15 Mars 2006
On retrouve certaines figures monstrueuses dans toutes les cultures. Et si ces "monstres" n'étaient rien d'autre que l'expression, à travers des mythes, de la part sombre de l'humain, cette part que la Bible appelle le péché ?
S'il nous vient de la culture vaudou, mélange d'animisme et de catholicisme, le zombi, grâce au cinéma, est largement entré dans notre iconographie monstrueuse. De son origine, un individu prétendument relevé d’entre les morts et réduit en esclavage, le zombi n’a conservé que la démarche hésitante et l’absence totale de volonté propre. Désormais, le zombi est un mort qui se relève de la tombe pour dévorer les vivants. Mais sa caractéristique principale reste la même : il est dénué d’intelligence et de volonté. Et c’est peut-être là une des formes du péché. Bien sûr, personne n’est tenté de devenir une sorte de robot de chair, grommelant et titubant. Pourtant, n’aspirons-nous pas parfois à ne plus avoir à réfléchir ? A ne plus avoir à choisir ? A juste suivre les ordres ou notre instinct, sans nous soucier des conséquences de nos actes. Une vie sans responsabilité. Il y a du zombi en chacun de nous lorsque nous nous contentons d’agir en nous disant « je ne peux pas faire autrement », « j’obéis aux ordres », « tout le monde le fait », lorsque nous nous contentons de suivre les règles sans les remettre en question, lorsque nous nous laissons submerger par nos conditionnements. Et cette voie de facilité s’avère être un chemin de mort. Si le zombi se déplace, il est évidemment mort, plus encore que les vampires ou les fantômes… Certains voient dans la religion un facteur important de « zombification ». Et, force est d’avouer qu’ils n’ont pas forcément tort. Et pourtant, je reste persuadé que le message de la grâce, nous oblige constamment à prendre nos responsabilités et assumer nos actes sans nous permettre de nous réfugier derrière un commandement divin. Parce que nous sommes aimés gratuitement, nous n’agissons pas pour gagner le paradis ou pour éviter l’enfer. La grâce nous rend pleinement responsable sans pour autant nous accabler sous le poids de notre responsabilité : elle fait de nous des hommes et des femmes libres pour des décisions libres.
Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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