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Comme la fleur des champs...

Esaïe 40, 3-9

Matthieu V, 13 à 16

Service d'annonce de l'Evangile aux personnes en deuil

 

Si Claude m’entendait le comparer à une fleur des champs, je suis bien certain que nous aurions droit à son tonitruant éclat de rire.

Et pourtant, s’il avait réussi à nous faire oublier sa fragilité, aujourd’hui, elle nous est rappelée douloureusement.

Et c’est douloureusement que résonne pour nous ce verset : L’herbe se dessèche, la fleur se fane quand le souffle du SEIGNEUR passe dessus. Mais si ce verset est douloureux, il nous permet justement d’exprimer cette douleur, notre incompréhension et peut-être même notre révolté…

Bien sûr nous ne croyons pas que Dieu a été à l’origine de la maladie de Claude. Bien sûr nous ne croyons pas à un dieu qui fait mourir. Nous croyons en Dieu, notre Père, qui est puissance de vie. Mais cette foi ne nous rend pas la mort moins cruelle. Elle nous la rend juste un peu plus incompréhensible, plus inacceptable : « Alors, quoi ? Il était impossible de garder Claude contre ce cancer ? Il était impossible de l’en guérir ? Pourquoi la maladie et la mort sévissent-elles toujours ? Je n’ai pas de réponse à cette question Je sais juste que nous avons le droit de la poser, nous avons le droit de dire notre révolte et notre refus.

Et je sais aussi que cette révolte ne m’empêche pas de croire que la Parole de Dieu dure éternellement et que c’est une parole de fidélité et d’amour.

Et cette parole d’amour et de fidélité a enveloppé, enveloppe et enveloppera Claude tout entier. Ainsi, elle libère notre mémoire, elle nous permet la reconnaissance et l’espérance.

 L’être humain est comme la fleur des champs ? Est-ce qu’on aime la fleur des champs pour ses pétales et malgré ses feuilles ? Pour ses couleurs et malgré sa fragilité ? Bien sûr que non. Et de même, je pense qu’il est faux de dire que l’on aime quelqu’un pour ses qualités et malgré ses défauts…

Claude était entier, c’est le moins qu’on puisse dire ? Alors pourquoi devrions nous morceler sa mémoire ? Aujourd’hui, c’est le temps du souvenir et nous pouvons nous souvenir du mauvais comme du bon ! N’essayons pas de faire un Claude idéalisé : il ne ressemblerait pas à celui que nous aimions. Rappelons nous de sa force, de son dynamisme, de sa joie de vivre de son humour et de sa générosité. Rappelons nous aussi de ses exagérations, de ses emportements, de ses maladresses et de ses obstinations ! Entre coups de cœur et coups de gueule, c’est bien là le Claude que j’aimais ; Et je peux m’en souvenir ainsi, tout entier, car j’en ai l’assurance, c’est ainsi, tout entier, qu’il est aimé de Dieu

 Et surtout, c’est ainsi, tout entier, qu’il a été, toute sa vie, appelé et conduit par Dieu. « Que les hommes voient les bonnes œuvres que vous faites et qu’ils louent  votre Père qui est dans les cieux » Nous avons évoqué la vie de Claude, ses engagements. Ne nous y trompons pas : c’est bien Dieu qu’il faut en louer. C’est Dieu qui a ainsi donné un sens et une portée à la vigueur de Claude, c’est Dieu qui l’a poussé. Et nous pouvons nous en souvenir avec reconnaissance parce que c’est justement en s’engageant, en servant que Claude était heureux. Mais être reconnaissant, ce n’est pas seulement dire merci c’est aussi recevoir l’enseignement de cette vie de service.

Claude n’était pas parfait mais c’est dans cette imperfection qu’il a été appelé et cela signifie qu’il en va de même pour nous : nous ne pouvons pas refuser d’entendre l’appel au service et au témoignage que Dieu nous adresse en prétextant nos incompétences ou nos faiblesses. Nous ne pouvons pas nous dégager en disant : Je ne sais pas faire » ou « J’ai trop mauvais caractère » ou que sais je encore. C’est tout entier, dans ce que nous sommes que nous sommes appelés. Et cela, Claude le savait, plus encore, il le vivait. Et aujourd’hui, c’est à notre tour. Je reprochais parfois à Claude d’oublier dans son engagement qu’il n’était pas seul, que d’autres s’engageaient aussi et que tout n’allait pas s’arrêter si lui ne faisait plus les choses… Aujourd’hui, vous tous qui l’avez côtoyé, en paroisse ou dans différents mouvements, je vous le demande, donnez-moi raison. Donnez moi raison parce que c’est ce que Claude aurait voulu. Donnez moi raison parce que c’est là que vraiment nous honorerons sa mémoire : en faisant nôtre cette leçon d’engagement qui nous a été donnée à travers lui. 

Souvenir, reconnaissance, engagement. La parole de Dieu qui dure éternellement nous permet tout cela, mais elle nous ouvre également à l’espérance. La mort déjà est vaincue : elle ne nous enlève ni nos souvenirs, ni notre amour. Elle ne met pas un terme aux engagements. Mais, parce que nous croyons que la parole de Dieu est une parole de vie et qu’elle dure à toujours,  nous croyons en une victoire plus décisive encore. Nous croyons que le jour viendra où la mort sera anéantie, ou les morts se relèveront. Nous croyons que nous retrouverons Claude, un Claude bien sûr libéré de son mal, un Claude apaisé. Pour certains d’entre nous, cette espérance brille comme un feu de joie, pour d’autres, elle est plus floue, plus ténue. Mais que cette espérance nous anime aujourd’hui.

Frères et sœurs,

Ce temps de deuil est bien sûr un temps de chagrin. Mais qu’il soit aussi un temps d’espérance, un temps de souvenir et un temps d’envoi. C’est ainsi que nous reconnaîtrons tout ce qui nous a été donné à travers Claude.

Amen.

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À propos
Eric George

Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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