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Le peuple élu et les autres.

peupleelu.jpgA l'époque charnière de l'exil, où par réflexe identitaire tout un courant de pensée encourageait l'élite d'Israêl déportée a se préserver des contaminations extérieures, d'autres théologiens s'efforçaient à l'inverse, de lui faire mesurer l'immense sollicitude de Dieu envers toutes les nations et tous les hommes, sans discrimination.
Attitudes contradictoires ? Et si c'était en vérité les deux faces de la même démarche de Dieu ? De ce Dieu qui, d'un seul geste, choisit son peuple, et promet à travers lui sa bénédiction à tous les autres, quels qu'ils soient. Comme quoi il ne faut faire faire jamais de la Bible une lecture unilatérale.
Les éditeurs

Il est télégénique, il vient d'entrer au Collège de France, bref, Thomas Römer est en passe de devenir à la mode (enfin, pour un bibliste). A mon avis c'est une bonne chose.
Le peuple élu et les autres me parait une bonne introduction à Römer : dans un livre très court (Editions du Moulin obligent) on retrouve sa méthode (l'historico-critique), plusieurs de ses thèses quant à la datation des textes et l'illustration d'une de ses affirmations : "remettre les textes bibliques dans le contexte de leur rédaction n'empêche pas d'en avoir une lecture spirituelle" (une interview de Réforme cité de mémoire)
Bon, c'est de l'historico-critique pour grands débutants : Römer rappelle à grands traits l'histoire d'Israël, à travers les aspérités d'un texte, il évoque les différentes traditions des récits qui le composent puis les questions auxquelles ces traditions voulaient répondre. Le livre n'entre pas dans le détail du travail exégétique et les hypothèses présentées peuvent paraîtres abruptes voire arbitraire, mais la vulgarisation ne doit pas nous faire pas oublier tout le travail d'histoire et de sémantique qui y mène.
Après tout, le sujet du livre n'est pas l'exégèse historico-critique mais la notion de peuple élu. Notion qui, comme cela arrive souvent dans la Bible, n'est pas équivoque. Le très isolationiste Deutéronome offre à un peuple opressé, menacé de disparition, une promesse sur laquelle se reconstruire : "dans l'esclavage, tu as été choisi par Dieu". Mais cette mise à part peut rapidement entraîner le rejet de l'autre. Et c'est là qu'intervient la geste d'Abraham, un ancêtre cordial avec ses voisins, certe choisi, mais pour le bien de tous, témoin d'une élection qui ne rejette pas.
Abraham est consacré dans son rôle de trait d'union entre Israel et ses voisins. Ainsi, replacer un texte dans les préoccupations de son époque ne l'éloigne pas forcement de nous mais, en nous montrant combien ces préoccupations rejoignent les nôtres, nous rend présent le témoignage biblique. Être choisi est une question qui va bien plus loin que le judaïsme.

Thomas Römer. Le peuple élu et les autres. L'Ancien testament entre exclusion et ouverture. Editions du moulin
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À propos
Eric George

Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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