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Au coeur de Dieu : moi.

Prédication du dimanche 24 juin 2007
Romains VIII, 38-39
Matthieu X, 29-31
Psaume 139

A propos du psaume 139, je ne résiste pas à l’envie de vous raconter une anecdote croustillante. Nous sommes au rassemblement jeunesse Mesnières en Bray, un groupe de comédien évangélique nous présente un sketch dans lequel un jeune homme essaye de résister aux avances pressantes d’une jeune femme en priant avec l’aide du psaume 139. Seulement, ayant oublié sa traduction habituelle, l’acteur demande au public de lui prêter une bible. On lui tend une Segond dans laquelle il pourra lire son texte. Maintenant, je vous laisse imaginer la réaction d’un public de 15-25 ans quand, dans un contexte de flirt torride, on lit : Tu pénètres toutes mes voies (…) Tu m’entoures par derrière et par devant, Et tu mets ta main sur moi.
Si je vous raconte cette anecdote, ce n’est pas pour ouvrir une réflexion sur le langage érotique utilisé par les mystiques, mais pour dire que le psaume 139 réserve plusieurs surprises. Ce matin, j’en relèverai trois : une surveillance pour laquelle on rend grâce, la localisation de Dieu et une louange inconfortable.

Et Caïn était dans la tombe
Et l'œil était dans la tombe et regardait Caïn

J'aurai pu dire aussi Big Brother is watching you, tant ce psaume semble nous parler d'une surveillance constante. En effet, ce Dieu qui sait "quand je m'assieds et quand je me lève, quand je marche et quand je me couche", qui sait ce que je vais dire avant même que je ne parle, ressemble beaucoup à un surveillant dont il est impossible de tromper la vigilance. "Attention, Dieu te regarde ! Il sait ce que tu as fait hier soir, quand personne ne te voyait. Il sait quelles noires pensées tu rumines au fond de ton cœur." Nous connaissons tous ce discours dans lequel Dieu apparaît comme la caméra de surveillance suprême, l'œil de Moscou.
Et pourtant, le psaume ne résonne pas comme une menace, le psalmiste ne s'inquiète pas de ce regard posé sur lui, il ne s'effraye pas de cette présence constante et parfois pesante. Il rend grâce.
Pourquoi ? Avons-nous affaire à un masochiste qui aime être surveillé. Bien sûr que non. Ici, ce qui fait la différence, c'est la confiance.
Et cette confiance, ce n'est pas l'assurance de l'homme sans faute. Regarde si je suis sur une mauvaise voie, Et conduis-moi sur la voie de l'éternité!  Ce n'est pas vraiment la phrase d'un homme sûr de sa vertu. David ne dit pas :" Je n'ai rien à me reprocher, j'ai confiance en la justice de mon pays, pardon ! de mon Dieu".
Ce n'est donc pas en lui-même, en sa droiture que le psalmiste place sa confiance, mais bien en Dieu. Or si je vois en Dieu le flic suprême qui observe le moindre de mes faits et gestes, qui épie même mes pensées, toujours prêt à me condamner, ce n'est pas de la confiance que j'éprouve pour lui, c'est de la peur.
David, lui, n'est pas dans la peur, s'il vit comme une grâce ce regard perpétuel de Dieu sur lui, c'est qu'il sait que c'est un regard d'amour. Il sait que Dieu ne nous surveille pas mais qu'Il veille sur nous.

D'ailleurs, je parle de regard, mais il s'agit ici de beaucoup plus que d'un regard. Ici, nous parlons de présence. Et c'est la deuxième surprise du psaume. Ordinairement, quand nous parlons de la présence de Dieu, nous le disons au dessus de nous, ou à nos côtés ou à l'intérieur de nous. Je m'arrête d'ailleurs une seconde sur ce Dieu à l'intérieur de nous parce que c'est une image très à la mode et à mon avis assez dangereuse. Le Dieu en moi est sous contrôle, il m'appartient. Et pire encore, si Dieu est en moi, est-ce que cela ne signifie pas que je suis Dieu ? Vous voyez, le christianisme devrait être prudent avec cette image d'un Dieu intérieur...
Quoiqu'il en soit, ici, le psalmiste renverse la proposition, ce n'est pas Dieu qui est à l'intérieur de moi, c'est moi qui suis à l'intérieur de Dieu. Et c'est bien plus qu'une question de localisation ou de contenance. Ici, il ne s'agit pas de dire que puisque Dieu est partout, il est tout autour de moi ni d'affirmer que  Dieu est plus grand que l'univers et que puisque Dieu englobe l'univers, il nous englobe aussi. Le psaume est clair et la première personne est importante : ce n'est pas nous qui sommes à l'intérieur de Dieu, c'est moi que Dieu enveloppe. Pas moi en tant qu'être humain mais moi en tant qu'individu.
Ainsi donc, moi, Éric George, imparfait, faible, insignifiant, je suis à l'intérieur, au cœur  de Dieu, c'est à dire au centre de ses préoccupations. C'est vrai pour moi, c'est vrai aussi pour toi et pour toi.
Jésus ne dit pas autre chose : Ne vend-on pas deux passereaux pour un sou? Cependant, il n'en tombe pas un à terre sans votre Père. Nos traductions interprètent souvent « sans la volonté de votre père" mais l'affirmation de Jésus est bien plus forte : "sans votre père". Dieu tombe  avec le passereau. Et toi, tu vaux bien plus qu'un passereau.
Tu es au cœur de Dieu et ce, que tu tombes ou que tu te relèves.

0n pourrait s'arrêter à cette affirmation et cela ferait un très beau psaume de louange : nous sommes au sein de Dieu comme dans un cocon douillet. Mais le psaume 139 nous réserve une troisième surprise. En effet, s'il n'exprime aucune peur du jugement de Dieu, en même temps que la louange, il laisse apparaître un certain inconfort. Le psalmiste semble bien vouloir échapper à cette présence perpétuelle :
« Où fuirais-je loin de ta face? » 
« Si je dis: Au moins les ténèbres me couvriront ? »
Pourquoi, si cette présence n'est pas celle d'un juge, vouloir lui échapper ? J'y vois deux raisons.
Tout d'abord, même sans être le surveillant général suprême, la présence aimante de Dieu qui nous enveloppe remet en cause toutes nos décisions, tous nos choix même ceux qui nous apparaissent comme les plus juste. Regardons la fin du psaume :
  Éternel, n’aurais-je pas de la haine pour ceux qui te haïssent, Du dégoût pour ceux qui s’élèvent contre toi? Je les hais d’une parfaite haine; Ils sont pour moi des ennemis. Sonde-moi, ô Dieu, et connais mon cœur ! Éprouve-moi, et connais mes pensées!
On voit bien ici, l’homme fier de ne pas appartenir aux méchants et même de rejeter complètement le mal. Mais cette haine elle-même des méchant finit par être remise en question : Regarde si je suis sur une mauvaise voie, Et conduis-moi sur la voie de l’éternité! La présence perpétuelle de Dieu me remet constamment en question, m’interdit de me prévaloir de ma justice. Parce que Dieu est toujours avec moi, je vois à quel point je suis loin de lui et ce n’est pas un sentiment confortable.
La deuxième raison qui pousse le psalmiste à tenter de fuir est plus importante, plus profonde encore : c’est son humanité. Eh oui ! L’être humain est profondément autonome, il rêve de s’accomplir lui-même, de contrôler sa propre vie. Alors, il faut bien dire qu’être à l’intérieur de Dieu, être constamment pris en Lui, n’a rien de confortable et nous conduit sans cesse à nous débattre, à essayer d’en sortir, à rejeter Dieu au loin… Mais, nous dit le psaume, c’est en vain.
Et là, c'est Paul qui ne dit pas autre chose : Car j’ai l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur. Et ma liberté alors ? Eh bien , elle a une limite, je suis libre de rejeter Dieu, de lui désobéir, de nier son existence mais je ne suis pas libre d’être sans lui, je ne suis pas libre de ne plus être aimé de lui, je ne suis pas libre d’être rejeté par lui… On dit souvent que la limite à la puissance de Dieu c’est la liberté de l’homme. Peut-être. Mais je crois, quant à moi, que la limite à la liberté de l’homme, c’est l’amour de Dieu…

Mon frère, ma sœur, que pourrais-je ajouter ? Tu es au cœur de Dieu, au centre de sa préoccupation. Cet amour te pèsera sans doute, comme il pèse à chacun de nous, mais c’est en lui que tu trouveras ta vie.

Amen

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À propos
Eric George

Pasteur de l'Eglise Réformée de France, amateur de jeux de société, de cinéma, de longues discussions
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Commenter cet article
C
les conflits ne sont pas necessaires
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J
Je lance une guerre sainte aux athées sur le web ! Pourrissons leurs sites comme ils pourrissent le web avec leur diffamations !Juifs, chrétiens,musulmans,agissons !
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E
Ben, merci de la proposition mais ce sera sans moi. D'une part, je ne crois pas à la guerre sainte ! D'autre part, là où vous voyez de la diffamation je vois surtout beaucoup d'incompréhension et de méconnaissance et dans ces cas là, je répond tout simplement, sans partir en guerre. Parce que pour moi, celui qui ne pense pas comme moi ne pourrit rien. Enfin, le coup des croyants réunis contre les incroyants, c'est vraiment pas mon truc. Pour moi, ce en quoi je crois est bien plus important que le fait de croire. Alors une humanité divisée entre ceux qui croient et ceux qui ne croient pas, non vraiment, c'est pas ma vision des choses...