularités génétiques qui leur donnent des super-pouvoir (ce qui évite aux scénaristes d’avoir à expliquer ces pouvoirs par des araignées radioactives, des origines extra-terrestres, des rayons cosmiques et autres super-sérum). Ce qui rassemble les X-Men, c’est qu’ils sont différents des autres.

Et de fait, s’ils affrontent le même type d’ennemis que les autres équipes, le principal enjeu des X-Men, c’est la stratégie communautaire. Comment être en relation avec les membres de la même communauté (les mutants) et avec ceux qui sont extérieurs à la communauté. Ainsi les X-Men affronteront ils des anti-mutants mais aussi d’autres mutants. Puis se scinderont en différentes équipes (X-Factor, X-Force, les Nouveaux Mutants, etc.) afin de développer différentes stratégies (la dissimulation, la fierté, le service, l’intégration ou le communautarisme) à l’égard des humains (bon, et de surfer sur le succès éditorial des mutants)

La Division Alpha : La non-équipe

La Division Alpha est bien moins connue que les équipes citées par-dessus. Mais si j’ai voulu citer l’équipe canadienne créée par John Byrne dans les pages des X-Men avant de bénéficier de sa propre série, c’est que précisément, Byrne a fait de la Division Alpha une non-équipe. Ses membres ne s’entendent pas entre eux et chaque épisode les voit plutôt travailler chacun de leur côté. Ce qui met en valeur, par contraste, la dimension soudée des autres équipes, dont les membres s’embrouillent régulièrement, certes (où serait l’intérêt sinon ?) mais œuvrent ensemble.

 

Les auteurs bibliques étaient sans doute soumis à d’autres enjeux éditoriaux que les créatifs de Marvel, aussi les textes bibliques se concentrent-ils moins sur les équipes. Pourtant, on y retrouve les mêmes archétypes et les mêmes failles. On sait depuis Caïn et Abel que la Bible ne donne pas de la famille une image idyllique. De Joseph en Egypte aux conseils de Paul concernant les mariages avec des non-convertis en passant par les récits d’Esther et de Daniel, on voit que le Peuple élu comme l’Eglise ont rencontré les mêmes questions communautaristes que les X-Men. Comme les Avengers, les Douze se disputent pour savoir qui est le plus grand, et ça n’a pas beaucoup changé après la Résurrection si l’on en croit les querelles entre Pierre et Paul… En t Paul n’aurait-il pas pu adresser son appel à être un corps (I Co 12, 12 à 26) à la Division Alpha autant qu’aux Corinthiens ?

Pourtant, comme les super-héros, plus que les super-héros, les personnages bibliques sont appelés à ne pas faire cavalier seul, mais à travailler en équipe. Peut-être parce que la corde à trois brins ne se casse pas facilement (Ecclesiaste 4, 12). Peut-être aussi parce que travailler en équipe, c’est déjà entrer dans les risques et les difficultés de l’amour auquel nous sommes appelés.

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À propos
Eric George

Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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